Débattre pour sortir des schémas connus

Dominique Bourgois (au pupitre), président du comité régional Action Logement Bourgogne Franche-Comté.

Action Logement a organisé des rencontres territoriales. L’une d’entre-elles s’est tenue à Dijon fin mars. Le but, dans la logique du grand débat national, était de faire émerger de nouvelles approches du logement.

Échanger et proposer des solutions aux enjeux en matière d’habitat et de pouvoir d’achat: tel était l’objectif des rencontres territoriales du logement, initiées par Action Logement partout en France. À Dijon, cette rencontre a eu lieu le 28 mars. « Cela fait suite à l’idée du grand débat national, précise Dominique Bourgois, président du comité régional Action Logement Bourgogne Franche-Comté, dans lequel la question du logement n’était pas traitée. Nous avons considéré que le logement, qui représente 30 à 40% de parts de dépenses dans les revenus des ménages était un sujet suffisamment important pour qu’on organise nos débats». Plusieurs thèmes en lien avec les problématiques du logement ont été retenus : rapprochement entre ruralité et urbain ou péri-urbain, revitalisation économique des territoires par le logement et la construction, dynamisme économique des territoires par le développement de la mobilité professionnelle, pour les alternants et plus largement les personnes en formation. « Action Logement, rappelait Dominique Bourgois, n’intervient que dans le parc social et intermédiaire qui représente 20 % du parc total de logements. Le parc privé ne pouvait pas être mis à l’écart, d’autant plus que sur ces enjeux, nous ne pouvons gagner qu’en équipe. Nous avons donc cherché à rapprocher ces deux familles en nous appuyant sur une lettre de cadrage émanant des instances parisiennes, qui nous a proposé une liste de grandes familles d’acteurs à réunir. Le but étant de faire remonter des idées ». À Dijon étaient rassemblés des acteurs de tout le territoire régional, avec des patrons d’Entreprises sociales de l’habitat (ESH), des offices HLM, des représentants de locataires, mais aussi une personne telle que Jean-François Buet, professionnel dijonnais de l’immobilier et ancien président de la Fnaim au plan national.

« LA QUESTION DE LA PROPRIÉTÉ »

« Pour ce qui concerne la remontée des arguments développés lors de ces rencontres, souligne le président du comité régional, le niveau national d’Action Logement s’est engagé fortement dans un Plan d’investissement volontaire (PIV) de neuf milliards d’euros. On peut donc penser que les remontées des 13 territoires vont permettre d’affiner les cibles de ce PIV. À titre personnel, j’attends de ces débats l’émergence d’idées qui sortent des sentiers battus. Le pire serait de ne raisonner que selon des schémas déjà connus et qu’on oublie de parler d’une chose importante de mon point de vue : la propriété pour tous. Bien sûr, on doit s’interroger sur la manière de devenir propriétaire dans des conditions économiques intéressantes. Cela oblige, par exemple, à s’intéresser à l’obligation d’être propriétaire du sol. N’y a-t-il pas mieux à faire ? »

Pour Dominique Bourgois, la crise des gilets jaunes a au moins le mérite d’obliger à des réflexions d’ensemble. «Nous sommes dans un mouvement de réforme et quand on fait cela, on ne doit pas le faire a minima ». Les échanges dijonnais ont permis notamment de s’intéresser à la capacité de la Bourgogne Franche-Comté d’attirer les compétences et donc d’être en capacité de les loger. « Nous voulons, expliquait Hélène Vallotton, chargée de mission Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales (GPECT) sur le sud Côte-d’Or, développer la colocation et chercher des pistes nouvelles sur le pays beaunois, notamment pour l’hébergement d’intérimaires ». Bernard Streit, dirigeant de l’entreprise Delfingen à Anteuil, dans le Doubs, citait, lui, l’initiative interne permettant l’hébergement de collaborateurs venus du monde entier sur le site du siège de l’entreprise, sous-traitante de l’automobile. Du côté de Saint- Lupicin, dans le Jura, Claude Pecclet, directeur de l’association Soliha, travaille actuellement avec ses équipes à la rénovation d’une friche industrielle afin de proposer des logements à des cadres. À Dole, c’est Grand Dole Habitat qui transforme un foyer de jeunes travailleurs pour y accueillir des intérimaires. Plusieurs participants pointaient également la rigidité de certaines réglementations, empêchant, par exemple, de rénover une ferme pour la transformer en logements, car cela signifie pour le bâtiment un changement de destination… Autant d’idées concrètes illustrant cette capacité à imaginer d’autres formes de logement.