Delin nourrit une ambition solide

Sur le site de Gilly, construit en 2014, tout le process de fabrication est très contrôlé, du remplissage des cuves pour le lait au stockage des fromages. De l’usine de Gilly-lès-Cîteaux, 1 800 tonnes de fromages sortent chaque année. 80 personnes travaillent à Gilly. (Photos : JDP)

Nouveaux produits, sites agrandis et mis aux normes, croissance externe… La Fromagerie Delin se développe selon différents axes et adopte l’envergure d’un acteur de premier plan du secteur agroalimentaire régional.

S’il fallait un seul exemple du développement de la fromagerie Delin, ces dernières années, celui-ci suffirait: l’usine de Gilly-lès-Cîteaux, récente puisque construite en 2014, est aujourd’hui saturée. Quatre vingts personnes y travaillent au quotidien et si l’outil, moderne, n’est, en lui-même, pas en cause, c’est la place qui manque. Et c’est ce qui explique que d’importants chantiers sont lancés, ou en prévision, au sein d’une entreprise qui regroupe plusieurs entités. Si l’on fait un tour d’horizon, il nous emmène d’abord du côté de Nuits-Saint-Georges. C’est là que Delin vient de mettre la dernière main à la construction d’une extension de 1 500 mètres carrés s’ajoutant aux 1 000 pré-existants sur un site acquis il y a quelques années. « Cette extension, précise le dirigeant de l’entreprise, Philippe Delin, a pour but, notamment, de nous permettre de faire de l’aromatisation. Nous le faisions déjà, sur le site “historique” de l’entreprise, à Gilly, mais celui-ci a brûlé en 2016 ». Le but était aussi de mettre le site de Nuits aux normes International food standard (IFS). Sur place, trois lignes de conditionnement ont été recréées, notamment pour produire des « billes » de fromage apéritives sous la marque « Plaisir de Bourgogne». Le tout représente un investissement de 3 millions d’euros. Pour Philippe Delin, la croissance de l’entreprise doit reposer sur des axes raisonnés et diversifiés.

Projetons-nous sur l’année en cours et 2020 : là, Delin prévoit la construction d’une nouvelle unité de production pour la fromagerie de Chevillon, en Haute-Marne, près de Saint-Dizier, acquise en 2007. Un site qui emploie 10 salariés et travaille beaucoup pour l’export. L’investissement, de 3 millions d’euros, est justifié, là-aussi, par un besoin de mise aux normes et il doit déboucher sur un triplement de la production.

IMPLANTATION FRANC-COMTOISE

Encore un peu plus loin dans le futur, sans doute d’ici deux ans, d’autres projets de travaux concerneront la fromagerie de Juchy, à Lizines, en Seine-et-Marne, près de Provins, reprise en 2015 et qui fabrique des Brillat-Savarin au lait cru en Indication géographique protégée (IGP) et du Brie de Melun en Appellation d’origine protégée (AOP) (5 salariés). Le tableau ne serait pas complet si l’on omettait de citer la reprise de la fromagerie de Montbéliard, dans le Doubs, que Delin finalise. « Il s’agit en fait de la reprise de deux sociétés, précise Philippe Delin : une fromagerie et un magasin. Nous allons y implanter un atelier de production de Morbier et de raclette, mais nous avons aussi le projet de reconstruction d’un site de 20 000 places d’affinage pour des Morbiers, ainsi qu’un atelier de pâtes molles que nous devrions concrétiser d’ici deux ans. S’implanter dans cette région est symbolique à plus d’un titre pour nous : c’est dans la ferme qui abrite la fromagerie qu’est née la race montbéliarde, officiellement enregistrée en 1825… C’est une manière de nous inscrire plus profondément en Bourgogne Franche-Comté ».

Par ailleurs, dans quelques jours, Delin va lancer sur le marché un lait Ultra haute conservation (UHT) de Bourgogne Franche-Comté qui s’inscrit dans le souci global de mieux rémunérer les producteurs. Ce lait sera ainsi payé plus de 400 euros les 1 000 litres, contre 330 euros en moyenne nationale. Une volonté qui apparaîtra clairement sur le packaging de ce lait. L’entreprise travaille également sur un lait produit par des vaches qui ne consommeraient pas d’OGM et sur des raclettes et tommes bio, qui pourraient être commercialisées l’an prochain. Le bio, c’est aujourd’hui 10 % du chiffre d’affaires de Delin.

En chiffres
22 millions d’euros : le chiffre d’affaires global de la fromagerie Delin et de toutes ses composantes. Les sites de Gilly-les-Cîteaux et de Nuits Saint-Georges réalisent à eux seuls 18 millions d’euros.
110 : l’effectif salarié total de la société.
20 : le nombre de producteurs laitiers avec lesquels la fromagerie travaille. Ils se trou- vent en Côte-d’Or, dans le Jura, en Saône-et-Loire et dans le Doubs.
1 800 tonnes : c’est la quantité de fromage produite annuellement par Delin à Gilly, à quoi s’ajoutent 550 tonnes de la fromagerie de Chevillon (52) et 100 tonnes de celle de Juchy (77).