8 800 emplois perdus dans la filière aéronautique

L’Insee Occitanie a présenté son bilan 2020 le 9 avril dernier. La région souffre particulièrement des effets de la crise.

L’heure du bilan a sonné concernant le sort des emplois de la filière aérospatiale. La crise a, sans équivoque, provoqué un trou d’air dans les secteurs industriels du territoire Grand Sud- Ouest.

Sans surprise, l’emploi dans le secteur de l’aéronautique accuse un fort recul lié à la pandémie, selon l’étude publiée le 9 avril par l’ Insee Occitanie. En 2020, dans les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, les entreprises de la filière aéronautique et spatiale ont perdu au total 8 800 emplois, sans compter les intérimaires, ce qui représente une baisse de 5,5 % de leur effectif. L’Occitanie, très dépendante de ce secteur, paye un plus lourd tribut que la région voisine, avec 6 250 emplois en moins. Ce chiffre dépasse d’ailleurs celui des emplois créés en 2019 dans cette filière, qui s’élevaient à 5 500 postes.

Après une nette progression tout au long de l’année 2019, l’emploi s’est stabilisé au premier trimestre 2020, puis a fortement chuté à partir du deuxième trimestre, conséquence directe du confinement du printemps qui a mis sur pause une des filières phares de la région.

De fait, la chaîne d’approvisionnement, qui emploie les trois quarts des effectifs de la filière, a été la plus fortement touchée par les effets de la crise sanitaire et économique avec une baisse d’effectif de 7,5 % tandis que, de leur côté, les donneurs d’ordres semblent avoir mieux tiré leur épingle du jeu, subissant une légère baisse de 0,8 % de leur effectif.

Dans le secteur de l’industrie, qui a perdu près de 4 900 salariés, soit un repli de 4,6 %, la métallurgie arrive en tête des activités les plus impactées avec une perte de 10,9 % d’emplois, soit 2 100 salariés. La maintenance et la construction aéronautique et spatiale, quant à elles, sont davantage épargnées.

Quid du secteur tertiaire ? Les effectifs de la filière baissent de 7,9 %. Pour la filière aéronautique et spatiale, le tertiaire se limite presque exclusivement aux activités informatiques ainsi qu’à l’ingénierie et autres activités spécialisées, scientifiques et techniques. C’est ces secteurs que les effectifs chutent le plus fortement, soit une baisse de 3 000 salariés. Les établissements occitans, où le tertiaire représente ainsi 40 % des effectifs de la filière, subissent l’essentiel de cette baisse avec 2 850 salariés en moins.

UNE SPÉCIFICITÉ OCCITANE

Dans le Grand Sud-Ouest, la région Occitanie souffre davantage du choc de la Covid. La baisse des effectifs est, en effet, plus marquée que celle de la région voisine : une perte de 6 250 salariés soit une baisse 5,7 % en 2020, . La région de la Nouvelle-Aquitaine, quant à elle, atteint un recul de 5,3 %, soit – 2 550 salariés en moins. Du fait de son poids dans la filière, la Haute-Garonne est ainsi le département qui perd le plus grand nombre de salariés (- 4 900), soit une baisse de 5,2 %, suivi du Lot et du Gers. Nonobstant, malgré des pertes d’emplois qui tendent à la hausse et une santé financière appauvrie, les 10 autres départements ont connu une augmentation du nombre d’emplois au quatrième trimestre. Ainsi, la part des demandeurs d’emploi a légèrement reculé en fin d’année 2020 mais son niveau reste toutefois supérieur à celui d’avant-crise, soit une augmentation de 4,6 % en un an.

« Les deux points forts de la région que constituent l’industrie, et la restauration qui accuse une perte de 40% de son CA avec une situation fluctuante au grès des dispositions gouvernementales, sont les secteurs les plus touchés par les effets de la crise sanitaire », précise Caroline Jamet, directrice de l’Insee Occitanie. Outre les 20 000 emplois détruis par la pandémie en 2020, elle pointe une autre problématique : « Tandis qu’il existe toujours une corrélation entre la baisse d’activité à savoir le nombre d’heures rémunérées et la baisse du nombre d’emplois dans les précédentes crises, la situation, cette fois, différente. La baisse d’activité est bien plus forte atteignant 30 % au 1er confinement et 10 % au second confinement. Nous sommes actuellement à 6 %, alors que la baisse d’emplois en 2020 s’établit à 1% ».

Qu’en est-il désormais de l’horizon économique français? Est-il en chute libre ? La croissance repart-elle doucement ? Selon les estimations, à l’échelle nationale, le niveau d’activité est de six points en deçà de la situation économique avant-crise. « La baisse d’activité est d’ailleurs plus forte en Occitanie qu’au niveau national, du fait de ces spécificités sectorielles. Cependant, nous entrevoyons des signes de résilience. Par exemple, les défaillances d’entreprises sont pour l’heure inférieures à l’année 2019. En parallèle, des signes de fragilités se dessinent, notamment en raison de l’effet boomerang des PGE avec les remboursements, ce qui aura des conséquences sur l’emploi dans les mois et années à venir », conclut Caroline Jamet.