Trois leviers sont mis en œuvre pour préparer les jeunes aux métiers de demain avec la création de Campus « nouvelle génération », la mise en place de formations de pointe et l’utilisation de l’innovation pédagogique. Exemple avec le Campus des Métiers et des Qualifications de Charleville-Mézières.
Source indéniable d’insertion et de formation, la voie de la formation professionnelle reste pourtant encore trop souvent boudée par les jeunes et leurs parents. Pour lui rendre l’attractivité qu’elle mérite, les acteurs de la formation (Education nationale, Régions, branches professionnelles et entreprises) mettent en place un ambitieux programme de transformation du lycée professionnel.
« L’idée avancée par le ministre de l’Éducation nationale c’est de développer la valorisation de l’enseignement professionnel, trop souvent présenté à tort comme une voie par défaut. Il s’agit de rendre cette voie professionnelle plus attractive grâce notamment à une image plus positive », explique Olivier Deflandre, Délégué académique aux Formations Professionnelles et à l’Apprentissage. « Aujourd’hui, on sait que l’on ne s’engage pas dans un métier pour y rester tout au long de sa carrière, c’est pourquoi la formation est importante dès le collège et le lycée. Pour nous il s’agit de permettre aux jeunes de s’investir dans une formation, de s’insérer et d’évoluer au cours de toute leur vie professionnelle ».
L’INDUSTRIE CHANGE
Pour « former les talents aux métiers de demain », trois leviers sont donc mis en œuvre avec la création de Campus « nouvelle génération », la mise en place de formations de pointe et l’utilisation de l’innovation pédagogique. Et que ce soit par la formation initiale scolaire ou par l’apprentissage, les parcours vont du CAP jusqu’au titre d’ingénieur.
À Charleville-Mézières, le Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ) Procédés et matériaux innovants Grand Est est un exemple vivant de cette évolution en cours de la formation professionnelle en lien avec les besoins des entreprises locales.
« Les différentes évolutions technologiques successives font qu’aujourd’hui les entreprises sont équipées de matériel de haute technicité et les ruptures technologiques se font au service des métiers », souligne Marc Guéniot, proviseur du lycée Bazin de Charleville-Mézières et directeur du Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ) Procédés et matériaux innovants, qui regroupe les formations de la filière industrielle initiales et continues sur l’ensemble des établissements d’enseignement secondaire et supérieur de l’Académie de Reims en matière de Fabrication additive, chaîne numérique et matériaux. Fonderie, forge, sous-traitance automobile, conception de nouveaux matériaux, systèmes électroniques et numériques, sont quelques-unes des filières de formation abordées sur le Campus. Unique en France, le CMQPMI grâce aux équipements de la plateforme Platinium 3D et du lycée François Bazin, réunit pas moins de six procédés à taille industrielle en un seul lieu, en partenariat avec des entreprises locales (dont PSA, La Fonte Ardennaise…) et un Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie (CRITT-MDTS).
« Les métiers ont changé. Par exemple, il n’existe aujourd’hui plus d’opérateur qui soit non qualifié. Dans les entreprises, désormais on parle de plus en plus de sécurité, de moins en moins de TMS. L’industrie change, avec l’arrivée de nouvelles unités de fabrication et de nouveaux métiers arrivent sans cesse », souligne Mathilde Benoit- Girgenti, responsable du Pôle formation de l’UIMM Ardennes. « Notre métier c’est de communiquer sur ces changements et de répondre aux nouveaux besoins en formation des salariés et des entreprises ».
Et les enjeux sont d’importance puisque sur le territoire champardennais, face à trois départs en retraite, les entreprises ne peuvent aujourd’hui recruter que deux jeunes, faute de disposer d’une main d’œuvre suffisamment qualifiée.
À CHAQUE QUALIFICATION UN EMPLOI
Pour préparer au mieux les étudiants aux métiers industriels du futur, le Campus carolomacérien évolue régulièrement. En septembre 2019, l’Institut de Formation Technique Supérieur (IFTS) deviendra une École d’ingénieur en Sciences Industrielles et Numérique (EiSINe). Une composante de l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) spécialisée dans les Nouvelles Technologies et le Génie des Matériaux, qui propose des formations au-delà du bac jusqu’à bac+5. « À chaque niveau de qualification peut correspondre une sortie vers l’emploi », ajoute Marc Guéniot. La nouvelle école, bi- site (elle est située à Charleville Mézières et à Reims) fédère un ensemble de formations existantes ou en création dans le domaine de la transition industrielle et numérique, en capitalisant sur l’expérience acquise depuis de nombreuses années par l’IFTS et le département Électronique, Électrotechnique et Automatique de l’URCA. « Nous ne partons pas de zéro, explique Marc Guéniot. Mais la fabrication additive et Platinium 3D ont été de véritables déclencheurs ». En effet, pas moins de 1150 apprenants (lycéens, apprentis, étudiants) au sein du CMQPMI ont déjà été formés ces dernières années sur le territoire champardennais.
« Ce Campus permet de montrer l’étendue de notre savoir-faire et des possibilités offertes par l’EiSINe, avec du matériel de pointe. C’est un bel exemple de ce que l’on peut faire pour les étudiants, dans la gestion de cursus variés, de cycles universitaires préparatoires aux grandes écoles (CUPGE), aux masters en passant par les filières d’ingénieurs », explique Véronique Carré-Ménétrier, professeure d’Université de l’EiSINe.
Et, ouverture oblige, la mobilité des apprenants comme des formateurs passe aussi par l’international, comme le souligne Marc Guéniot, « pour s’inspirer de ce qui se fait chez nos voisins mais aussi plus loin, comme en Chine par exemple ».
Des formations orientées vers l’industrie du futur avec l’URCA
L’EiSINe délivre des diplômes d’ingénieur dans le domaine de la transition industrielle et numérique. Dès la rentrée 2019, deux nouveaux diplômes d’ingénieur en apprentissage et en partenariat avec l’ITII Champagne-Ardenne ouvriront : la spécialité en Matériaux et Génie des Procédés et la spécialité en Génie Électrique et Robotique. La troisième spécialité en Maintenance 4.0 ouvrira à la rentrée 2020.
Autour de Marc Guéniot, Proviseur du Lycée Bazin et Directeur du CMQPMI, toute une série d’acteurs font le Campus des Métiers, à l’image de Véronique Carré-Ménétrier, Professeure d’Université EISINE, Maxime Colas, Maître de Conférence EISINE, Xavier Lemeret, Chef des Services Administratifs EISINE, Mathilde Benoit-Girgenti, Responsable du Pôle Formation UIMM Ardennes et Denis Calin, Professeur des Sciences de l’Ingénieur CMQPMI. (Photo: Benjamin Busson)
