Un dispositif à 10 M€ alimente l’équivalent de 3 290 logements en récupérant la chaleur du site industriel.
Si l’énergie est essentielle dans les unités industrielles, une proportion parfois importante de la chaleur est rejetée sous forme d’air chaud, de condensats de fumée, buées ou vapeurs. Cette chaleur dite fatale fait l’objet depuis 2017 d’un accord entre Dalkia, filiale d’EDF et concessionnaire du chauffage urbain de Charleville-Mézières, et PSA, plus gros employeur champardennais (1 793 salariés) et acteur industriel engagé dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Avec le soutien de Boris Ravignon, qui souhaite « verdir le réseau de chaleur urbain en passant d’un mix énergétique 100% gaz à plus de 50% d’énergies renouvelables pour proposer un service pertinent et une chaleur à un tarif compétitif », les deux partenaires se sont unis pour fournir en chauffage trois quartiers carolomacériens (Citadelle, Saint-Julien et Manchester) par récupération de la chaleur fatale de neuf fours de fusion et de régénération de l’équipementier automobile. Soit un potentiel de 28 GW/h permettant d’alimenter 50% de la population du chef-lieu. Pour Dalkia, ce chantier d’envergure a nécessité un investissement de 10 millions d’euros, subventionné par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie à hauteur de 4,2 millions d’euros.
3 290 LOGEMENTS ALIMENTÉS, 20 EMPLOIS CRÉÉS
Après vingt mois de travaux marqués par la réalisation de tuyaux de raccordements sur neuf kilomètres, la mise en service de ce nouveau réseau de chaleur est quasiment terminée. Ce dispositif alimentera l’équivalent de 3 290 logements dont l’hôpital (300 000 euros d’économie), le centre de santé et de Warcq, la CRS 23, la salle Bayard, deux écoles et la Poste. « Le prix du kW/h réglé par le client final est de 15% inférieur à ce qu’il était. Les abonnés de ce périmètre bénéficieront en outre d’une TVA réduite à 5,5 % sur leurs factures énergétiques. Par ailleurs, on a créé 20 emplois de techniciens », indique Sylvie Jéhanno, PDG du groupe Dalkia, ravie de la concrétisation d’un « projet innovant qui allie une collectivité à un site industriel et à un acteur compétent en matière énergétique qui exploite plus de 350 réseaux de chaleur ».
Outre l’aspect économique, l’utilisation de cette chaleur de récupération évitera l’émission de 7 000 tonnes annuelles de CO2. L’équivalent de 3 930 voitures retirées de la circulation. « Ce projet a du sens sur les plan industriel, écologique et social. C’était une belle opportunité. La chaleur va être valorisée en interne, en répondant aux besoins de chaleur et d’électricité de l’industrie ou en externe, en revendant une énergie perdue et qui n’avait plus aucune valeur à un tiers. On améliore aussi notre compétitivité en apportant un complément de revenus à l’entreprise. Par les temps qui courent, c’est bien aussi de réconcilier l’économie et l’écologie », note Stéphane Gelas, le directeur de l’usine des Ayvelles.
PSA a installé en octobre 2018 une chaufferie biomasse de 800 kW et aussi d’imposants modules de récupération sur les toits de l’usine servant à récupérer la chaleur qui s’échappe des fours de fonderie dotés d’échangeurs thermiques. L’eau chaude issue de cette ressource est expédiée jusqu’à une chaufferie Dalkia avant distribution aux usagers. Pour le reste de l’alimentation, Dalkia recourt à une chaudière biomasse. Avec ce projet exemplaire en matière d’écologie territoriale, Charleville-Mézières fait figure de pionnier sur le territoire national.