Creapharm Group se met aux masques

Creapharm

L’entreprise rémoise Creapharm a réceptionné sa machine à masques le 20 mai dernier.

Dirigé par le Rémois Eric Placet, Creapharm Group a saisi l’opportunité d’acquérir une machine à masques pour intégrer cette nouvelle activité.

«Nous n’avions pas prévu de nous positionner sur ce marché mais depuis le début de la crise du Covid, j’ai beaucoup été sollicité pour du gel hydroalcoolique et différents produits », explique Eric Placet. « Nous avons notamment vendu des produits à la police municipale, à la police nationale, à la SNCF et à la mairie de Reims qui nous a commandé 1700 distributeurs muraux de gel, par exemple. Et actuellement nous fabriquons du gel hydroalcoolique sur notre site de Beauvais, même s’il y a une vraie pénurie de flacons partout en France ». S’il ne souhaite pas en faire une activité pérenne ni lucrative, Eric Placet choisit de participer à son échelle au réapprovisionnement des entreprises et des services qui le sollicitent au quotidien. « De la même manière, je n’avais absolument pas prévu de fabriquer des masques quand une personne avec qui je travaille dans la cosmétique (voir par ailleurs) m’a proposé une machine. J’ai réfléchi assez rapidement et j’ai dit “banco” dès le lendemain », relate le Pdg de Creapharm Group. Un investissement de près de 200 000 euros (hors transport) en provenance de Chine, qu’il a réceptionné mercredi 20 mai, un mois tout pile après sa commande.

Grâce à cette machine, qui devrait lui permettre de réaliser entre 100 et 250 masque par minute, selon la cadence choisie, Eric Placet voit plus loin que la crise sanitaire du Covid 19. Il a déjà reçu 2 millions de barrettes métalliques et autant d’élastiques indispensables à la fabrication des masques. « Aujourd’hui le plus difficile est de récupérer le « meltblown », ce fameux tissu en polypropylène qui sert à filtrer l’air, car la Chine a récemment fermé ses frontières à l’export de ce produit. En France, les prochaines commandes ne seront pas disponibles avant début 2021 ». Pour y remédier, il s’est rapproché d’un entrepreneur rémois spécialisé dans le tissu industriel, qui lui fournira les kilomètres de polypropylène nécessaires dès le 25 mai.

Pour le Pdg de Creapharm Group, l’acquisition de cette machine répond à deux objectifs majeurs : « Nous ne savons pas comment va évoluer cette crise sanitaire, mais pour un groupe comme le notre, disposer d’une certaine autonomie sur les masques est très important. Par ailleurs, nous voulons concevoir un masque de qualité supérieure, dans lequel on puisse respirer aussi bien que possible et agréable à porter ». Un masque qu’il mettra à disposition de ses équipes en priorité, avant de le commercialiser. De nombreuses entreprises locales se sont d’ailleurs déjà manifestées, intéressées par un produit réalisé à Reims, et pour lequel Eric Placet compte bien se montrer à la hauteur des attentes. Même s’il estime aussi qu’il est encore un peu tôt pour connaître la date de commercialisation de ses masques et leur coût réel de production. « En novembre 2019, un masque coûtait entre 7 et 12 centimes. Aujourd’hui, leur prix a été multiplié par dix en moyenne », rappelle-t-il.

Le chef d’entreprise, qui fait régulièrement appel à des intérimaires dans le cadre de ses diverses activités sur ses sites rémois, pourra aussi utiliser cette machine à fonctionnement mécanique, facile à mettre en route pour occuper ses intérimaires en cas de baisse d’activité sur d’autres postes. Un investissement localement gagnant pour tout un écosystème en quelque sorte.

Un groupe en plein essor

Depuis sa création sous le nom de Sodia en 1998, Creapharm Group n’en finit pas de se développer à l’international pour devenir une référence dans 72 pays.

Eric Placet l’assure : il ne compte pas réellement faire de business grâce à sa production de masques. Il faut dire qu’en comparaison avec l’ampleur et la croissance de ses diverses activités, celle de sa machine arrivée dans ses locaux le 20 mai semble bien anecdotique. Créée en 1998 sous le nom de Sodia – entité spécialisée dans l’exploitation pharmaceutique et la gestion de médicaments pour essais cliniques qui abrite toujours son siège rémois – son entreprise a connu un développement fulgurant ces douze dernières années, à la faveur des rachats successifs des entreprises Stradis (Reims, spécialiste du conditionnement et du reconditionne- ment des produits de santé) en 2007, Onyligne (façonnier cosmétique, Beauvais) en 2010 et Creapharm (Bordeaux) en 2013. C’est d’ailleurs cette dernière, numéro un française de l’étude clinique, qui a finalement donné son nom au groupe rémois en raison de sa notoriété en France et à l’international.

Début 2018, Eric Placet a franchi un cap dans son développement en créant un laboratoire de toutes pièces sur le sol américain, à Atlanta, pour y assurer son activité de logistique en matière d’essais cliniques. « Nous avons fait de gros investissements sur les essais cliniques. Après avoir réalisé près de 3M€ de travaux en deux ans sur notre site bordelais, aux Etats-Unis nous avons investi 1,2 millions d’euros pour un site où nous employons une dizaine de salariés », souligne le Pdg, qui a rencontré un succès dans des proportions inattendues. « La première année, nous avons réalisé 2 millions de dollars de chiffre d’affaires là où nous avions prévu 500 000 dollars. Cette année, nous atteindrons les 3 millions de dollars malgré le Covid ».

UNE CROISSANCE GALOPANTE

La conjugaison de ses divers investissements et du déploiement d’un réseau de nombreux dépôts partenaires à l’international (42 dépôts et une présence dans 72 pays) porte ses fruits puisque depuis 7 ans, le groupe a multiplié par trois son chiffre d’affaires en matière d’études cliniques, qui s’élève aujourd’hui à 21 M€.

En 2019, adepte du sur-mesure, Eric Placet a entièrement réorganisé ses deux sites rémois pour mieux y rebondir cette année et prévoir d’y construire 4000 m2 de stockage l’année prochaine. Et si le Covid a quelque peu désorganisé ses plans, il a pu continuer à travailler « presque normalement », sans s’arrêter, de mars à mai. « Notre activité est restée soutenue ces deux derniers mois, avec un personnel très impliqué qui a continué à s’impliquer sur place ou en télétravail ». Un épisode de crise mondiale qui n’empêchera pas Creapharm Group de boucler son exercice 2020, en juin prochain en nette hausse à 36 M€ de chiffre d’affaires, soit une progression de près de 20% par rapport à 2019.

Une réelle satisfaction pour le Pdg qui emploie aujourd’hui plus de 200 personnes en CDI et entre 30 et 50 intérimaires sur ses cinq sites et ce sans fonds d’intervention extérieur, sans dette et en étant propriétaire de tout son immobilier.

Eric Placet, Pdg de Creapharm Group.