Cour Bareuzai, l’expérience client comme moteur

Le chantier de Cour Bareuzai bat son plein, mais on devine à présent la configuration des lieux, mêlant bâtiments historiques et surfaces vitrées plus modernes et même mur végétalisé. (Photo JDP)

Le nouvel espace commercial qui sort de terre en plein centre de Dijon tente la synthèse difficile entre audace architecturale et atout du patrimoine. Ses initiateurs estiment également qu’ils sont porteurs d’une réponse aux questionnements du commerce de centre-ville.

C’est un projet d’une ampleur et d’une nature inédite qui est actuellement en train de prendre forme en plein cœur du centre de Dijon : Cour Bareuzai. Un espace commercial qui ne ressemble à rien de ce qui existe actuellement dans la métropole, et qui représente un pari architectural et financier. Une création qui, dès sa genèse, a aussi parfaitement intégré les codes conditionnant aujourd’hui toute activité commerciale, a fortiori en centre-ville : la notion d’expérience client et l’écho médiatique dû aux réseaux sociaux font partie des piliers qui sous-tendent ce projet, au même titre que les prouesses architecturales et techniques qui consistent à faire du neuf et de l’innovant dans des bâtiments à forte dimension historique et patrimoniale. Cour Bareuzai doit être officiellement inauguré le 7 novembre, mais, dès le 25 octobre, on annonce l’ouverture de la boutique « amirale » Nature & Découvertes, qui migre depuis le centre Dauphine. Marc Fortunato (société Fortuna), avec Shahriar Dibaji et Mehdi Esmail (société Saint-Jean) sont les associés impliqués dans cet investissement au sein de la SCI Cour Bareuzai. À ce jour, tous les locaux constituant le nouvel ensemble sont commercialisés, à l’exception du plus petit en cours de finition. Cour Bareuzai, ce sont six cellules commerciales, qui s’étalent au total sur 2 000 mètres carrés dans un écrin historique, organisées autour d’une cour privative, conçu pour recevoir des évènements. L’ensemble assurera aussi un passage entre la place François Rude, dite « du Bareuzai » et la rue des Godrans. Cour Bareuzai a été construit dans des locaux qui, il y a quelques années, étaient occupés par le Centre communal d’action sociale (CCAS) et avant 1973, par le commissariat de Dijon. Les sociétés Fortuna et Saint-Jean ont répondu, il y a trois ans, à un concours et leur projet a été retenu à l’unanimité. « C’est un projet qui présentait de nombreuses contraintes, précise Marc Fortunato, il fallait être en accord avec les exigences de l’architecte des bâtiments de France, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), le fait qu’on soit dans un secteur préservé. Il a aussi fallu composer avec les fouilles archéologiques lors du chantier… Rien n’a été simple, et nous avons fait des choix qui sortent des sentiers battus. Nous avons voulu faire un espace commercial en cœur de ville, historique, convivial, où le commerce pourra se pratiquer de la façon la plus actuelle qui soit : l’expérience client qu’on pourra vivre ici sera digitalisable à souhait. Dans ce but, nous avons particulièrement travaillé les points de vue et porté une attention toute particulière sur la culture, notamment renforcée par l’intervention d’une artiste contemporaine, Nathalie Decoster, avec son œuvre « La trace du temps ».

« L’ADN DU COMMERCE DE DEMAIN »

De fait, le visiteur appréciera sans doute le mélange de pierre et de verre qui permet, comme par un jeu de miroirs, de renvoyer les belles façades environnantes et de multiplier les perspectives selon les heures de la journée et de l’éclairage, le tout agrémenté de façades végétalisées.

« Nous considérons qu’avec cet ensemble, souligne Marc Fortunato, nous avons tout l’ADN nécessaire au commerce de demain ». Un commerce qui se mue en évènement permanent par la grâce des points de vue des twitteurs et autres instagrameurs. Le pari est osé, mais il rejoint cette notion de commerce « phygital », mélange subtil et efficace de boutique physique et d’actions sur le numérique, développée par l’universitaire spécialiste de la question, Olivier Badot, lors de sa venue à Dijon, début juillet.

Cour Bareuzai, dont le chantier a été lancé fin 2018, est clairement imaginé dans le but de créer cet étonnement du passant, ce qu’on nomme aussi « l’effet waouh ! », synonyme de relais sur les réseaux sociaux. Ses initiateurs jouent en tout cas pleinement cette carte. « Il y a encore trois ans, aborder la chose de cette manière paraissait risqué ou peu lisible, reconnaît Marc Fortunato, mais, aujourd’hui, je pense qu’on arrive à point nommé, Dijon s’est transformée et on s’inscrit dans cette transformation ». « On crée là le projet commercial majeur de ces quinze dernières années à Dijon », ajoute Shahriar Dibaji.

Le cabinet d’architectes mobilisé sur le projet est Chapman Taylor, qui a notamment à son actif la gare de Saint Pancras, à Londres, et qui œuvre habituellement sur des projets d’ampleur internationale. Le projet a été associé à JLL, acteur important du conseil en immobilier commercial. Le chantier de Cour Bareuzai, qui aura mobilisé une quinzaine d’entreprises uniquement de la métropole, aura été d’une grande complexité, entre la nécessité de laisser s’exprimer une créativité architecturale innovante, et la préservation d’un cadre historique contraignant.
« Il nous a fallu chercher des entreprises qui n’avaient pas peur de se compliquer la vie ! » reconnaît Marc Fortunato. Tout a été construit sur micro-pieux afin de préserver les sous-sols historiques, une dimension intégrée dans le cahier des charges d’origine. Quant à connaître le niveau d’investissement nécessaire à la concrétisation du projet, ses initiateurs préfèrent rester discrets.

Les enseignes présentes

À ce jour, les enseignes qui vont s’installer au sein du Cour Bareuzai sont : Nature & Découvertes (dont la boutique devrait ici développer son total concept), Délirium Café, brasserie et bar à bière fondée à Bruxelles, réputée pour son grand nombre de références de bières, un concept store de meubles et objets multi-marques majoritairement nordiques à l’enseigne Mob, un lieu dédié à une nourriture végétarienne, bio et gourmande, soucieux de l’environnement, et l’enseigne de textile Transat.