Directrice de trois pépinières d’entreprises dans les Ardennes, Zana Bekheir, 35 ans, a déjà un beau CV dans le privé, l’associatif et le public.
Originaire de Reims, Zana Bekheir a fait ses études dans la Marne. « Après l’obtention d’un bac ES et alors que j’envisageais jusque-là des études de droit, j’ai finalement opté pour un cursus en fac de sciences économiques achevé par un Master 2 en entreprenariat public, privé et associatif. Un diplôme qui m’a ouvert l’esprit sur les différentes formes d’entreprenariat. Ce Master m’a par exemple permis de mieux découvrir le milieu de l’économie sociale et solidaire qui est un pan important de l’activité économique ».
Au terme de son parcours universitaire (Bac + 5), Zana va être progressivement amenée à « toucher du doigt » les trois secteurs qu’elle avait appris à mieux appréhender en faculté.
D’abord lors d’un stage de fin d’études au cours duquel, durant six mois, elle accompagne un créateur d’entreprise. « Je l’ai aidé à finir son étude de marché, faire son budget prévisionnel et définir une stratégie de communication tout en prospectant avec lui les premiers clients avant le démarrage effectif d’une activité consistant à commercialiser et à installer des pompes à chaleur fabriquées en France. Le contexte était alors très favorable en raison des crédits d’impôts. Ayant été définitivement embauchée, j’ai pu participer durant trois ans et demi au développement de cette société rémoise ».
Zana Bekheir a beaucoup apprécié cette première expérience professionnelle. « Une étape hyper intéressante par sa transversalité. Elle m’a permis d’œuvrer dans la comptabilité et le commercial par le suivi clients, de mettre en place des outils d’organisation interne et de beaucoup apprendre sur le secteur du bâtiment, les coulisses des chantiers et la manière de travailler avec un maître d’œuvre. Une période d’autant plus enthousiasmante qu’elle se déroulait dans un domaine qui me tenait à cœur, celui de l’économie durable ».
UN PARCOURS BALISÉ DE LIENS ET D’INNOVATIONS
Entre 2010 et 2014, Zana intègre BGE Champagne qui appartenait au réseau national des anciennes « boutiques de gestion ». Elle est chargée d’accompagner les créateurs d’entreprises. « C’était pour moi une suite logique à ce que j’avais étudié. À l’époque, j’ai travaillé sur le dispositif Envol de la région Champagne-Ardenne qui proposait aux porteurs de projets un parcours complet alliant accompagnement individuel, formation et à la clé une subvention d’investissement pouvant s’élever jusqu’à 7 600 euros. Soit un mécanisme très incitatif pour les créateurs d’entreprise ». Parallèlement à cette première mission à laquelle elle avait postulé, Zana travaillera aussi en tant que chargée de mission du dispositif local d’accompagnement (DLA), destiné aux structures de l’économie sociale et solidaire.
Un mixte qui l’amènera à coopérer avec une diversité de structures pouvant aller d’une compagnie de théâtre à un chantier d’insertion en passant par une association sportive. « Je rédigeais un diagnostic partagé avec la structure puis je lui proposais un plan d’accompagnement en faisant appel le cas échéant à des consultants. J’ai adoré faire ça même si la conjoncture était difficile avec une baisse des subventions de fonctionnement obligeant nos interlocuteurs à changer de paradigme. Ce mouvement subi incitant à encore plus de professionnalisation pour passer en mode projet ».
Après BGE, Zana Belkheir va se familiariser avec le fonctionnement d’une institution publique à travers un poste de chargée de développement économique sur le territoire de la communauté de communes du Pays Rethélois. « J’ai pris part à l’aménagement de plusieurs parcs d’activité dont ceux de Brienne-sur-Aisne, Juniville et celui de la zone de l’Etoile à Rethel. J’ai alors complété mon registre professionnel en travaillant en lien étroit avec des élus, des maîtres d‘œuvre et différents services d’une collectivité locale, à l’heure où la loi NOTRe modifiait les compétences des collectivités en matière de développement économique ».
Fin août 2019, Zana Belkheir saisit une nouvelle opportunité. Recrutée par le bureau d’études Interfaces, un réseau national gérant 29 sites en France, elle succède à Céline Geoffroy et devient directrice de trois pépinières d’entreprises de la communauté d’agglomération Ardenne Métropole.
Sur les sites du Val de Vence, de la Ronde Couture et de Sedan, elle dirige un écosystème regroupant quarante-cinq bureaux aménagés, quatre ateliers, quatre salles de réunion et dix postes de coworking. Un outil destiné à proposer les services nécessaires au bon fonctionnement des vingt-quatre entreprises résidentes (60 emplois au total) qui, durant quatre ans, préparent leur implantation future sur le territoire ardennais. Sur place, les entreprises hébergées peuvent aussi compter sur l’aide de six réseaux et structures d’accompagnement.
Les pépinières ardennaises proposent un hébergement à un tarif avantageux, des services au quotidien, un accompagnement personnalisé et un réseau d’entrepreneurs et d’experts. Ce sont des lieux de vie conviviaux qui aident à faire du lien. Bref, une réelle plus-value apportée aux porteurs de projets. C’est ici, dans un environnement privilégié, qu’ils vont commencer à grandir en consolidant les fondations d’une activité pérenne avant leur envol et la création d’emplois durables. Après tout, l’entreprenariat est le meilleur moyen de lutter contre le chômage.
D’AUTRES ACTIONS DANS LES ARDENNES
« Pour moi, cette fonction est un juste équilibre entre tous les domaines auxquels j’ai déjà touché. Je travaille dans une belle entreprise privée au service d’une collectivité publique dynamique, tout en développant des projets associatifs impactants. L’intitulé de mon diplôme prend ainsi tout son sens ».
Sur sa terre d’adoption ardennaise, Zana Bekheir n’a pas tardé à s’impliquer. « Aujourd’hui, j’ai envie de faire la promotion de ce département que je connaissais très mal quand j’habitais à une heure d’ici. Avec l’incubateur Rimbaud Tech, le nouveau Campus ou encore CitésLab et bientôt « start-up de territoire », il se fait beaucoup de choses positives ici avec en guise d’accélérateur, le Pacte Ardennes. Je m’y sens bien, ce qui m’a d’ailleurs amené à m’investir localement ».
Zana est, en effet, devenue membre de la Jeune Chambre Economique en Ardennes fin 2016 et secrétaire en 2019. « J’y côtoie des personnes désireuses de mettre en avant les atouts des Ardennes tout en mobilisant les jeunes sur l’engagement bénévole ».
Elle a aussi contribué avec Enedis, Ardenne Métropole, les CFA et Flap au « blabla job » sur le Cabaret Vert afin de mettre en relation les bénévoles du festival carolomacérien avec des recruteurs ardennais puis à la journée mondiale du nettoyage de la planète, destinée à sensibiliser la population à la gestion des déchets et enfin à des actions en direction de l’emploi des jeunes avec la Mission locale. « C’est ainsi que je m’épanouis et me développe au milieu de personnes qui me stimulent en voulant eux aussi faire avancer les choses ».
