Covid-19 : un nouveau test salivaire

Les entreprises SkillCell, Vogo et Inovie lancent courant juin la première solution de dépistage de terrain rapide et intégrée.

En matière de test de dépistage du Covid-19, parmi les pistes sérieuses étudiées figure la commercialisation mi-juin à l’échelle internationale, d’un test salivaire de dépistage du SARS-Cov-2, appelé EasyCov, donnant une réponse en 30 minutes. Ce dernier, en attente du marquage CE, montre des performances satisfaisantes pour un test de terrain visant à pallier les situations où le test RT-PCR ne peut être déployé.

Cette solution de déspistage, développée par un consortium français composé notamment de scientifiques du laboratoire Sys2diag (CNRS/Alcen) en partenariat avec le CHU de Montpellier, de la société de biotechnologie guadeloupéenne SkillCell, de la sportech montpelliéraine Vogo, chargée de créer l’application pour smartphone du test EasyCov et du groupe Inovie ( anciennement groupe Labosud) dont le siège est basé à Montpellier, numéro 2 sur le territoire national de la biologie de routine, et numéro 3 en biologie spécialisée, chargé de distribuer et de réaliser les tests sur le terrain ou dans l’un de ses 400 sites répartis sur l’Hexagone.

« En partenariat avec le CNRS, nous travaillons depuis quelques années autour du diagnostic médical et de tests innovants, notamment des tests pour le terrain. Pour développer ce test en deux mois, nous nous sommes basés sur une expertise technologique que nous maîtrisions. La technique RT-LAMP sur laquelle le test est basé permet d’amplifier l’ARN (code génétique) viral puis de révéler ou non sa présence dans un échantillon salivaire chauffé pendant une heure seulement. Il s’agit d’une amplification à température constante. Le test consiste à prélever 1 ml de salive. Le prélèvement est ensuite déposé dans deux tubes préremplis avec des réactifs que nous avons développés, puis chauffés deux fois successivement à 65°, et révèle grâce à une colorimétrie spécifique la présence du virus. La première étape consiste à traiter la salive et la deuxième permet l’amplification. Selon notre partenaire Firalis qui fabrique les tests, nous serions en capacité de produire 40 000 tests par jour », détaille Alexandra Prieux, présidente de Skillcell, entreprise créée en 2017 qui développe des tests de diagnostics de terrain et qui commercialisera cette nouvelle solution. Avant le confinement, elle était par ailleurs sur le point de commercialiser un test rapide pour les phases précoces de diabète.

Dans le cadre du partenariat, le test EasyCov est combiné à une solution digitale développée par la société Vogo. L’ application permet de suivre le déroulé du test, d’automatiser l’analyse des résultats par la lecture colorimétrique du test, de transmettre des résultats vers des systèmes d’information de santé, et de stocker les données de façon réglementaire. Cette association permet ainsi de créer une chaîne de dépistage entièrement intégrée.

RAPIDE ET SIMPLE

Le groupe Inovie qui génère 550 M€ de CA sur l’ensemble de ses activités à date, troisième maillon de la chaîne, intervient pour peaufiner l’utilisation du test et l’adapter au terrain. « Nous allons également former des opérateurs médicaux habilités par le laboratoire, qui seront chargés de surveiller le prélèvement de l’échantillon de salive opéré par le patient et de le récupérer. Ce test a l’avantage d’être rapide, indolore, facile et sécurisé pour les opérateurs, délocalisable et déployable à grande échelle. Plus simple et plus rapide qu’un test RT-PCR réalisé à partir d’un prélèvement nasopharyngé, il apporte ainsi un complément à la palette de dépistage avec des caractéristiques de la PCR mais sans la remplacer », souligne le Dr Thomas Hottier, codirigeant du groupe Inovie qui a réalisé près de 20 % des 217 000 tests effectués sur 236 098 patients entre le 24 au 30 mai dernier selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France.

Les premiers tests devraient ainsi avoir lieu la troisième semaine de juin sur des sportifs de haut niveau, avant d’être généralisés. « Actuellement, nous vérifions toutes les phases, allant de la conception, en passant par la mise en production, la mise à disposition, etc. L’obtention du marquage CE étant prévue pour la première quinzaine de juin. Les machines de chauffe fabriquées par l’entreprise nantaise Tronico sont testées. Tout est optimisé. D’ailleurs, quelques centaines de machines de chauffe sont prévues à la fin du mois de juin pour passer à quelques centaines par semaine dès juillet. La capacité de production est d’environ 200 000 tests par semaine mais elle peut augmenter », explique Thomas Hottier.

Commencée le 11 avril dernier au CHU de Montpellier, l’étude clinique d’EasyCov a déjà porté sur 133 personnes et concernera au total 180 sujets testés en double aveugle, avec la méthode RT-PCR et EasyCov.

Le projet a obtenu le soutien de l’Agence de l’innovation de défense (AID) à hauteur de 437 000 €, pour le développement biologique. La région Occitanie, quant à elle, a alloué une enveloppe de 236 839 € au laboratoire Sys2Diag sur un coût global du projet de 394 732 €, et 200 000 € d’aide à la société Vogo.