Covid-19 : du savon bio et local

Carole Narin vend ses savons Sapo Arboris sur les marchés, salons et site internet.

Carole Narin est artisan-savonnier à Gueux. Dans ce contexte de crise sanitaire, elle défend son travail face aux géants industriels du savon, dans un appel lancé avec 450 autres artisans savonniers.

On pourrait dire que la situation l’émousse passablement. Car si l’on pourrait penser que la crise sanitaire a dopé les ventes de savons de Carole Narin, en réalité, le confinement, l’arrêt des salons et la suppression des marchés de Noël a plutôt ralenti son chiffre d’affaires, important en cette période de l’année. Artisan-savonnier depuis 2015, Carole Narin en a fait son activité principale voilà deux ans. « Auparavant, je jonglais entre la fabrication et un emploi de cadre dans l’administration », souligne-t-elle. Seulement la passion de la création de cosmétiques la rattrape et elle décide de s’y consacrer pleinement. Sans boutique, elle travaille ses produits en atelier et les vend exclusivement dans les salons, marchés et quelques magasins spécialisés. « La fabrication artisanale avec des matières premières de qualité implique que je ne produise pas de gros volumes, environ une tonne par an, car je fonctionne avec des huiles essentielles et végétales bio, sans huile de palme ni graisse animale, sans produit de synthèse ni parabène », précise-t-elle.

Sa spécialité ? La saponification à froid. « Ce processus consiste à préparer la pâte à savon sans cuisson afin de préserver les propriétés des huiles et ainsi en laisser une partie en surgras dans le savon, ce qui permet, avec la glycérine, de prendre soin de la peau. Ce processus est différent de la cuisson au chaudron que l’on pratique dans la fabrication des savons de Marseille ou d’Alep par exemple. » L’intérêt du procédé dit « à froid » est d’apporter un maximum de bienfaits à l’utilisation. C’est pourquoi cette fabrication, respectueuse de l’environnement demande du temps et a aussi un coût : une moyenne de 6 euros, contre 1 à 2 euros dans le commerce. « La vente en direct avec le client permet d’expliquer la méthode de fabrication, les matières utilisées et donc aussi, le prix moyen du savon. Ce manque de contact induit par le confinement est dommageable pour la relation avec le client, surtout que le savon est un produit qu’on a besoin de toucher, de sentir », note Carole Narin. 

UNE SOCIÉTÉ APPELLÉE À ÉVOLUER

Si la vente en ligne « a pris beaucoup d’importance au fil des derniers mois », pour autant, elle n’aura pas permis à l’artisane de compenser les pertes liées au confinement. « Il faut se réinventer, trouver d’autres biais de communication, comme les réseaux sociaux. » Carole Narin s’est aussi inscrite sur les plateformes de commerce local, comme jacheteenlocal.fr. Et si les préconisations gouvernementales insistent sur le lavage de mains, conseillé au savon par l’OMS, les Français ont plutôt adopté le reflexe du gel hydroalcoolique. « Le problème est que le gel hydroalcoolique agresse la peau et détruit les cellules anticorps des mains. » Avec une gamme d’une vingtaine de références pour les savons plus quelques cosmétiques, Carole Narin songe à faire évoluer la structure de sa société. « Malheureusement, je n’entrais pas dans les cases pour être éligible à un certain nombre d’aides, notamment concernant le chiffre d’affaires qui était supérieur à 50% comparé à N-1 », explique-t-elle. Dans ce contexte, elle a lancé avec d’autres savonniers un appel pour défendre sa profession mais surtout son savoir-faire (voir ci-dessous) et pouvoir continuer à être distribués, ce qui n’est pas le cas actuellement, la plupart des boutiques dans lesquels ils sont vendus étant fermées administrativement. 

www.sapoarboris.com 

Mobilisation nationale

Le 8 novembre, l’ensemble des savonniers du territoire se sont mobilisés sur les réseaux sociaux sous le hashtag #savonniersmobilisés pour interpeller l’opinion publique sur le caractère indispensable du savon artisanal dans la lutte contre l’épidémie de COVID19.

« Ce confinement s’est accompagné de l’annulation de marchés ouverts et de la fermeture d’un bon nombre de commerces et petites entreprises artisanales. Les savonneries qui, pourtant, proposent des produits d’hygiène en font partie. Pendant ce temps, les gels hydroalcooliques et produits d’hygiène disponibles en grande distribution se font la part belle dans la lutte contre le virus. On ne dénombre aujourd’hui pas moins de 450 savonneries artisanales sur le territoire qui utilisent la méthode ancestrale de saponification à froid (SAF) pour proposer aux consommateurs français des produits sains et naturels, particulièrement efficaces pour garder une bonne hygiène des mains en période d’épidémie », expliquent-ils. 

www.couleur-savon.com