Coach dijonnais, il développe une approche de son métier qui fait beaucoup appel au regard décalé, si besoin, en ayant recours à des outils ou des supports atypiques, tels que le sport ou le cinéma.
Sur sa carte de visite figure la mention suivante : « Maison sérieuse fondée en 1969 ». Nous ne sommes pas chez un fabricant de pain d’épices, chez un ébéniste ou un plombier. Non, la carte en question désigne Stéphane Viglino, coach, conférencier, pédagogue, et 1969, c’est… son année de naissance. D’entrée, notre homme du jour démontre un talent certain pour détourner quelques codes et ça nous va plutôt bien ! D’autant que sur cette carte, décidément riche en informations, figurent trois autres critères bien dans l’air du temps : on y parle production locale avec « des interventions conçues totalement sur mesure », engagement artisanal avec « de l’énergie, de l’enthousiasme et de la joie de vivre », et enfin respect de l’environnement par « une écoute active, de la bienveillance et de la transparence ». Soyons clair : il y a dans tout cela une bonne dose de second degré, mélangée à une approche à la fois innovante et tout à fait sérieuse du métier de coach. Et c’est bien la raison pour laquelle Stéphane Viglino a éveillé notre intérêt.Vous le retrouverez d’ailleurs régulièrement dans nos pages autour d’une proposition alléchante : parler du management autrement. Ce professionnel nous apportera, par le biais de contributions écrites, sa vision d’un management renouvelé par des voies parfois aussi inattendues que la préparation mentale, du type de celle qu’on trouve déjà pour les sportifs, ou en s’appuyant sur des films à succès…
SPECTRE LARGE
En attendant, faisons donc plus ample connaissance avec un homme au parcours dans lesquels les virages n’ont pas manqué. Il a créé sa société S.Vi (se) manager autrement, en 2012. « J’ai créé cette société, précise-t-il, parce que, lorsqu’un management pose problème dans une entreprise, quelle que soit la nature du problème, je me demande si la clé, ce n’est pas de s’y prendre autrement, de changer son angle de vue. Mon approche n’est pas forcément révolutionnaire, mais elle ouvre sur la possibilité de tenter d’autres pratiques ».
Que ce soit pour des entreprises ou des individus, il se positionne avant tout comme un accompagnateur. Cela passe par du coaching, individuel ou collectif, du conseil, de la formation « tout ce qui peut permettre de faire bouger une situation figée ». À cela s’ajoute une dimension pédagogique : Stéphane Viglino enseigne au sein de la Burgundy school of business (BSB) et pour le compte de l’université de Bourgogne, auprès des étudiants de l’Institut d’administration des entreprises (IAE). « Mon travail, ajoute-t-il, me permet d’œuvrer auprès d’un public très large : des dirigeants, des cadres, des assistants, des étudiants. Ce spectre large est à mes yeux très important parce qu’il me permet de piocher dans la grande diversité des profils auxquels je suis confronté. Cela nourrit mon travail d’accompagnement. Je n’ai jamais voulu me spécialiser dans un domaine ou une problématique particulière. Je trouve qu’être accompagné par quelqu’un qui se confronte à des réalités très diverses, c’est plutôt une bonne chose». Ces réalités, Stéphane Viglino les a aussi puisées dans un passé professionnel riche d’une vingtaine d’années passées dans de grandes entreprises. C’est là qu’il a travaillé dans les secteurs de la stratégie, du marketing et de l’innovation. À son arrivée à Dijon, il y a un peu plus de 20 ans, il est salarié par Amora Maille où il développe les marques. Il fera ensuite de même pour le compte des produits d’hygiène Petit Marseillais. Tout cela a forgé chez lui un profil marqué par la communication entre les gens. Un profil qui lui sert aujourd’hui, mais qu’il enrichit par des approches très singulières. «Lorsque je me suis mis à mon compte en 2012, se souvient -il, je ne voulais pas arriver sur ce marché du coaching uniquement avec mon passé et ma “bonne tête”. Il fallait que je me forme, je suis donc retourné à l’école pendant un an, dans une école privée de coaching à Paris et, en parallèle, à l’université de Bourgogne, en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), pour y préparer un diplôme de coaching et performance mentale ». Le lien qu’il trouve là entre monde du sport et de l’entre- prise le passionne. Il y décèle des sources d’inspiration et de renouvellement très importantes. « C’est d’autant plus intéressant que dire que vous faites de la préparation mentale pour des sportifs, c’est accepté, mais le revendiquer dans l’entreprise, c’est plus compliqué. On vous regarde bizarrement… » Cette préparation mentale, Stéphane Viglino n’en fait pas pour autant un étendard. Ce qui compte d’abord, c’est l’accompagnement plus classique, sur l’assertivité, le leadership, l’amélioration de la communication avec ses collaborateurs.
« Mais si on peut rajouter à tout cela la notion de préparation mentale, dans ce cadre-là, j’apporte une différence, on ouvre des opportunités auxquelles on n’aurait pas forcément pensé au départ ». Signe, peut-être d’une évolution : Stéphane Viglino constate qu’aborder la question des émotions en entreprise est de moins en moins tabou. « L’idée, c’est de disposer de plein d’outils dans l’accompagnement afin d’utiliser ceux qui sont le plus adaptés au contexte. Il ne s’agit pas d’y aller aux forceps, ça ne marche pas. Le parallèle avec le sport m’intéresse parce que, dans tous les cas, on est quand même en recherche d’une efficacité ». Pour illustrer son propos, il évoque la situation d’une personne devant présenter un projet à l’aide d’un Powerpoint : « On prépare ce qu’on doit dire, ses slides, etc, mais, à aucun moment on ne se projette dans le moment. Il faut se voir en train d’agir, un peu à la manière du skieur qui, avant de faire sa course, reproduit mentalement le parcours qu’il va devoir effectuer. Les neurosciences ont prouvé que cette faculté de se projeter, de se voir faire les choses, permet d’être plus performant quand on les réalise vraiment ». Revisiter les pratiques managériales, StéphaneViglino peut aussi le faire en partant de films à succès. C’est, par exemple, aborder la question du management bienveillant en considérant qu’il est démontré dans un film. « Si vous regardez la 7e compagnie, c’est tellement décalé, on se dit qu’on ne peut pas mélanger une question aussi sérieuse que celle du management et une comédie comme celle-ci. Mois je dis : pourquoi pas ? J’ai aussi écrit un texte sur le leadership en m’appuyant sur le film Intouchable. Parfois, utiliser ce type de cheminement amène les gens à une prise de conscience plus évidente sur leur problème ». Au delà du côté amusant de la chose, Stéphane Viglino constate que, bien souvent les personnes qu’il accompagne découvrent aussi qu’elles n’avaient pas abordé leur problématique sous le bon angle. Conduire les gens à changer le regard qu’ils portent sur leur quotidien, n’est-ce pas finalement la meilleure définition du coaching ? Au fait : si vous retournez la carte de visite de Stéphane Viglino, il est indiqué « à suivre… ? ! ». Si vous voulez mon avis, on n’en restera pas là…