Citoy’enR investit sur le site de l’Oncopole

(Crédit : Urbasolar)

La coopérative, spécialiste des petites centrales solaires installées sur le toit de bâtiments publics, prend une participation dans la centrale photovoltaïque en cours de construction sur l’ancien site AZF, qui sera à terme la plus grosse centrale solaire urbaine.

Les petits ruisseaux font les grands fleuves. Sur la base de cet axiome, la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Citoy’enR, fondée en 2017 à Toulouse, s’attache à multiplier sur le territoire de l’agglomération toulousaine des projets de centrales photovoltaïques à taille humaine. Une demi-douzaine a vu le jour à Fonsorbes, Muret, Toulouse, Tournefeuille et L’Union. Installés sur des bâtiments publics (crèches, groupes scolaires, gymnases), ces panneaux solaires, d’une surface de 700 m2 au total, ont permis la production de 117 330 kWh depuis leur raccordement au réseau. L’équivalent de la consommation d’« une cinquantaine de foyers » résume Aurore Lopez, une des cofondatrices de la Scic de production d’énergie renouvelable.

L’installation de ces panneaux photovoltaïques qui représentent un investissement global de 250 K€, a été financée par un prêt bancaire, des aides de la Région et de l’Ademe (subventions aux études, avances de trésorerie et abondement du capital levé), mais surtout grâce à la participation de 355 sociétaires, citoyens, collectivités et entreprises, à hauteur de 150 K€. « Si l’on veut que la transition énergétique s’opère plus rapidement, puisque la France est clairement en retard par rapport aux objectifs qu’elle s’est fixés en matière de production d’énergie renouvelable, une implication des citoyens est nécessaire », appuie Aurore Lopez.

Concrètement, pour financer ses projets, « la Scic lève du capital sous forme de parts sociales souscrites par les citoyens et les acteurs locaux », détaille la jeune femme. Ce faisant, Citoy’enR ne fait que reproduire un modèle de financement très développé outre-Rhin où la moitié de l’électricité renouvelable est financée par des coopératives de citoyens, un mécanisme qui tend aujourd’hui à se développer un peu partout en France.

Les projets portés par la Scic sont de dimensions modestes : « nous ne cherchons pas des niveaux de rentabilité aussi conséquents que les développeurs privés, poursuit Aurore Lopez. Ce que nous recherchons, avant tout, c’est de faire un maximum de projets, au plus près des usagers. »

La Scic, qui est propriétaire des centrales solaires revend la totalité de l’électricité produite à EDF. « Ces contrats nous donnent une visibilité sur 20 ans. Cela permet de rentabiliser les installations et de générer des bénéfices pour installer de nouveaux projets et à terme rémunérer les parts sociales souscrites par les citoyens, sachant 57,5 % des bénéfices sont réinvestis dans la structure », précise Aurore Lopez. Les contrats signés avec l’opérateur historique garantissent à la Scic « un tarif stable, voire indexé sur l’inflation », mais la baisse progressive des prix de rachat de l’électricité devrait à terme entraîner une évolution du modèle économique de la structure, sachant que l’autoconsommation est pour l’instant une option moins intéressante, « mais nous restons vigilants », assure Aurore Lopez.

NOUVELLE LEVÉE DE FONDS

Pour accroître sa visibilité et s’assurer des revenus récurrents – et ainsi « pouvoir aborder plus sereinement d’autres projets » –, la Scic a décidé de prendre part au financement de la future centrale solaire de l’Oncopole dont le premier panneau a été posé le 28 août. D’une puissance de 15 MWc et s’étendant sur une surface de 25 ha – des terrains fortement pollués de l’ancien site AZF –, cet équipement, qui s’avère être la plus grande centrale solaire en milieu urbain, produira chaque année 19 350 MWh soit la consommation annuelle de 4 100 foyers.

« Nous sommes un Petit Poucet dans ce projet », assure Aurore Lopez, sachant que Citoy’enR participe à hauteur de 2 % du capital de la structure qui porte de projet, aux côtés de collectivités locales dont Toulouse Métropole, la régie d’électricité de la ville de Toulouse et l’agence régionale Énergie Air Climat de la Région Occitanie.

Pour réunir les 40 K€ nécessaires, Citoy’enR a lancé une levée de fonds spécifique « pour ne pas contrarier le développement de nos projets en propres », ajoute Aurore Lopez. Elle conduit en parallèle d’autres projets de centrales solaires dans l’agglomération toulousaine qui devraient aboutir d’ici 2020 et amorce des partenariats avec des acteurs privés « dont nous partageons les valeurs », ajoute Aurore Lopez, comme Mas Coop dans le domaine de l’habitat participatif.