Tandis que de nombreuses activités sont à l’arrêt, les pouvoirs publics, les organismes et les chambres consulaires se mobilisent les dispositifs pour limiter la casse. La solidarité s’organise elle aussi.
À la Préfecture de la Marne, si comme dans toutes les entreprises les salariés sont invités à pratiquer le télétravail dans la mesure du possible, la mobilisation n’en est pas moins forte, illustrée par les différentes cellules de crises animées par le préfet Pierre N’Gahane. Accompagné du secrétaire général de la Préfecture et des principaux directeurs de services directement concernés par le développement de la pandémie, le Préfet reçoit beaucoup en visio et audioconférence, écoute, note. Ses priorités : la santé et l’économie.
Et alors que les mesures de confinement sont bien parties pour durer, il insiste : « Nous en appelons à la responsabilité et au civisme collectifs. Sans eux, tout ce que nous mettons en place n’aura pas d’effet ». Outre l’accueil des enfants de personnel soignant dans les écoles, la mobilisation constante de ces personnels soignants en prévision d’un afflux de malades, le déploiement des forces de l’ordre, l’Etat mobilise aussi ses services pour venir en aide aux entreprises, via la Direccte.
Un numéro unique pour l’ensemble du territoire a été mis en place pour répondre aux questions de toutes les entreprises, accessible chaque jour de 9h à 12h et de 14h à 18h : le
0 806 000 126
Face à l’épidémie de coronavirus et à la détresse dans laquelle ont été plongées les entreprises du jour au lendemain, Bpifrance a mis en place tout un arsenal de mesures d’urgence. Le premier, est un canal de communication, via un numéro vert :
0 969 370 240
ainsi qu’une invitation à laisser son numéro de téléphone sur le site internet bpifrance.fr. « Aujourd’hui (mercredi 18 mars, ndlr), nous avons reçu nationalement 8000 appels. Localement, en Champagne-Ardenne, plus de 150 appels et une centaine de mails via notre site », indique Grégory Givron, directeur , régional. « Toutes les forces vives de Bpifrance sont mobilisées pour répondre à cet afflux majeur d’appels. En moyenne, nous estimons les délais de réponse à deux ou trois jours. » La majorité des entreprises appellent pour solliciter des réaménagements de crédits. « Nous gelons les créances de tous les produits sur 6 mois, c’est à dire jusqu’au mois de septembre », insiste Grégory Givron. Car, en partant d’une hypothèse optimiste où les entreprises pourraient se remettre à fonctionner d’ici un mois, un mois et demi, celles-ci vont devoir non seulement faire face à leurs crédits et charges mais aussi à tout ce qui concerne un réapprovisionnement total de stock, en particulier pour l’hôtellerie restauration.
NE PAS RENOUVELER LES ERREURS DE LA CRISE DE 2008
« Les sociétés vont avoir un besoin important de trésorerie. Bpifrance se porte caution à hauteur de 90 % si la banque fait un prêt de 3 à 7 ans. » Cette mesure forte l’est à destination des entreprises mais aussi et surtout des banques en général « qui ne doivent pas lâcher leurs clients. Il faut éviter de renouveler les erreurs de la crise de 2008 », insiste le directeur régional. Grégory Givron rappelle les paroles d’Emmanuel Macron qui annonçait débloquer 300 milliards d’euros, « les garanties apportées par Bpifrance en font partie, à hauteur de 6 ou 7 milliards d’euros. »
Georges Planes, directeur de l’animation du réseau de Bpifrance, a expliqué la mise en place du dispositif d’urgence: « Les entreprises expriment leurs demandes à leur banquier ; le banquier fait sa propre analyse du sujet, accorde un prêt et sollicite une garantie auprès de Bpifrance. Et nous, on prend l’engagement en cinq jours ouvrés de donner notre réponse », précise- t-il.
En outre, Bpifrance propose un prêt sans garantie sur 3 à 5 ans de 10 000 à 10 millions d’euros pour les PME et plusieurs dizaine de millions d’euros pour les ETI, avec un différé de remboursement. Bpifrance suspend aussi le paiement des échéances des prêts à partir du 16 mars. « On va prendre une grosse partie du risque, face à cet arrêt brutal de l’économie », souligne Gregory Givron, espérant la coopération de tous les autres organes financiers, mais gardant à l’esprit les paroles du président de la République qui martelait que l’État mettrait tous les moyens pour le soutien de son économie « quoi qu’il en coûte ».
TOUS LES SECTEURS CONCERNÉS
Tout comme les autres chambres consulaires et les organismes en lien avec l’économie, la Chambre des métiers a mis en place un plan d’urgence avec plusieurs mesures pour faire face à l’arrêt brutal des entre- prises et répondre aux conséquences, nombreuses, auxquelles sont confrontées les employeurs et indépendants.
Dès la création du dispositif (voir encadré), en une seule journée, la CMA51 avait déjà reçu une cinquantaine de sollicitations. Une réunion s’est tenue en préfecture avec le secrétaire général Zinedine Abid, jeudi 19 mars, afin de répondre le plus rapidement possible à toutes les problématiques qui émergent jour après jour. « Nous avons notamment défini les modalités de mise en place du travail partiel avec la DIRECCTE. Il a aussi été décidé l’instauration d’une aide forfaitaire de 1500 euros pour tout indépendant dont le chiffre d’affaires de mars 2020 serait inférieur de moins 70 % à celui de mars 2019. » La problématique liée à la trésorerie des entreprises a été abordée, avec des dégrèvements fiscaux et sociaux gérés par l’URSSAF. « Il faut que les organismes agissent en véritable synergie face à cette crise d’une ampleur inédite. »
Du côté de la CCI de la Marne aussi on a déclenché une cellule de crise inédite mobilisant tous les conseillers entreprises, assurant la continuité des services d’accompagnement avec là aussi un numéro vert (appel gratuit) :
0 971 009 690
Tout comme Emmanuel Macron, le préfet a fait passer le message aux entreprises de garder, « dans la mesure du possible une activité ». « Dans le bâtiment ou l’artisanat, sur les chantiers ou en ateliers, les salariés montent des produits ensemble ou circulent à plusieurs en camionnette », souligne Zinedine Abid. « Dans d’autres secteurs, comme le ramassage de lait, des entreprises ont été confrontées au refus de leur conducteurs de continuer à travailler, basé sur le fait qu’ils sont en contact avec de nombreuses personnes au fil de la journée. Les prochains jours vont donc être déterminant pour traiter tous ces cas particuliers. » Garder une activité, une pratique, dans les faits, pour respecter les mesures de confinement ou à distance d’un mètre, quasi impossible.
Nastasia Desanti et Benjamin Busson
UN PLAN D’URGENCE MIS EN PLACE PAR LA CMA 51
La CMA 51 répond notamment aux questions concernant :
• le financement de l’inactivité des salariés
• le report de paiement des impôts et cotisations sociales
• l’étalement des créances bancaires / échéances de remboursements d’aides auprès de la Région, de Bpifrance
• la garantie d’un crédit ou d’un découvert bancaire
• le financement de la trésorerie des entreprises
• la résolution de conflits avec les clients ou fournisseurs
• les aides financières exceptionnelles et dispositifs mis en place par les collectivités territoriales
Une boite mail unique a été créée pour réceptionner les demandes des quelque 10 000 entreprises artisanales de la Marne : appui-covid19@cm-marne.fr