2021, l’année du rebond ?

Le président de la CCI de Toulouse, Philippe Robardey, qui a réuni virtuellement la presse le 14 janvier à l’occasion de la nouvelle année, espère que celle-ci sera synonyme de dynamisme. De son côté, le même jour, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, réunissait également la presse pour un traditionnel échange de vœux. Il a annoncé un accès facilité des TPE à la commande publique.

L’année qui débute sera-t-elle celle du rebond ou du plongeon ? Alors que le gouvernement hésite à prendre de nouvelles mesures plus contraignantes pour endiguer une épidémie qui progresse, les conséquences de la crise sanitaire sur le tissu économique local sont bien réelles. En témoignent notamment la multiplication des plans sociaux dans le secteur aéronautique – plusieurs dizaines de PSE sont en cours de négociation à l’échelle de la région – et une hausse du taux de chômage en Haute-Garonne (+2 points sur le troisième trimestre 2020, à 8,9 %). Et si le nombre de procédures collectives a reculé de 40 % l’an dernier, il pourrait fortement progresser dans les prochains mois. C’est en effet à l’échéance du premier semestre 2021 que « les conséquences de la crise sanitaire se feront réellement sentir », a indiqué Philippe Robardey, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse (CCIT), qui le 14 janvier, présentait ses vœux à la presse.
De fait, la crise économique induite par la situation sanitaire n’a pas fini de produire ses effets. Selon les secteurs, un retour aux niveaux d’activité de 2019 ne devrait pas se produire avant 2022, voire 2025. Le président de la CCIT assure que la cellule de crise mise en place dès la mi-mars 2020 pour accompagner les entreprises, restera en service « tant que la situation économique l’exigera ». 

Depuis le 13 mars dernier, 8 200 entreprises ont ainsi pris contact avec les services de la chambre pour obtenir des informations sur les dispositifs d’aides existants (fonds de solidarité, aides régionales, etc.). Un tiers de ces appels émane d’entreprises du secteur de l’hôtellerie-restauration et un autre tiers des commerces et entreprises de services fermés administrativement. 

En Haute-Garonne, près de 45 600 PME ont ainsi bénéficié des différents fonds de solidarité. Plus de 147 000 aides ont été débloquées pour un montant global de 266 M€. Le site internet d’information, développé par les équipes de la CCI de Toulouse et dédié aux dispositifs d’aides, reçoit de l’ordre de 12 000 visites par semaine. En parallèle, 11 600 entreprises du département ont été contactées par la cellule d’appels sortants créée au sein de la chambre pour s’assurer qu’elles utilisaient bien la batterie d’aides mise à leur disposition. 486 entreprises ont également été sensibilisées aux mesures du plan de relance mis en place par le gouvernement tandis que 768 commerces administrativement fermés ont été contactés pour les encourager à développer une boutique en ligne. « Bref, résume Philippe Robardey, malgré la crise, la CCI a, continué à assumer sa mission de premier interlocuteur des entreprises ». 

ANNÉE NOIRE 

La chambre, qui voit ses ressources se réduire d’année en année, entend rester mobilisée. « Nous avons peu de visibilité sur l’année qui débute. Aussi nous allons continuer à nous adapter et à maintenir le lien de proximité avec nos ressortissants », explique-t-il. Plusieurs salons dont certains n’ont pu avoir lieu l’an dernier sont programmés cette année, tels le Siane, Serviciz ou encore la Nuit de l’orientation. 

La situation économique ne remet pas non plus en cause les projets ambitieux portés par TBS, l’école de commerce affiliée à la CCI de Toulouse, qui a entrepris la construction de deux nouveaux campus à Barcelone et Toulouse, a assuré par ailleurs Philippe Robardey. Si la construction du nouveau bâtiment dans la capitale catalane a pris du retard, il devrait bien être opérationnel en 2022. À Toulouse, le nouveau campus, qui doit regrouper à Campans-Caffarelli, la totalité des formations dispensées par la business school – projet dont le coût est estimé à 125 M€ – devrait voir le jour en 2025 et non plus en 2023 comme initialement prévu. « La promesse de vente portant sur le foncier devrait être signée entre TBS et Toulouse Métropole d’ici la fin du mois de janvier », a précisé Philippe Robardey. 

Le président de la CCI de Toulouse a également reconnu que l’aéroport Toulouse Blagnac (ATB), dont la chambre est actionnaire à hauteur de 25 %, avait connu « une année noire », enregistrant un recul de 70 % de son activité. ATB a, en conséquence, revu à la baisse son plan d’investissement, pluriannuel, ramené à 135 M€ sur la période 2022 à 2027. Ces coupes budgétaires impactent en priorité « les projets d’extension », a ajouté Philippe Robardey, les investissements de sécurité ainsi que ceux liés à la réfection de la piste étant maintenus. Par ailleurs, ATB a signé un accord d’activité partielle de longue durée avec les syndicats au mois de septembre dernier. Il couvre une durée totale de 24 mois pouvant s’étendre jusqu’à 36 mois, l’aéroport s’engageant à ce que le taux d’activité moyen individuel soit au minimum de 60 %. Cet accord, indique la CCI, concerne la totalité du personnel de l’entreprise soit un peu plus de 300 personnes. 

SMALL BUSINESS ACT 

De son côté, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, se pliant lui aussi, le 14 janvier dernier, à la traditionnelle séance de vœux à la presse, a affirmé sa volonté d’agir sur l’emploi via « le levier de la commande publique ». Il a ainsi rappelé le « maintien des projets », et, compte tenu du coût élevé de la crise sanitaire pour la mairie de Toulouse, la métropole et Tisséo – évalué à 170 M€ en 2020 et autant sur les années 2021 et 2022 – la nécessité de « leur étalement dans le temps ». 

L’élu a par ailleurs indiqué sa volonté de « conforter l’accès des TPE aux marchés publics d’un montant inférieur à 80 K€ HT », grâce notamment à « une simplification des procédures et un allégement des formalités de publicité », en complément du « Small business act à la toulousaine » instauré en 2015. 

Deux grands chantiers sont particulièrement visés : la troisième ligne de métro « lorsque les travaux de génie civil vont démarrer fin 2022 » et celui de « la rénovation énergétique massive » qui pourrait concerner « 7 000 logements par an ». Selon l’élu toulousain, ces chantiers pourraient entraîner la création respectivement de 24 000 et 1 700 emplois.