De l’énergie à revendre

Kaled Zourray, PDG de Mint.

Le fournisseur montpelliérain d’énergie renouvelable, Mint, qui a doublé son CA en 2020, affiche de belles ambitions notamment grâce à la société Eoden qui est entrée au capital.

À rebours de nombreuses entreprises qui ont payé un lourd tribut à la crise, le fournisseur montpelliérain d’énergie renouvelable, Mint, a connu une envolée de son CA en 2020, passant de 32M€ à 62M€.

Une progression qui s’explique notamment par la bonne santé financière de Mint Énergie fondée en 2017, une diversification d’activité du groupe qui tend à démocratiser l’utilisation des énergies renouvelables au sein des foyers français. Lauréat du prix Selectrat du meilleur fournisseur d’électricité en 2020 et 2021, Mint Énergie représente actuellement près de 95% du CA de l’entreprise – outre Mint Mobile, l’activité historique, qui croît doucement. « Nous sommes passés de 120 000 clients à la fin de l’année 2020 à 150 000 aujourd’hui. Si la pandémie a impacté le lancement de certains projets, elle a néanmoins contribué à nous propulser davantage sur le marché. En effet, l’émergence du télétravail a entraîné une augmentation de la consommation d’électricité de 5 % en moyenne pour chacun de nos clients. Aussi, les demandes de souscriptions ont explosé passant à certains mois de 4 000 à 10 000. Les familles souhaitent réduire leur facture énergétique. Aujourd’hui, nous constatons plus que jamais une appétence pour l’offre verte car la population devient plus sensible à sa consommation et aux problématiques environnementales », détaille Kaled Zourray, PDG de Mint. L’entreprise vise ainsi 500 000 clients à l’horizon 2024.

MINT MARKET

Le groupe a récemment mis sur la toile, au travers de Mint Market, une plateforme qui regroupe une centaine de produits permettant d’optimiser la consommation d’électricité. « Nous proposions déjà des solutions pour suivre, par exemple, la consommation en temps réel et ainsi mieux la contrôler. Cette nouvelle offre s’inscrit dans l’ADN de Mint Énergie qui participe à la transition énergétique. Pour ce faire, nous collaborons principalement avec des fournisseurs français de chauffage, d’éclairage, etc., et nous avons l’exclusivité sur des panneaux solaires nouvelle génération. Nous prévoyons également d’étoffer le catalogue avec des solutions domotiques ». Après un an de retard et un investissement en R&D qui se chiffre à 200K€, l’entreprise espère séduire 20 % de sa clientèle Mint Énergie composée pour l’heure, principalement de particuliers et de petits entrepreneurs. De fait, Mint entend globalement tisser sa toile sur le marché national, où « il reste beaucoup à faire » et ne mise pas encore sur l’export. « C’est maintenant que tout se joue, relève le dirigeant. Le marché français, pourtant ouvert à la concurrence depuis 12 ans, évolue nettement ces trois dernières années. Il faut donc continuer à s’imposer et faire bouger les lignes. »

Le marché tend donc à devenir plus compétitif dans les années à venir, ce qui pour autant ne paraît pas freiner le déploiement de l’entreprise montpelliéraine, cotée en bourse depuis 2006, surtout depuis que la société familiale montpelliéraine Eoden est entrée au capital début 2020, détenant 60 % des parts. « Cette participation s’inscrit dans une stratégie de développement dans le secteur de la transition énergétique et nous avons vocation à être le navire amiral de cette stratégie en France. De plus, ce rapprochement va nous permettre d’avancer vers des solutions innovantes mais coûteuses ». Ainsi, 6e acteur du marché, derrière les trois poids lourds, Engie, Total Direct Énergie et ENI qui viennent éroder sérieusement les parts de marché d’EDF et enfin ekWateur, Mint vise la 5e place.

Dans sa feuille de route, figurent notamment des projets ambitieux à moyen terme tels que la mobilité électrique, le stockage d’énergie et la production d’énergies renouvelables. Actuellement, le groupe qui collabore avec plusieurs fournisseurs dont 28 % produisent de l’énergie solaire, 4 % de l’énergie hydraulique et 68 % de l’éolien, voit plus loin. « Les énergies renouvelables, qui représentent 30 % de la production totale en France, ne cessent de prendre des parts de marché, indique-t-il. Et pour la première fois, le solaire et l’éolien ont dépassé l’énergie hydraulique ». L’avenir de l’entreprise est également tourné vers plus de biogaz pour son offre gaz. Pour l’heure, d’autres axes se dessinent sur un horizon plus proche, comme le développement des offres vers un marché BtoB et le secteur du tertiaire. « Étant le seul acteur en région, nous visons également le marché des collectivités. Nous finalisons actuellement l’offre qui devrait être opérationnelle d’ici juin ». Autre idée dans les tuyaux, une offre d’énergie de déplacement de consommation dont la commercialisation est prévue pour janvier 2022. « Nous développons un boîtier, en partenariat avec l’entreprise Comwatt, qui permet de déplacer automatiquement les consommations liées au chauffage électrique et au chauffe-eau pendant les heures de faibles demandes sur le réseau. Cette technologie permet de bénéficier de meilleurs tarifs mais également d’éviter la mise en route de centrales carbonées », précise le dirigeant. Estimation du coût de développement : 1 M€. Le groupe envisage, en parallèle, de financer des travaux de rénovation, une offre prévue sur le marché pour l’automne.

Les indicateurs sont donc au vert pour l’entreprise qui fête ses 20 printemps. Forte de 45 collaborateurs, Mint redouble d’efforts pour poursuivre son rythme de croissance et franchir les 100 M€ de CA en 2021.