Patricia AubletDéfenseuse d’une nouvelle donne

Nouvelle directrice de la transition sociétale au sein de TBS, cette entrepreneuse dans l’âme, fortement engagée dans l’économie sociale et solidaire, œuvre pour l’importance du collectif et ne cesse d’accompagner des projets dans une démarche RSE.

La responsabilité sociétale et environnementale devient de plus en plus prégnante dans la conscience collective, surtout après la tornade Covid-19 qui a ébranlé le monde économique. Cette notion, à savoir comme le définit Patricia Aublet, nouvelle directrice de la transition sociétale au sein de TBS, « la capacité d’une organisation à répondre aux enjeux économiques, sociaux et sociétaux pour se développer durablement », est destinée à prendre de l’ampleur.

À 48 ans, cette Toulousaine d’adoption intervient comme point d’ancrage pour favoriser la continuité de la démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) au sein de l’institution occitane. Cette direction a pour vocation d’impliquer davantage les différentes parties prenantes dans la stratégie de développement durable et la RSE : gouvernance, étudiants, enseignants-chercheurs, collaborateurs et entreprises partenaires. En d’autres termes, il s’agit d’irriguer de façon transverse l’ensemble des actions de TBS pour répondre aux enjeux en matière de RSE et, à terme, de contribuer aux 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU. « Le but est d’aligner les actions avec les défis de demain dans la durabilité et avec cohérence. Cette direction dédiée est une vraie victoire, se réjouit-elle. Le monde dans lequel nous évoluons est en crise depuis plus de deux décennies. Il faut donc réfléchir différemment pour avancer et replacer l’humain à sa juste place dans l’écosystème et pas au-dessus. » L’une des priorités pour TBS est, d’une part, de faire monter en compétences les apprenants et les étudiants pour « manager le monde de demain et repenser les socles établis du monde avant Covid » et de se confronter à un des challenges qui est la mobilité, car TBS, comme bon nombre d’écoles et d’entreprises, s’inscrit dans une dimension internationale. « La problématique est de résoudre l’équation : mobilité, international et réchauffement climatique », relève la responsable. L’école a également mis en place un certificat d’excellence depuis cette rentrée mouvementée. « Tous les étudiants doivent, par exemple, suivre la Fresque du climat, une initiative ouverte aux entreprises et aux citoyens qui fonctionne bien depuis sa création l’an dernier, et qui consiste à comprendre les causes et les conséquences du changement climatique. Nous programmons aussi en novembre des Assises nationales étudiantes du développement durable (Anedd) ponctuées d’ateliers, d’échanges avec les entreprises partenaires, de conférences, etc. Dans leur cursus, les étudiants planchent aussi en groupe sur une problématique RSE issue d’une entreprise choisie ou partenaire. L’objectif est d’engranger un maximum de connaissances autour de cette notion. Je suis convaincue que la pédagogie peut être créatrice de valeur au-delà de la valeur attendue d’une formation », souligne celle qui copréside, en parallèle, le label DD RS de l’enseignement supérieur depuis 2019. Une trentaine d’écoles et d’universités ont ainsi reçu le sésame. Ce label, doté de 72 variables, devrait prochainement s’ouvrir aux laboratoires de recherche. « Les entreprises doivent cocher un certain nombre de critères mais surtout démontrer une certaine homogénéité dans leurs actions. Le but de ce label est de faire état de leur maturité en matière de RSE et de les inciter à aller plus loin dans leur démarche. »

Malgré la complexité et l’exigence que requiert la RSE, Patricia Aublet n’en est pas à son coup d’essai. En plus d’être aux manettes de la transition sociétale de TBS, qu’elle a intégrée en 2015 d’abord en tant qu’enseignante puis prestataire et ensuite salariée, pour conduire l’école vers le label et porter la mise en œuvre de projets à impact positif, elle travaille au sein de l’association Synethic qui propose un programme d’accompagnement destiné à structurer et évaluer l’engagement sociétal des TPE-PME du territoire toulousain, à travers le dispositif Agil’t – lancé par Toulouse Métropole et co-piloté par la Chambre de commerce et d’industrie de Haute-Garonne et la Chambre des métiers et de l’artisanat. « Nous organisons des ateliers collectifs sur des thématiques comme le transport, le recyclage, etc. Nous avons accompagné, pour l’instant, une cinquantaine d’entreprises en région et le modèle est en train de se dupliquer. En marge, j’ai contribué à un projet en lien avec la préfecture afin d’accompagner les entreprises qui souhaitaient s’engager envers les quartiers populaires de la ville, par exemple auprès des jeunes. Nous avons aussi lancé l’initiative À croquer, en partenariat avec des producteurs locaux afin de proposer des corbeilles de fruits aux entreprises, des ateliers de jardinage et des projets d’agroforesterie », souligne la quadragénaire.

Comme si cela ne suffisait pas, cette mordue de l’entrepreneuriat fortement engagée dans l’économie sociale et solidaire, continue aussi d’intervenir pour Pur Projet qu’elle a co-créé en 2008 avec Tristan Lecomte, un de ses anciens collaborateurs, le cofondateur d’Alter Eco. Pur projet est ainsi un opérateur qui aiguille les entreprises dans l’intégration de la problématique du climat au cœur de leur chaîne de valeur, afin de régénérer, dynamiser et préserver les écosystèmes. Pour l’heure, cette entreprise sociale regroupe plus de 80 projets à travers 38 pays. « Grâce notamment à l’agroforesterie, la préservation de l’environnement et les pratiques agricoles durables, nous aidons les entreprises à sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Nous montons des projets en plantant des millions d’arbres en vue de préserver la flore. Ainsi, j’accompagne les entreprises dans ce changement », indique la passionnée. À travers l’ensemble de ces projets, elle embrasse ainsi une vision à 360°. « À TBS, je suis aux manettes, pour Synethic, j’accompagne des gens comme moi et au sein de Pur projet, j’aide à créer des projets pour que la RSE devienne une réalité. Cela me permet de comprendre les contraintes en fonction des rôles et des publics et de faire des connexions plus vite », sourit l’experte. Un sujet qui motive cette mère de trois enfants et l’anime depuis le début de sa carrière même si elle s’en est parfois écartée. À l’aube de la quarantaine, elle décide de tracer son chemin avec des projets qui font alors sens pour elle et met au centre de sa fiche professionnelle l’importance de l’impact des projets auxquels elle contribue.

Cette conscience pour des initiatives sociétales, elle l’a intégrée rapidement après une brève incursion à la cour d’appel de Versailles. Cette juriste de formation et addict aux voyages, qui a fait le tour du monde, vit alors une belle aventure au sein d’Alter Eco. Pendant quatre ans, elle développe le commerce équitable « avant que cela ne devienne une marque, explique-t-elle. Nous avons testé l’ouverture de deux boutiques à Paris, etc. C’était une expérience très enrichissante avec de vrais piliers sociaux et économiques. Un des enjeux était que le commerce équitable possède sa part de marché tout autant que le bio et pèse sur le marché traditionnel. J’ai eu beaucoup de chance d’être sensibilisée à ces enjeux et cela m’a montré à quel point nous pouvions finalement agir quand on est conscient des problématiques ». Une leçon de vie qu’elle partage aujourd’hui.

Elle quitte Paris pour la Ville rose et intègre le groupe Décathlon en tant que responsable « univers » où elle apprend l’importance du management par la responsabilisation. « Le meilleur management, ce n’est pas le bâton et la carotte mais la motivation et le plaisir », pointe-t-elle. Puis, elle est chassée par un ancien du groupe Décathlon et devient directrice régionale des magasins La Halle pour le compte de Vivarte. Une expérience écourtée. « Autant l’enseigne Décathlon défend le sport pour tous et est très engagée dans une démarche RSE, autant Vivarte n’avait pas les mêmes ambitions. J’ai donc fait le choix de partir ».

Comme l’inactivité ne fait pas partie de sa personnalité, elle décide de créer le magazine Optimome avec une amie. « J’étais enceinte de mon troisième enfant. Et je me suis souvenue qu’une de mes cousines regrettait que le Pariscope n’existe pas pour les familles. L’idée du magazine était donc de recenser toutes les activités avec un enfant de moins de 12 ans et de le distribuer gratuitement dans toute la ville. J’ai ensuite voulu dupliquer le modèle ce qui n’était pas la volonté de ma cofondatrice. Mais ce fut une belle aventure ». Elle attrape alors au vol une autre opportunité pour devenir directrice des ventes chez Adecco pendant quatre ans avant de se rapprocher de TBS.

Cette quadra a, au cours de son adolescence, suivi un cursus sport-études, pratiqué le handball en compétition et rêvait de devenir magistrate. Quel est donc le dénominateur commun entre l’ado et la femme d’aujourd’hui ? Défendre ses convictions et jouer collectif. « Le désir d’entreprendre ensemble et d’avancer est la clé. En tant qu’entreprise, se questionner sur sa raison d’être, sa création de valeur, ses impacts sociaux et environnementaux paraît, aujourd’hui, inévitable surtout après ce que nous venons de vivre. Mais au sein des organisations, il semble y avoir un phénomène d’accélération », conclut-elle.

Parcours

1972 Naissance à Carcassonne
1996 Titulaire d’un DESS sciences politiques, droit des affaires. Elle cofonde Alter Eco un an plus tard afin de mettre en place le commerce équitable
2000 Devient responsable « Univers » chez Décathlon
2006 Crée le magazine Optimome avec une amie
2008 Cofondatrice de Pur Projet
2013 Intègre l’association Synethic pour faciliter des démarches RSE au sein des entreprises et des institutions
2019 Copréside le label DD RS de l’enseignement supérieur
2020 Devient directrice de la transition sociétale au sein de TBS