Production et consommation en boucles locales, démonstrateurs de rénovation de bâtiments, les initiatives se multiplient sur le territoire.
La transition énergétique est-elle économiquement possible ? En tout cas, elle est devenue une nécessité mais le changement des modes de production et de consommation d’énergie ne pourra se faire que dans un cadre réglementé et avec des acteurs motivés. C’est en substance l’un des enseignements du colloque sur la transition énergétique organisé à l’Université de Technologie de Troyes avec le concours de leurs voisins de l’EPF. Philippe Chariez, expert en énergie à l’Institut Sapiens pose les bases du problème : « L’énergie renouvelable n’est pas pilotable parce qu’on ne sait pas où, quand et combien vous allez produire, et en plus vous ne pourrez pas stocker », fait-il remarquer. Première conséquence, « les énergies renouvelables sont incompatibles avec un marché non régulé et non réglementé ». D’autant qu’à la problématique d’irrégularité de production s’ajoute celle de l’échelle. « Pour produire autant que les 62 réacteurs nucléaires français, il faudrait implanter 120 000 éoliennes et donc 200 ans pour y parvenir au rythme actuel de 600 éoliennes par an », précise Philippe Chariez. Dans ce cas, les jours sans vent seraient aussi des jours sans électricité. Pour l’expert de l’institut Sapiens, le meilleur allié des ENR c’est tout simplement le nucléaire par ses capacités à produire de l’électricité de façon continue. En revanche, les ENR peuvent aider à supprimer d’autres sources carbonées telles que le charbon et le gaz pour aboutir à un mix énergétique plus respectueux de l’environnement. En fait les ENR ont un rôle à jouer dans un fonctionnement localisé où l’énergie est produite et consommée sur place.
CONSOMMATION DIRECTE
Dans la région, Enedis y travaille activement. Entre l’Aube et la Marne, huit postes sources collectent l’électricité produite par des éoliennes, et des kilomètres de câbles alimentent directement les industriels, notamment dans le cadre d’une boucle locale. Sur le plan technique, des solutions existent. « C’est avant tout une question de volonté de les mettre en œuvre », souligne Jérémie Baudou, directeur du développement territorial d’EDF (photo), citant l’exemple de Tesla, qui multiplie ses propres bornes de recharge pour favoriser la vente de ses voitures électriques. Dans un autre domaine, celui de la rénovation énergétique des bâtiments, la start-up GreenFlex qui fait désormais partie du groupe Total, a développé un concept novateur de façades et toitures préfabriquées en usine, pour la transformation d’un logement social en habitation à énergie zéro en moins d’une semaine. « Un premier pilote a été réalisé dans le Nord et plus de 2500 logements sociaux vont ainsi être rénovés énergétiquement à la demande de bailleurs sociaux des Pays de Loire », indique Franck Spercher, directeur marché énergie et territoires de GreenFlex Total. L’UTT va aussi donner l’exemple en faisant évoluer ses bâtiments construits à la fin des années 1990 pour les plus anciens, en un « démonstrateur grandeur nature visant l’autosuffisance énergétique ». Un programme de travaux est prévu, avec des installations nouvelles comme par exemple un capteur solaire thermique pour assurer les besoins de climatisation.