6 Mds€ pour un Airbus des batteries

La France s’est lancée dès la fin des années 2000 dans la production de voitures électriques, via la Zoe de Renault, mais les batteries, qui constituent pourtant le nerf de la guerre de cette technologie, demeurent produites à 99 % en dehors de l’Europe, en Asie : Japon (Panasonic, Nissan et Nec), Corée du Sud (LG et Samsung) et surtout Chine. Pour tenter d’enrayer cette suprématie, et après 18 mois de discussions, la France et l’Allemagne se sont mis d’accord pour bâtir ensemble un consortium européen de production de batteries de voitures électriques. Leurs représentants ont promis d’investir entre 5 et 6 Mds€ dans le projet.

Cette somme sera constituée à hauteur de 1,2 Md€au maximum de subventions publiques, auxquelles la Commission européenne a donné son accord de principe, et de 4 Mds€ environ d’argent privé. Pour la première étape, il est prévu la construction d’ici 2020 d’une usine pilote avec 200 salariés en France, puis d’ici à 2023, la construction de deux autres sites, l’un en France et l’autre en Allemagne avec 1 500 emplois supplémentaires à la clé pour chacune. Selon les deux ministres de l’Économie, plusieurs grands groupes européens de l’énergie se seraient positionnés pour intégrer le consortium, dont le pétrolier Total, au travers de sa filiale Saft, spécialisée dans le stockage de l’électricité, et le constructeur automobile PSA ainsi que sa filiale allemande Opel.

Au total, 35 confirmations d’intérêt, provenant notamment de grands producteurs automobiles, auraient été déposées. Malgré ce coup d’accélérateur au projet, il est légitime de s’interroger s’il sera en mesure d’affronter la concurrence chinoise car la Chine représente la moitié des ventes mondiales de voitures électriques et abrite les deux tiers des capacités mondiales de production de cellules grâce au contrôle des matières premières : lithium et cobalt. Seul 1 % de la production mondiale de batteries émane de l’Union européenne, alors que le marché mondial des batteries automobiles pourrait atteindre 45 Mds€ en 2027, dont 20% à 30% en Europe. De leur côté, les groupes asiatiques construisent déjà des usines en Europe dans le but de conserver leur suprématie.