Antabio reçoit 4 M€ de Carb-X

Grâce à cette subvention, la société biopharmaceutique entame une nouvelle phase. Le traitement contre Pseudomonas aeruginosa sera bientôt testé chez l’animal.

La société Antabio, basée à Labège, spécialiste du développement de nouveaux traitements contre les infections multirésistantes, classées prioritaires par l’OMS a atteint son premier jalon avec Carb-X, le partenariat public-privé global à but non lucratif dédié à la lutte contre la menace mondiale croissante des bactéries résistantes aux antibiotiques. Ce succès s’accompagne du versement de la deuxième tranche de subvention s’élevant à 4 M€. Ce financement a pour objectif de soutenir les prochaines étapes du développement du médicament pour le traitement des infestions à Pseudomonas aeruginosa chez les patients atteints de mucoviscidose. « Notre objectif est d’améliorer notre programme PEi jusqu’à la fin des études précliniques non-GLP, qui incluent des tests sur des animaux avant l’entrée en phase 1, chez l’homme, normalement prévue d’ici trois ans », explique Marc Lemonnier, qui a fondé Antabio en 2009.

Aujourd’hui, la mucoviscidose touche environ 70 000 personnes dans le monde, surtout dans les pays occidentaux, et plus de 6000 patients en France. 200 enfants naissent chaque année avec cette maladie orpheline, qui engendre des lésions pulmonaires progressives et entraîne des infections chroniques. Grâce aux progrès de la recherche, l’espérance de vie moyenne d’un patient est passée à 40 ans, contre cinq en 1960 .

PHASE DE TEST CHEZ L’ANIMAL

La start-up planche ainsi sur le développement d’une molécule qui frapperait la bactérie Pseudomonas aeruginosa, aujourd’hui résistante aux antibiotiques, et qui sévit chez plus de 80 % des patients atteints de mucoviscidose. « Pour l’instant, nous n’en sommes encore qu’au début, mais les données sont prometteuses », avance le PDG, avant de poursuivre, « ce nouveau financement va ainsi permettre d’augmenter la production des molécules nécessaires pour les tests et d’optimiser la formulation chimique afin de parvenir à un stade final prêt à être testé chez les patients. L’objectif est de bien comprendre le comportement de cette molécule chez l’animal afin d’obtenir des données et d’établir la dose et la fréquence d’administration chez l’homme ». Plus précisément, le programme PEi développe un produit inhalé, qui viendra en complément des traitements déjà existants, et cible précisément l’élastase LasB, un déterminant clé de la virulence bactérienne.

Dans un second temps, Antabio s’attellera à la recherche de partenaires afin de nouer des accords de licence et déployer le médicament sur le marché mondial. Par ailleurs, Antabio, qui compte aujourd’hui une vingtaine de salariés dont neuf chercheurs, et collabore avec de nombreux laboratoires, hôpitaux et sous-traitants, souhaite créer une synergie avec la communauté de la recherche contre la mucoviscidose, notamment toulousaine, afin de mieux comprendre le besoin des patients.

Au total, l’entreprise biopharmaceutique a levé 35,6 M€ pour développer ses trois programmes. En 2013, le Wellcome Trust lui a notamment donné du souffle en apportant 5 M€ au projet MBLi qui cible des infections nosocomiales très sévères, telles que des entérobactéries productrices de New Delhi métallo-béta-lactamase dont des souches se propagent rapidement en Asie. Le besoin médical étant urgent, Antabio envisage de nouer des partenariats en Chine dans les deux prochaines années pour tenter d’enrayer ce fléau. En parallèle, la société travaille sur un troisième programme, baptisé SBLi qui s’attaque à des pathogènes à gram-négatif, rencontrés dans le milieu hospitalier, résistant à toutes les familles d’antibiotiques, et considéré comme prioritaire par l’OMS.

À l’échelle mondiale, Antabio est l’une des rares entreprises à avoir obtenu deux financements du Wellcome Trust et la seule en France à avoir attiré le regard de Carb-X. « Dans notre milieu, bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à chercher des solutions mais nous parlons davantage d’écosytème, car il faut proposer différentes options aux patients », conclut le pdg.