Clinavenir se fait une place au cœur du parcours patient

Clinique rive gauche

De gauche à droite : Gérard Reysseguier, directeur de la clinique Rive Gauche, Paul Gémar, directeur de la clinique Monié et président de Clinavenir, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole et Brigitte Micouleau, adjointe au maire en charge des personnes âgées et sénatrice de Haute-Garonne, le 6 janvier à Toulouse.

Face aux mastodontes du secteur, Clinavenir, qui rassemble neuf établissements de santé privés d’Occitanie, veut peser à l’échelle du territoire. À l’occasion d’une rencontre avec des élus métropolitains, l’alliance a dévoilé sa nouvelle feuille de route pour 2020.

Face à la concentration à marche forcée du secteur hospitalier privé français, dominé par trois groupes fortement capitalisés, Ramsay, Elsan et Vivalto, qui cumulent à eux trois près de la moitié du millier d’hôpitaux et cliniques privés que compte l’Hexagone, à Toulouse, un petit groupe de cliniques indépendantes fait de la résistance et tente de faire entendre sa voix. Depuis 2012, Clinavenir regroupe, en effet, neuf établissements de santé privés d’Occitanie aux compétences complémentaires : les cliniques Pasteur, Rive Gauche, Médipôle Garonne, Saint-Exupéry, Gascogne, Aufréry, Monié, Minimes et Château de Vernhes. Lesquelles pèsent ensemble, plus de 240 M€ de chiffre d’affaires cumulé (en 2018), 2800 salariés, 550 médecins et ont accueilli l’an dernier quelque 90 000 patients.

UNE INSTANCE DE CONCERTATION AVEC LES ÉLUS ET LES PATIENTS

L’alliance vise notamment à promouvoir « des valeurs d’éthique, d’indépendance, d’excellence et d’innovation », à favoriser la mutualisation d’actions dans les domaines de la recherche, de la formation ou encore des investissements technologiques et à répondre aux enjeux territoriaux que constitue le maintien d’une offre de soins de proximité.

C’est du reste à l’occasion d’une rencontre avec les édiles toulousains, le 6 janvier, que l’alliance vient de décliner sa nouvelle feuille de route pour 2020 dont l’un des points est justement la création d’une instance de concertation entre les établissements de Clinavenir et la Métropole. C’est ce qu’a annoncé ce lundi Paul Gémar, président de Clinavenir et directeur de la clinique Monié à Villefranche-de-Lauragais, en présence de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. Lequel a jugé l’initiative d’autant plus bienvenue que, selon l’élu, le phénomène de désertification médicale ne concerne pas seulement le monde rural, mais aussi le milieu urbain. « Dans telle commune ou quartier de Toulouse, lorsqu’on regarde la démographie des médecins, il peut y avoir à l’échelle de cinq ou dix ans, des problèmes, a-t-il affirmé. La pérennité de l’offre de soins de proximité est donc essentielle ».

Clinavenir a également inscrit sur sa feuille de route le déploiement de sa plateforme Emy Santé qui permet aux médecins généralistes d’obtenir plus aisément pour leurs patients un rendez-vous avec un spécialiste ou pour un examen d’imagerie. « Elle a été lancée il y a 18 mois, et répond à la demande de médecins traitants qui éprouvaient des difficultés à obtenir des avis médicaux spécialisés ou des examens d’imagerie, de sorte que leur activité était perturbée par ces recherches de plages de consultation ou d’examen, détaille Paul Gémar. Nous avons cherché à répondre concrètement à ce besoin en créant cette plateforme aujourd’hui téléphonique en B to B. Nous souhaitons développer cette offre de service et en fonction de sa montée en charge, nous envisageons de digitaliser la relation. Cela répond aussi à la volonté de Clinavenir d’accompagner la mutation qui s’opère aujourd’hui dans la médecine générale puisque l’exercice isolé est en train de disparaître tandis que beaucoup de jeunes praticiens cherchent à avoir un exercice partagé selon le format des maisons de santé pluriprofessionelles. Nous avons développé le projet il y a 18 mois à petite échelle et aujourd’hui nous allons le déployer. » Une quinzaine de médecins utilise déjà la plateforme.

AMÉLIORER LE PARCOURS PATIENT

Clinavenir prévoit de développer également cette année une clinique ambulatoire dédiée aux maladies chroniques, grâce au dispositif de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018. Elle a, en effet, introduit un dispositif permettant d’expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement innovants, dès lors que ces nouvelles organisations contribuent à améliorer le parcours des patients, l’efficience du système de santé, l’accès aux soins ou encore la pertinence de la prescription des produits de santé. « L’idée est de réunir l’ensemble des compétences médicales, paramédicales, sociales et éducatives au sein d’une même entité autour du patient pour une prise en charge efficiente des maladies chroniques, explique Paul Gémar. C’est un dispositif de deuxième recours, puisque la prise en charge se fait d’abord par le médecin traitant. Nous venons compléter cette prise en charge. Les études montrent que de nombreux patients atteints de maladies chroniques consultent différents professionnels, sont pris en charge dans des endroits divers… bref, il n’y a pas de réelle coordination et donc le dispositif n’est pas forcément efficace. Ce que nous proposons, c’est de réunir toutes les compétences autour du patient et de son parcours de soins. » L’alliance, qui a présenté son projet à la direction des Hôpitaux, attend de recevoir la labellisation article 51 pour le lancer, l’ambition étant, non pas de créer un nouveau bâtiment dédié, mais de fédérer les synergies. Plusieurs pathologies ont été identifiées dont le cancer, le diabète, l’insuffisance cardiaque, l’obésité ou encore l’insuffisance rénale. Mais « potentiellement, toutes les maladies chroniques peuvent être éligibles puisqu’il s’agit de proposer une méthodologie de mise en relation des professionnels », ajoute le président de Clinavenir.

Plus largement, l’alliance de cliniques privées occitanes mène une réflexion sur le parcours patient. L’objectif, ici, est d’harmoniser les démarches entreprises depuis quelques années par chaque établissement pour faciliter ce parcours patient. « À travers ce projet commun à l’ensemble des établissements, nous voulons offrir une prise en charge complète et coordonnée, notamment dans le domaine du cancer, puisqu’au sein de nos structures, on trouve le traitement chirurgical, le traitement du cancer, les soins de suite et de réadaptation, les soins palliatifs, le dépistage… bref, nous pouvons offrir la totalité des maillons de la prise en charge. L’ambition est donc dans un premier temps de recenser et identifier les ressources pour ensuite leur donner une visibilité notamment auprès des acteurs du premier recours qui sont parfois un peu perdus face à des prises en charge complexes ». Toutefois, tient à préciser Paul Gémar, « Clinavenir n’est pas un monde fermé. Nous travaillons avec les professionnels qui dans le secteur public et associatif partagent nos valeurs. Le libre choix du patient est toujours au cœur du processus ».

L’alliance d’établissements indépendants a aussi inscrit dans sa feuille de route la création d’une académie des patients. La réglementation prévoit déjà que dans les établissements de santé siègent des représentants d’usagers nommés par les agences régionales de santé. « La limite de ce dispositif, selon Paul Gémar, est que ces représentants sont parfois un peu hors-sol. Ce ne sont pas forcément des patients qui ont fréquenté nos blocs opératoires ou nos salles de consultation. Notre idée est donc de créer, à côté de ce dispositif réglementaire, une seconde instance à caractère consultatif de patients qui auront fréquenté nos établissements pour avec eux, un peu comme on l’imagine avec les élus locaux, installer le dialogue afin qu’ils nous remontent des éléments dans la prise en charge qui nous permettent de nous améliorer et qu’à l’inverse nous puissions leur présenter nos projets et avoir leur éclairage d’utilisateurs du système de santé. »

Enfin, Clinavenir prévoit cette année de booster sa cellule de recherche et innovation commune créée il y a deux ans. Sa vocation est d’aider au portage et à la valorisation des projets de recherche initiés par les médecins des neuf établissements. Dotée l’an dernier d’un budget de 600 K€, elle verra ses moyens portés à plus d’1 M€ en 2020.

L’alliance Clinavenir revendique aujourd’hui, dans les domaines de la médecine, de la chirurgie et de l’obstétrique (MCO) le statut de première puissance privée sur l’agglomération toulousaine, en volume d’affaires, en nombre de salariés et de patients accueillis.

REPÈRES

• Pasteur : 505 lits et places, 200 médecins, 110 M€de CA
• Rive Gauche : 238 lits et places, 120 médecins, 32 M€de CA
• Médipôle Garonne : 200 lits et places, 96 médecins, 31 M€de CA
• Saint-Exupéry : 57 postes d’hémodialyse, 9 néphrologues, 20 M€
• Gascogne : 96 lits et places, 47 praticiens libéraux, 6,2 M€de CA
• Aufréry : 160 lits et places, 20 médecins, 8 M€de CA
• Monié : 163 lits et places, 20 médecins, 12 M€de CA
• Minimes : 164 lits et places, 10 médecins, 11 M€de CA
• Bondigoux : 158 lits et places, 20 médecins, 11 M€de CA (chiffres 2018)