Crusta C élargit sa gamme au thon et au poulpe

Crusta C est le leader sur le marché de la crevette cuite réfrigérée.

Sur un marché en croissance, la PME gersoise investit dans de nouvelles infrastructures.

Outre le foie gras, le melon de Lectoure et le saumon fumé, le Gers est aussi, c’est moins connu, la patrie de la crevette. À L’Isle-Jourdain se trouve en effet le siège social de Crusta C, une entreprise spécialisée dans la transformation et le commerce de la crevette, aujourd’hui leader en grande et moyenne surface (GMS), avec 27 % de part de marché pour la crevette cuite réfrigérée. Une activité qui a démarré il y a 27 ans à l’initiative de Franck Nguyen avec sept salariés. Depuis, la PME gersoise a bien grandi. Elle emploie aujourd’hui 165 salariés pour un chiffre d’affaires de 120 M€. Hormis son usine de L’Isle-Jourdain, dédiée au vrac, aux gros conditionnements ainsi qu’à la production de la gamme « élaborée », Crusta C possède une usine à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, qui conditionne les crevettes sauvages de Madagascar suivant un mode de cuisson traditionnel, et une troisième usine à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, qui développe les petits formats de conditionnement destinés à la GMS. Dans ce département des Hauts-de-France, Crusta C a mis en chantier la construction d’une nouvelle chaîne de cuisson de crevettes surgelées. La PME compte en effet investir près de 10 M€ à Arras où l’usine est destinée à couvrir les marchés de l’Europe de l’Est. Cette nouvelle entité, entièrement robotisée, devrait employer une quinzaine de personnes, portant l’effectif de Crusta C à 180 salariés. L’entreprise vise avec ce nouvel outil le développement de son chiffre d’affaires à l’export qui représente aujourd’hui 10 % de son montant.

En marge du financement d’un nouveau site de production, l’entreprise gersoise a également investi 1 M€ dans l’élargissement de sa gamme, à la fois « pour répondre à la demande des consommateurs » et par « besoin de se diversifier », explique Julie Nguyen, la fille du fondateur, qui a rejoint l’entreprise il y a trois ans, désormais en charge du marketing. Pour se lancer sur ces nouveaux segments de marché, l’entreprise a opté pour un produit de très grande qualité : du thon albacore à nageoire jaune, pêché en Micronésie dans des zones certifiées MSC, le label de la pêche durable. Un thon congelé à bord à – 50°C pour « garantir la qualité sashimi », poursuit la jeune femme, qui peut être consommé cru en sushi notamment. Le poisson noble est conditionné à Vitrolles en « skin packaging » ce qui permet de conserver les qualités organoleptiques du produit, et en poids fixe. Il est disponible depuis quelques semaines dans les rayons marée de la grande distribution et « les retours sont très positifs », assure Julie Nguyen. Une autre nouveauté devrait rejoindre en septembre les barquettes de thon dans les rayons libre-service des supermarchés : des lamelles de poulpes marinées. Pêchés au casier en Atlantique, les poulpes devraient eux aussi être élaborés dans l’usine de Vitrolles. Pour cette phase de test, Crusta C prévoit d’écouler 300 tonnes de cette nouvelle référence auprès des grossistes et en GMS et 500 tonnes pour le thon albacore.

Depuis 2017, Crusta C a fusionné au sein du groupe JMI qui regroupe les activités de transformation de la crevette et les pêcheries que possède le grand-père de Julie Nguyen à Madagascar, avec l’ambition de devenir « le référent de la crevette tropicale sur le marché européen ». Grâce à cette fusion, résume la jeune femme, « nous maîtrisons absolument toute la filière ». Une filière que l’entreprise veut de plus en plus vertueuse : elle privilégie pour ses approvisionnements les certifications MSC et ASC (pour l’aquaculture) et le bio. Preuve que le marché est en plein essor : seule l’usine de Vitrolles a fermé 15 jours pendant le confinement avant de rouvrir très vite, pour faire face à la demande toujours croissance.