Culturales : le show de l’innovation agricole

Connectées, les stations météo permettent d’affiner leurs données pour délivrer des informations plus précises.

Sur les terres de l’ancienne base aérienne 112, l’innovation agricole a pris son envol durant deux jours près Reims. Des études agronomiques à l’utilisation des nouvelles technologies, les agriculteurs ont affiché leur envie d’innover et de changer de modèle.

Sans aller jusqu’à dire que demain l’agriculteur passera plus de temps au bureau que dans les champs, l’appropriation des nouvelles technologies par le monde agricole est déjà une réalité. Profession très connectée – 76 % des agriculteurs consultent la météo en ligne régulièrement et 46 % sont équipés de solutions GPS – la filière voit arriver de nouveaux outils pour mieux piloter les exploitations.

Lors de la 12e édition des Culturales, un immense (plus de 250 exposants sur près de 40 000 m2) salon professionnel dédié aux innovations des grandes cultures, 18 000 visiteurs ont ainsi pu s’informer sur ce qui fera l’agriculture de demain. Pour cette première dans le Grand Est, l’institut Arvalis et ses partenaires ont choisi Reims et plus précisément le site de l’ex-base aérienne 112.

« Des technologies permettent de mieux anticiper les interventions culturales, de mieux comprendre le fonctionnement et les besoins des plantes. Leur aspect collaboratif apporte également une information locale plus précise et la possibilité d’effectuer de la recherche », présente Emmanuelle Gourdain, responsable du service nouvelles technologies de l’institut Arvalis. Avec d’autres partenaires, cet institut teste ainsi les bonnes idées dans deux digifermes, une dans l’Essonne et l’autre dans la Meuse. Voici des exemples d’innovations présentées lors du Show de l’innovation :

– LES STATIONS MÉTÉO CONNECTÉES :

Implantées dans les champs, ces stations sont désormais connectées et permettent de collecter des données pour aider l’agriculteur à prendre les bonnes décisions. Agriculteur, Pascal Foy témoigne justement de l’utilité de l’application Mileos conçue par Arvalis : « Cela permet de remonter les informations sur le serveur de l’institut pour obtenir des informations afin de savoir s’il faut appliquer un traitement ». 90 % de la production de pomme de terre serait ainsi sous contrôle pour éviter le mildiou. Chef de projet MéTéus pour le groupe ISA-GRI, Cecilia Goret confirme l’intérêt de connecter les stations météo : « En plus de la personnalisation des conseils, l’aspect communautaire est important pour comparer et analyser les données ». Avec Taméo, même Météo France se positionne à présent sur le marché agricole avec le déclenchement d’alertes (SMS ou mail) en cas d’intempéries et demain des précisions plus fines sur plusieurs jours. « C’est un outil d’aide à la décision, mais le dernier mot revient à l’agriculteur, prévient Pascal Foy, avant d’ajouter que disposer de telles données permet aussi d’informer les citoyens sur la nécessité d’utiliser des produits phytosanitaires ».

– LES TRACTEURS INTELLIGENTS :

L’auto-guidage des tracteurs existe déjà, mais ils vont encore gagner en autonomie demain. Idem pour l’optimisation de la pulvérisation ou le désherbage mécanique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les Culturales ont mis en place des Rob’Olympiades pour récompenser les projets étudiants de robots agricoles. Les progrès annoncés seront d’autant plus importants quand les différents matériels (y compris les drones et les données satellites) se connecteront pour permettent à l’agriculteur d’avoir une vision globale à travers un tableau de bord simple à piloter pour l’agriculteur.

– LE CHANGEMENT DE MODÈLE :

Le progrès n’est pas uniquement technologique et, pour s’assurer un avenir durable, les agriculteurs peuvent aussi avoir intérêt à développer de nouvelles pratiques (d’où les recherches agronomiques menées sur l’ex-base aérienne rémoise), à se lancer dans de nouvelles cultures (les lentilles par exemple), à se divertir dans la valorisation non-alimentaire en investissant dans la production d’énergie grâce à la méthanisation, à opter pour le bio ou encore à développer la vente directe.

Une solution pour financer l’agriculture de précision
Pour travailler de façon plus précise, il faut investir dans du matériel mais aussi dans de l’immatériel pour analyser le sol », explique Pascal Bailleul, le directeur général d’Acolyance. Sa coopérative vient justement de signer une convention de partenariat avec le Crédit Agricole du Nord-Est et la société be Api, dont la coopérative marnaise est partenaire. « Pour financer le matériel agricole, des solutions existent déjà, mais pour l’immatériel, à savoir la réalisation de diagnostics et le suivi sur plusieurs années, il manquait un outil de financement », indique Thierry Darbin, le directeur de be Api. Comme Acolyance, 30 coopératives travaillent en partenariat avec cette entreprise qui espère diffuser ses solutions grâce à ce dispositif. « Nous estimons le retour sur investissement à 3-4 ans pour les agriculteurs qui passent à l’agriculture de précision. Notre convention nationale avec la solution Agilor du Crédit Agricole doit nous aider à développer ce service ». Chez Acolyance, près de 20 exploitations pourraient en bénéficier au cours des six prochains mois, avant de devenir ensuite « les ambassadeurs » de l’agriculture de précision.

Bayer récompense le site echangepatate.fr
Comme des grandes coopératives (dont les locales de l’étape Acolyance, Cristal Union et Vivescia), des instituts agricoles, et des constructeurs de machines, des start-up ont aussi participé aux Culturales. On y trouvait par exemple Agriconomie (site e-commerce basé dans la Marne) et le portail echangeparcelle.fr créé par l’agriculteur marnais Mickaël Jacquemin. Ce dernier a profité de l’événement pour présenter un nouveau projet qui constitue en fait une diversification de son site créé fin 2016 : « Avec echangeparcelle, nous comptons déjà plus de 120 000 hectares inscrits et 270 échanges de parcelles éloignées ».
Lors des Culturales, l’entrepreneur a lancé echangepatate.fr, justement primé (5 000 € et un accompagnement) sur le salon par le concours Better Idea du groupe Bayer : « Ce site met en relation un producteur de pommes de terre et un céréalier, pour un échange « gagnant gagnant ». En favorisant les échanges annuels de parcelles entre eux, cela permet l’allongement de la rotation pour le producteur de pommes de terre et la diversification de l’assolement (moins de maladies, moins de mauvaises herbes…) pour le céréalier ». Pendant le salon, l’entreprise de Mickaël Jacquemin était accompagnée de ses partenaires AS entreprises et FDSEA Conseil 51, ainsi que d’autres membres du réseau Cofarming qui partagent la même philosophie de mise en relation des agriculteurs pour leur faire gagner en compétitivité : « Nous avons partagé un stand avec WeFarmUp (site de location de matériel), Agrifind (plateforme de valorisation de conseils techniques) et Piloter sa ferme (application d’aide à la décision de commercialisation) ».

La robotique fait son apparition dans les champs, par exemple dans l’auto-guidage des machines et le désherbage mécanique.