Couteaux Savignac, une tranchante réussite

Olivier Montariolet Stéphane Auberthié dans l’atelier. (Photo : droits réservés)

Forte d’un héritage de plus de deux siècles, la coutellerie Savignac se tourne vers le futur avec succès. Une belle réussite grâce au haut de gamme et au made in Ariège.

Au pied du château de Foix, on fabrique des couteaux depuis le XVIII siècle. « On trouve trace de l’échoppe familiale dès 1754, précise Olivier Montariol, qui a repris en 2007, l’entreprise de ses parents, la maison Savignac. J’ai grandi dans cet univers mais je n’avais pas la vocation, j’ai travaillé dans la gestion et le conseil pour des grandes entreprises. Et puis, de retour au pays, j’ai eu envie de changer d’activité et quand mes parents ont pris la retraite, j’ai décidé de reprendre le flambeau ».

Sans formation particulière, mais sans doute avec quelques gènes transmis par ses ancêtres, Olivier Montariol se lance, d’abord accompagné par son père, puis affûte sa stratégie. Il restructure l’atelier, investit dans des machines et ouvre même, en 2012, un second local en face du magasin. Il crée des modèles, mise à la fois sur la petite série, le sur-mesure et le haut de gamme, mais à prix abordables. Et ça marche. La Coutellerie Savignac emploie aujourd’hui six personnes, fabrique près de 5 000 pièces par an, commercialisées sous les marques L’Ariégeois, le Cathare et Le Grat, et réalise un CA de 650 000 € (400 000 € en 2013). « Notre ancrage historique qui s’appuie sur deux siècles et demi de savoir-faire et de tradition familiale est une chance. J’ai choisi de miser sur la qualité et le circuit court avec l’utilisation de matières premières locales et régionales. Tout est conçu et réalisé sur place, nous proposons des produits de niche à forte valeur ajoutée, mais pas des couteaux de luxe, nous voulons rester dans une gamme accessible, assure le dirigeant de l’entreprise, l’une des plus anciennes coutelleries de France ». La production est en forte hausse, dès cette année elle devrait doubler pour atteindre les 10 000 pièces.

UN MODÈLE GAGNANT

L’acier provient d’une aciérie de l’Isère, les bois des manches de l’Ariège, une partie de la corne est fournie par une start-up toulousaine, Authentic Material, spécialisée dans la fabrication de nouveaux matériaux à partir de poudre de corne. Polissage des lames et façonnage de tous les modèles sont réalisés à Foix.

La vente est assurée en magasin, bien sûr, par internet et jusqu’à présent par une vingtaine de coutelleries en France, une commercialisation sélective choisie. Un réseau qui va s’étendre à une quarantaine de points de vent d’ici 2020. « La production est rythmée chez nous par la commercialisation et pas l’inverse, se félicite Olivier Montariol. Pas question de faire du nombre dans n’importe quelles conditions au détriment de la qualité. Nous sommes, c’est vrai à une nouvelle étape de notre développement, nous recherchons d’ailleurs des locaux pour installer une nouvelle unité de fabrication mais nous ne changerons pas de modèle. Nous sommes sur une vague porteuse, la clientèle recherche de l’authentique et a envie de participer au développement de l’économie locale. Les nouveaux ateliers nous permettront d’ailleurs d’ouvrir nos portes aux visiteurs ».

Les produits de la coutellerie Savignac intéressent des distributeurs européens et chinois mais l’Ariégeois reste prudent, même si l’export qui représente 5 à 10% de la production est une piste à envisager.