Combler les trous dans la raquette

Thierry Merquiol, directeur général d’Ocseed.

Le nouvel outil d’investissement Ocseed, géré par l’incubateur Nubbo, a pour vocation d’aider 25 jeunes pousses dans leur phase d’amorçage d’ici cinq ans. Une bouffée d’oxygène surtout en cette période post-Covid.

C’est une initiative peu commune et qui arrive à point nommé pour aider les jeunes pousses à décoller. L’amorçage demeure, en effet, une phase délicate dans le cycle de vie des start-up qui peinent de plus en plus à décrocher des financements auprès des business angels devenus particulièrement frileux depuis que la défiscalisation sur l’ISF a fondu en janvier 2018. Combler les trous dans la raquette du financement et aider les start-up régionales qui opèrent dans le B to B, c’est en substance le pari du nouvel outil d’investissement régional Ocseed, lancé officiellement pendant le confinement et initié par l’incubateur Nubbo. « Nous avons fait le constat qu’il était difficile pour les start-up de trouver des fonds dans leur phase précoce de développement. Ce projet vise à combler l’un des derniers chaînons manquants dans les étapes de financements en fonds propres des jeunes sociétés, explique Thierry Merquiol directeur général d’Ocseed et ancien directeur de Nubbo. Notre objectif est de les épauler dans la phase critique de transition entre l’émergence du projet et leur structuration ». Autrement dit, un coup de pousse dont le montant oscille entre 100 K€ et 300 K€ sous forme d’obligations convertibles pour permettre aux jeunes entreprises de financer notamment leur développement commercial et marketing, et de réaliser les investissements techniques nécessaires à leur déploiement, en aval de leur preuve de concept. « Nous sommes là pour impulser leur accélération. L’objectif est de faire effet de levier et de doubler ce montant sur des financements bancaires et des aides publiques. », explique-t-il. L’outil a vocation à assurer une continuité d’activité et à réduire les risques pour les prochains investisseurs.

25 START-UP SUR CINQ ANS

Pour soutenir ce projet, le Conseil régional et quatre banques, la Banque Populaire Occitane, la Banque Populaire du Sud, la Caisse d’Epargne Languedoc Roussillon et la Caisse d’Epargne de Midi-Pyrénées, ont pris part à la société de capital risque. Les banques et Nubbo représentent 51 % des parts. « Pour l’effet de levier auprès de fonds publics régionaux ou nationaux (Bpi france), il faut que les fonds propres ou quasi-fonds propres apportés soient à majorité d’origine privée, c’est essentiel », souligne le directeur général.

Dotée d’un capital de 5 M€, et de deux collaborateurs détachés de l’incubateur Nubbo, la société d’investissement régionale vise à accompagner 25 start-up d’ici cinq ans.

Depuis sa création en avril, une trentaine de projets sont tombés sur la table, dont deux ont été retenus lors du premier comité qui s’est tenu fin avril. Il s’agit de la start-up Smart-catch qui développe des systèmes nano technologiques permettant de capturer les cellules tumorales, afin d’améliorer le diagnostic des cancers, et de la jeune pousse Hinfact, spécialiste de solutions permettant de traiter les erreurs de monitoring des pilotes, destinées au centre de formation, dont les montants d’investissement restent confidentiels.

Si pour l’heure, les projets proviennent à 60 % d’entrepreneurs toulousains, et 40 % de l’est de l’Occitanie, l’outil d’investissement garde dans le viseur des initiatives qui émergent de zones plus éloignées et compte s’étendre sur l’ensemble du territoire régional, « là ou les financements restent minoritaires ».

Si actuellement la société de capital risque flèche en priorité des entreprises issues du secteur technologique et numérique, les projets de la biotech ne sont pas en reste. Par ailleurs, l’investisseur envisage d’élargir son panel au domaine de l’agriculture et de l’agronomie ainsi qu’aux projets « qui ont de forts impacts en matière de responsabilité sociale et environnementale ». L’objectif étant que ces nouvelles entreprises à forte valeur ajoutée créent des emplois en Occitanie et relancent l’économie actuellement à bout de souffle, promise à des faillites en cascade.

Reste à savoir si l’enveloppe de 5 M€ sera suffisante sur la durée impartie. « C’est déjà un bon début. Mais compte tenu de la qualité des dossiers que nous recevons, soit ce montant sera consommé plus vite que les cinq années visées, ce qui signifie que nous devrons à nouveau lever des fonds, soit réaliser une sélection drastique, ce qui va à l’encontre de la vision de notre projet. L’intérêt est d’aider davantage d’entrepreneurs dans la région. Un comité est d’ailleurs prévu chaque trimestre ». De fait, six dossiers seront examinés lors du prochain comité qui se tiendra en septembre.

Si la crise sanitaire se poursuit, le directeur général n’émet pas de fortes inquiétudes : « Le capital d’amorçage ou seed capital est le segment le moins impacté par la crise du Covid-19. Je pense que seul une question se pose pour soutenir les start-up, à savoir comment elles résisteront à une nouvelle vague », conclut Thierry Merquiol.