Cancer : l’immunothérapie une vraie révolution

L’ASCO est plus grand rendez-vous annuel médical mondial consacré au cancer. Cette année en raison de la crise sanitaire, la rencontre fut « virtuelle ». Les médecins chercheurs du Centre Georges-François Leclerc (CGFL) y participaient. Ils font, pour nous, le point sur l’actualité et les annonces de cette édition atypique.

La qualité de la production scientifique des équipes du CGFL place l’établissement dijonnais au plus haut niveau de la recherche et de l’innovation en cancérologie. Une assertion, illustrée récemment par la sélection par le comité scientifique de l’ASCO – plus grand congrès médical mondial consacré au cancer – de six présentations des travaux du CGFL. Ces projets retenus reflètent la diversité des cancers pris en charge au centre : sein, prostate et autres cancers urologiques, poumon, peau et sarcomes, gynécologiques et enfin les cancers digestifs. S’agissant de ces derniers, le projet Meditreme du professeur François Ghiringhelli a eu l’honneur de faire partie des rares communications orales sélectionnées lors de ce grand rendez-vous annuel, qui cette année, en raison du Covid-19, fut « virtuel ». On retiendra notamment de cette édition, que se dessine, dans le cas du cancer du sein, une médecine de plus en plus personnalisée. « Celle-ci résulte d’une meilleure compréhension des tumeurs (grâce notamment à l’apport de la biologie moléculaire) et des mécanismes de résistance aux nouveaux traitements (thérapies ciblées et immunothérapies). Cela permet de définir (en fonction du profil de la tumeur) les patients qui répondront le mieux à ces traitements et d’offrir à chacun la meilleure combinaison de traitements possible pour une efficacité optimale », précise le CGFL.

CHIMIOTHÉRAPIE ET IMMUNOTHÉRAPIE EN DUO

Dans les cancers de la vessie, une avancée majeure vient bouleverser la prise en charge (la même depuis 30 ans) des patients atteints de ce type de cancers : désormais, une chimiothérapie de plus courte durée est administrée puis relayée par une immunothérapie – traitements basés sur la réactivation du système immunitaire – en « entretien » permettant de limiter largement les toxicités de la chimiothérapie, et qui plus est d’augmenter la survie globale. Ces résultats amènent à modifier les pratiques médicales et la prise en charge de ces patients. Immunothérapie encore avec le mélanome, cancer le plus grave des cancers de la peau, où cette méthode thérapeutique a fait la preuve de son efficacité et renversé le pronostic de nombreux malades. Le CGFL dispense depuis dix ans ce type de traitements grâce à son unité de phase précoce dont il est seul centre labellisé dans tout le Grand Est. La nouveauté réside dans l’efficacité de ces thérapies sur la durée : 70 % des patients répondent favorablement et à long terme, jusqu’à disparition de la maladie, pour certains : un gain de chances et de qualité de vie. Dans les cancers gynécologiques, et plus particulièrement les cancers de l’ovaire, l’immunothérapie seule n’est pas la plus efficace. Des études visant à combiner différents anticorps pour bloquer le développement de la tumeur, ouvrent des perspectives prometteuses dans cette pathologie. Le cancer du côlon, deuxième cancer le plus meurtrier dans le monde, est lui aussi concerné par les avancées sur l’immunothérapie. Dans les tumeurs rares du colon (métastatique de type MSI = 4% des cancers colorectaux), celle-ci devient le nouveau standard et vient prendre la place de la chimiothérapie en démontrant une survie prolongée des patients et probablement des guérisons. Lancée en 2019 par le CGFL, l’étude Meditreme, dont les premiers résultats sont prometteurs, s’est intéressée à des malades atteints d’un type de cancer du côlon MSS qui représente la majorité des cas avec 96 %. Ces derniers ont été traités par chimiothérapie standard associée à deux médicaments d’immunothérapie afin de favoriser la réponse immunitaire contre la tumeur. Sur les 16 premiers malades de l’étude, il a été observé un fort taux de patients répondeurs et une forte induction de la réponse immunitaire anti-tumorale. Ces données semblent valider le concept que des associations de chimiothérapies et d’immunothérapies peuvent être efficaces sur ce type de maladie. De plus, cette combinaison semble apporter un meilleur confort de vie aux patients en limitant le temps de traitement sous chimiothérapie.