Brexit : enfin un accord !

Au terme de plus de dix mois de très intenses tractations l’Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus le 24 décembre à un accord sur leurs futures relations commerciales. Le soulagement est palpable des deux côtés de la Manche, car l’accord permet d’éviter un « no deal » aux effets potentiellement destructeurs pour les économies européenne et britannique.

Quatre ans et demi après avoir choisi, par référendum, de quitter l’Union européenne, et avoir formellement quitté l’Union européenne le 31 janvier 2020, Londres est sortie de l’union douanière et du marché unique européens le 1er janvier 2021, mettant ainsi un terme à un mariage de raison qui aura duré quarante-sept ans.

L’accord dont les derniers détails ont été négociés en lien direct avec les capitales des 27, doit à présent être officiellement validé par les États membres. Il ne sera à ce stade, juridiquement que »provisoire », pour permettre son entrée en vigueur dès le 1er janvier. Pour être définitif, il devra être validé par le Parlement européen, ce qui ne sera possible que début janvier, mais personne n’imagine les eurodéputés le remettre en cause.

Les députés britanniques ont été convoqués le 30 décembre pour débattre de la législation donnant effet dans la loi britannique à l’accord conclu avec l’UE.

Au fil d’un texte de près de 2.000 pages, un compromis a péniblement été dessiné, y compris sur la pêche. Un terrain d’entente a aussi été trouvé sur la question la plus lourde pour l’avenir, celle des conditions équitables de concurrence, où les 27 redoutent un dumping britannique. Londres a obtenu la liberté de diverger des règles européennes et un mécanisme complexe d’arbitrage et de sanctions a été négocié. Toutefois seule l’expérience permettra d’en éprouver la solidité et la fiabilité.

Avec cet accord historique, l’UE offre à son futur partenaire commercial un accès inédit à son marché de 450 millions de consommateurs, sans quotas ni frais de douane. En contrepartie, le Royaume-Uni devra respecter toute une série évolutive de normes sociales, fiscales environnementales visant à garantir la sécurité des consommateurs continentaux et à assurer une juste concurrence entre les deux rives de la Manche.

Dans le cadre de l’accord post-Brexit, les Européens se sont engagés à réduire de 25 % leur pêche en valeur pendant une période de transition allant jusqu’en juin 2026 pour continuer à avoir accès aux eaux territoriales britanniques, un enjeu majeur pour l’industrie de la pêche. Après cette période de cinq ans et demi l’accès aux zones sera renégocié annuellement.

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est de son côté félicité d’avoir conclu le « plus grand accord commercial à ce jour » avec l’Union européenne, affirmant que la Grande-Bretagne avait repris le contrôle de ses frontières, de sa législation et de ses zones de pêche. La présidente de la Commission européenne UrsulaVon der Leyen a déclaré que « Cet accord est bon, juste et équilibré pour chaque partieIl marque l’aboutissement d’un long voyage », tout en saluant le « professionnalisme » et « l’endurance » de Michel Barnier et de l’équipe qui a négocié cet accord ces neuf derniers mois. Dans cette épreuve, les 27 ont manifesté une unité sans faille et la défense du marché unique a servi de principe unificateur. Le Brexit met en lumière la puissance que peuvent avoir les 27 dans l’unité.