Sylvain QuidantCréateur dans l’âme

Sylvain Quidant a délaissé la sculpture mais il continue à créer à travers Cogitech. (Droits réservés)

Passionné de moto, il a d’abord choisi une voie dans la mécanique mais son goût pour la création a pris le dessus, l’amenant à repenser son parcours professionnel. Véritable déclencheur, sa rencontre avec son futur associé lui donnera la direction à suivre.

Dès son plus jeune âge, Sylvain Quidant rêvait devant les Harley Davidson et autres motos. Envieux de l’esprit de liberté associé à l’engin, il admirait tout ce que les experts pouvaient faire, les mains dans le moteur. « Je n’étais pas du tout manuel mais j’ai eu envie de faire pareil. » Ce dijonnais pure souche rejoint donc l’IUT génie mécanique de Dijon. « Dès la première semaine je me suis demandé ce que je faisais là. Ce n’était clairement pas mon truc. » Pourtant, le fils de boulanger poursuit le cursus jusqu’à son terme et se découvre même un intérêt certain pour les matériaux. Cette discipline l’amène d’ailleurs à s’orienter vers une école parisienne consacrée à l’industrie du caoutchouc. « J’étais curieux des caractéristiques du plastique qui était roi à l’époque. » À l’obtention de son diplôme, il remplit ses obligations militaires à la BA 102 comme photographe. Une période dont il se souvient avec humour. « J’ai postulé sur les conseils d’un copain mais je n’y connaissais rien. J’ai appris à faire des photos et à les développer. C’était moins physique que d’autres missions de l’armée, une bonne planque. » Le service militaire terminé, avec l’appui de son école, Sylvain Quidant se voit proposer plusieurs postes mais aucun sur son territoire. Il finit par accepter un emploi à Chartres chez un équipementier en joint d’étanchéité pour voiture. « Là encore, j’ai vite senti que je ne serai pas heureux. Je ne me souviens pas avoir achevé ma période d’essai avant de choisir de rentrer à Dijon, un peu penaud vis-à-vis de mes parents. » Mais c’est sans tarder qu’il intègre l’entreprise Dyn’Aéro à Darois.

LES BASES DU CHANGEMENT

L’entretien d’embauche lui laisse entrevoir une nouvelle voie dans son parcours professionnel en intégrant une formation en alternance pour industrialiser des produits nouveaux. « C’était une entreprise très innovante qui demandait de l’organisation,
plus de structure pour ses équipes et qui voulait engager une démarche qualité et ajouter de l’encadrement.
» À son arrivée, l’entreprise innovante de l’aéronautique comptait 15 salariés, ils seront 50 quand il quittera les lieux cinq ans plus tard.
Entre temps, Sylvain Quidant passe par des phases de questionnement professionnel. « Je me suis interrogé sur mon avenir, sur ce que je savais, ce que je faisais parce que j’avais le sentiment de me tromper de voie. » Parallèlement à sa nouvelle carrière, il s’initie à la sculpture, une révélation. « Je me suis découvert une passion pour l’art et la création. J’ai même hésité à recommencer mon parcours depuis le début. Un artiste m’a fait comprendre que la connaissance de la matière et de la technique que j’avais n’était pas incompatible à la création. » Au sein de Dyn’Aéro, il découvre aussi la beauté de l’artisanat à travers une complémentarité et une transversalité de métiers : menuisier, soudeur, peintre, sellier, mécanicien, électronicien… « J’ai compris la noblesse du savoir-faire, j’ai pris conscience de la beauté, de la richesse des métiers manuels. Les gens qui savent sont ceux qui touchent à la matière, qui travaillent sur le terrain. Il y a une transmission du geste que l’on n’apprend que dans les ateliers. » Dans ces ateliers, Sylvain Quidant rencontre aussi Olivier Mesplomb, fraîchement sorti d’une école de design automobile avec un projet de quad innovant. « De mon côté, je cherchais un emploi susceptible de concilier mes compétences techniques et mon goût pour l’artistique sans le trouver. Lui voulait commercialiser son concept. » Les deux hommes se retrouvent autour de la passion pour la moto et échangent sur leurs projets respectifs. Ils décident de cheminer ensemble et de se soutenir dans leurs démarches. « Devant nos complémentarités, on a d’abord pensé partager un atelier et finalement, on s’est associé. »

CRÉER AUTREMENT

Sylvain Quidant trouve enfin l’activité qui répond à ses ambitions. D’abord tournée vers le prototypage pour motos et voitures, Cogitech élargit rapidement son développement vers la conception et le design de mobilier. « On voyait les évolutions dans l’univers de la moto. Il n’y avait plus de place pour le bricolage. » Sylvain Quidant et son associé signent alors un contrat avec un client à la renommée mondiale, Rolex. Ce partenariat les oblige à mettre en place une organisation spécifique mais marque aussi le début d’une nouvelle aventure. Lafarge, leader mondial des matériaux de construction, rejoint la liste des partenaires de Cogitech et invite l’entreprise à imaginer du mobilier autour d’un nouveau béton. Le dirigeant trouve enfin la part de créativité qui manquait à son activité professionnelle. « Nous avons la capacité d’oser les choses, d’innover. Il y a une intelligence, de la créativité et de l’expérimentation chez Cogitech. » Quand Olivier Mesplomb suit le processus de production et de fabrication, Sylvain Quidant travaille en amont sur la relation client ou la stratégie. « Je ne crée pas directement mais je donne la direction, je capte les tendances. Pendant un temps, j’ai craint de n’être qu’un commercial, j’étais frustré même mais j’ai compris que la création prend plusieurs formes et qu’il faut penser les projets. Je participe à la création à mon échelle en m’alimentant de beaucoup de choses. » Le co-fondateur côtoie aujourd’hui Rolex, Dior, Hermès tout autant que Saint-Gobain ou les galeries d’art du monde entier. Pourtant, il reconnait rester un indéfectible angoissé de l’avenir. « Je vois le monde changer, c’est stressant de voir nos modèles évolués même si on sait s’adapter. Mon métier consiste à convaincre Olivier et ensuite à faire comprendre le projet et à tirer toute l’équipe vers cette idée. »

Pour autant, à 47 ans, Sylvain Quidant voit le côté enthousiasmant de l’aventure professionnelle. Le questionnement environnemental actuel, les nouveaux modes de communication obligent le dirigeant à toujours repenser son entreprise. Pour autant, il reste motivé par la dimension humaine de son métier. « J’essaie de créer la confiance avec nos clients pour créer les collaborations les plus longues possibles. Ce sont des amitiés qui voient le jour, de belles relations qui me tiennent à cœur. Même dans l’univers du luxe et de l’art, où l’on peut voir une certaine superficialité, on construit des relations profondes et des liens forts. » Père de deux enfants de 8 et 14 ans, ce passionné par son travail leur partage son temps et son énergie. Les nouveaux projets de Cogitech l’occupent également largement, notamment le déménagement prévu en fin d’année vers de nouveaux locaux à Dijon, aménagés entièrement par Manufacture 21, la marque imaginée l’an dernier par les deux associés.

Parcours

1972 Naissance le 16 août à Dijon.
1994 Il intègre Dyn'Aéro à Daix e débute une nouvelle formation en alternance.
1999 Il rencontre Olivier Mesplomb.
2000 Ensemble, ils créent Cogitech.
2018 Cogitech lance sa gamme d'aménagement d'espace : Manufacture 21.
2020 Cogitech s'installera dans ses nouveaux locaux dijonnais.