Dans l’Aube, une seconde vie pour les déchets du BTP

Le concasseur est capable de transformer 500 à 800 tonnes de déchets par jour en matériaux réutilisables.

Alexandre Réaut, entrepreneur aubois a créé deux plateformes de recyclage dans le Barséquanais et propose un service mobile sur les chantiers.

Chaque année, 400 millions de tonnes de granulats sont extraits des carrières françaises pour répondre aux besoins de la filière du BTP, un volume qui représente environ 7 tonnes par personne et par an. Par exemple, la construction d’un logement nécessite 100 à 300 tonnes de granulats et 1 km d’autoroute 30 000 tonnes. Leur extraction « pèse » de plus sur l’environnement car elle modifie les paysages et bouscule la biodiversité. « Il existe une alternative intéressante tant au point de vue économique qu’écologique, c’est le recyclage de proximité des déchets inertes du BTP », rappelle Alexandre Réaut. Ce jeune chef d’entreprise de Courteron, à la tête d’une entreprise de terrassements et travaux publics d’une trentaine de salariés, connaît bien la problématique. Encore trop souvent, les déchets issus par exemple de la démolition de bâtiments ou de travaux routiers ne sont pas recyclés alors qu’ils représentent annuellement 246 millions de tonnes en France. Sous l’effet d’une directive européenne fixant à 70 % le taux de recyclage, la situation s’est améliorée. « Pour aller plus loin dans le recyclage, il faut résoudre le problème du manque d’équipements, notamment dans les zones rurales », ajoute Alexandre Réaut. Ces mêmes zones qui souffrent d’ailleurs d’un autre fléau, celui de la multiplication de dépôts sauvages dans la nature, faute de solutions.

SOLUTION VERTUEUSE

C’est le cas dans le Barséquanais, où le chef d’entreprise aubois a investi 500 000 euros pour créer deux plateformes de recyclage à Bar-sur-Seine et à Gyé-sur-Seine. « Nous avons aussi des machines spécifiques comme un concasseur à mâchoire capable de transformer, par jour, 500 à 800 tonnes de déchets inertes en matériaux réutilisables sur les chantiers », précise Alexandre Réaut.

Une machine « propre », utilisant un moteur thermique pour alimenter une génératrice produisant sa propre électricité, réduisant ainsi sa consommation et les émissions de bruit lorsqu’elle travaille. Un engin monté sur chenilles, capable de travailler sur les deux sites d’accueil de déchets du BTP mais aussi d’être déplacé sur les chantiers de démolition et de travaux publics. Une manière de réduire, voire de supprimer, les transports de matériaux avec les gains induits du point de vue financier et environnemental. « Nous nous déplaçons sur les chantiers de l’Aube et des départements limitrophes », ajoute le chef d’entreprise qui inscrit cette nouvelle activité dans la partie Réaut location.

Celle-ci propose la location de matériel avec chauffeur comme ce concasseur et aussi des engins de chantiers équipés des dernières technologies comme le guidage laser. Les collectivités locales ont vu d’un bon œil l’initiative d’Alexandre Réaut, avec la perspective de résoudre la problématique des dépôts sauvages. Les entreprises du BTP et les acteurs de la filière à la recherche de pratiques respectueuses de l’environnement adhèrent également au concept. « Bien entendu, le recyclage est la meilleure solution du point de vue écologique mais il y a aussi un aspect économique important dans la réutilisation des matériaux », insiste l’entrepreneur aubois.