Ce jeune artiste développe une œuvre entièrement réalisée au crayon de papier ou crayon de couleur. Ses réalisations sont à découvrir jusqu’à la fin de la semaine au centre Porsche de Chenôve.
Textures et belles voitures. Cela aurait pu être le titre de l’exposition que Maxime Thévenet présente jusqu’au 30 mars au centre Porsche de Chenôve, près de Dijon. Ce jeune artiste, qui signe Skima (Maxime à l’envers) présente, au milieu des grosses cylindrées allemandes, des toiles qui, d’emblée, au premier coup d’œil, vous saisissent par l’impression qu’elles donnent d’une vision des choses au plus près, ne perdant aucun détail du grain d’une peau, du reflet d’un ongle, de la profondeur d’une pupille. Pour aller ainsi au plus près des choses, rendre palpable la densité d’une barbe qui ressemble à une forêt, les innombrables rides d’une peau d’éléphant, Maxime Thévenet n’est armé que de crayons de papier ou de couleur. À quoi s’ajoute tout de même une bonne dose de talent car dessiner ainsi n’est pas à la portée du premier venu, et ce d’autant plus que l’artiste dijonnais voit les choses en grand. Exposer dans un lieu aussi atypique qu’une concession automobile n’est pas un problème pour lui. Il y voit au contraire le moyen d’élargir la possibilité de toucher et d’attirer d’autres regards. « Ma première exposition, se souvient-il, je l’ai faite chez un barbier, donc je ne suis pas un habitué des galeries d’art… »
DIMENSION HUMAINE
Si l’exposition du centre Porsche prend fin le 30 mars, les œuvres de Skima seront tout de même de retour dans ce lieu en novembre prochain, pour celles et ceux qui auraient raté ce premier épisode. Dans cet univers très mécanique, où impression de puissance et courbures de carrosseries s’additionnent, c’est d’abord la dimension humaine du travail de Maxime Thévenet qui émerge.
C’est d’ailleurs par ce chemin qu’il a entamé son parcours d’artiste. « À la base, je me suis spécialisé sur les représentations réalistes de l’humain, les yeux, le visage, les mains. Par la suite, j’ai élargi mes champs d’action aux animaux ». En témoigne
un étonnant ours inspiré de celui du sculpteur bourguignon François Pompon, mais
qui paraît sorti d’un aluminium en fusion. Cet ours reflète, sur ses flancs, le jardin Darcy, au centre de Dijon… et le véritable ours de Pompon qu’on y trouve. Une mise en abîme très réussie autant qu’un bel hommage rendu à cet autre artiste. « Cette œuvre découle d’une collaboration avec la manufacture de céramique de Longchamp avec qui je travaille également. Philippe Orliac m’a créé la statue grâce à ses fours et nous l’avons réalisée en platine. Je suis parvenu, ensuite, à reproduire un maximum de reflets en la mettant en situation, directement au parc Darcy». À chaque fois qu’il expose, Maxime Thévenet trouve aussi matière à élargir ses champs d’expériences en réalisant des œuvres en lien avec le lieu en question. Chez Porsche, naturellement, il présente plusieurs œuvres mettant en scène quelques beaux modèles de la marque. Un vrai challenge pour lui, tellement attaché au travail de rendu des textures et confronté, pour la première fois, au caractère très lisse d’une carrosserie. Il a trouvé là le moyen de tester de nouvelles techniques. « Dessiner des voitures, explique-t-il, ça me faisait sortir de ma zone de confort ». Skima est tellement habitué au maniement du crayon de papier qu’il s’est fait repérer par les représentants de la marque allemande Faber-Castell, avec lesquels il est en relation aujourd’hui.
Le parcours de Maxime Thévenet n’était pas, d’emblée, orienté sur les arts plastiques ou picturaux. Le jeune homme a préparé un bac professionnel en menuiserie avant de s’orienter sur une Mise à niveau en arts appliqués (Manaa), complétée par un BTS Design d’espaces. « Lier l’art et le bâtiment était quelque chose qui m’intéressait et à côté, en autodidacte, je dessinais des portraits réalistes et je me suis perfectionné tout seul. J’ai également fait une classe préparatoire à Autun pour un diplôme de métiers d’art Habitat et décoration. On liait la menuiserie, le textile et le dessin ».
Il n’obtient pas son BTS et trouve donc un travail « alimentaire » comme vendeur dans une boutique de vêtements. En parallèle, il se construit néanmoins une notoriété croissante en faisant circuler ses dessins sur les réseaux sociaux. « Je dessinais mes amis ou des célébrités et j’ai voulu grandir au niveau de mes formats de travail. Au début, je n’étais que sur du A4. Aujourd’hui, je trouve que les grands formats sont beaucoup plus impactants ». Maxime Thévenet commercialise également ses réalisations, soit en vendant directement les originaux, soit sous forme de reproductions et d’éditions limitées, soit au format original, soit sous une forme plus réduite. Maxime Thévenet vit de son travail d’artiste depuis maintenant près d’un an. Il a lâché son emploi de vendeur et consacre 100 % de son temps à la création, chez lui, sur une table d’architecte qu’il a fait agrandir. Il collabore avec une marque de vêtements et d’objets basée à Londres. Il a animé à Dijon un premier workshop avec Faber-Castell. Avec la faïencerie de Longchamp, il a réalisé un dessin de l’ours de Pompon qui va orner des assiettes. Un projet mené avec la ville de Dijon: les assiettes seront prochainement mises en vente à la boutique du musée des Beaux-Arts de la ville. Un parcours plutôt intéressant pour quelqu’un qui ne s’est mis au dessin qu’à 18 ans. « J’ai crayonné, crayonné, j’ai dessiné pendant des milliers d’heures pour en arriver là aujourd’hui. J’avais très peu confiance en moi, à la base ».
Maintenant qu’il vit de son art et qu’il commence à être reconnu, Maxime Thévenet comprend que son métier ne peut se résumer à la seule pratique du dessin. Il lui faut aussi démarcher des lieux potentiels d’exposition, se faire connaître, se déplacer, rencontrer les bonnes personnes, bref, faire tourner sa petite entreprise. « Il y a vraiment deux aspects dans ma vie à présent : le moment où je suis dans ma bulle et les instants où j’expose, où je suis en vernissage. C’est la satisfaction personnelle de faire découvrir ce que je fais. J’essaye d’avoir un évènement tous les deux ou trois mois. C’est important de ne pas y rester trop, dans ma bulle… » Habitué des réseaux sociaux, il s’apprête à lancer une chaîne Youtube où il parlera, là-encore de dessin, mais sous une dimension plus cinématographique. Lancement prévu dans quelques jours.
À retrouver sur skima.bigcartel.com