Matthieu LabordeChasseur de pirates

Le gérant de la société iclub informatique à Montauban, spécialisée dans le conseil et l’assistance numérique, est un enthousiaste compétent et pédagogue. Dans un monde digital en perpétuelle évolution, il prône l’anticipation et l’adaptation.

Jeune entrepreneur de 38 ans, Matthieu Laborde parle vite et beaucoup. Ce n’est pas parce qu’il a peur du vide, pas plus qu’un signe de nervosité, mais plutôt une marque d’enthousiasme. Le propos est clair, les termes techniques expliqués simplement, et les exemples pour illustrer sa démonstration sont bien choisis. Passionné et didactique, deux qualités indispensables pour son métier, Matthieu Laborde est le gérant d’une société qui fait du service informatique pour les TPE et PME à Montauban. Son entreprise, iclub informatique, vend du matériel, propose du conseil, de l’assistance, des audits, notamment en matière de sécurité. Et affiche un CA de 300 K€ avec, selon les années, entre 10 et 40 % de croissance à chaque exercice. « La plupart de nos clients sont là depuis le début. Cela fonctionne bien s’ils restent », sourit le technicien.

Le monde numérique, il est tombé dedans quand il était ado. En 1995, au moment du développement de l’informatique grand public, ses parents font l’acquisition d’un ordinateur qu’ils paient 14 000 francs, une fortune à l’époque. « J’avais 14 ans, j’ai tout de suite voulu aller bidouiller dedans. Mes parents n’étaient pas d’accord, forcément. Ils étaient professeurs de musique, ils travaillaient le soir. J’ai profité de leur absence pour commencer à le démonter en me disant que je le remonterai avant qu’ils ne rentrent. Mais je me suis trompé de jour, mon père rentrait plus tôt que ce que je croyais. » L’ado se fait remonter les bretelles mais ne lâche pas l’affaire. « Une lutte s’est instaurée : ma mère a mis un mot de passe, j’ai trouvé comment le craquer, il y a eu plusieurs étapes comme ça. »

Dès qu’il a eu l’âge de bosser, Matthieu Laborde s’est offert sa première machine. « J’ai joué aux jeux vidéo mais j’ai tout de suite trouvé plus rigolo d’aller dans le code source pour changer les musiques, les paramètres, plutôt que de jouer. » Le choix des études supérieures est évident : ce sera un DUT informatique à l’université Paul-Sabatier à Toulouse. À l’issue de son bac + 2, le futur dirigeant d’iclub informatique fait un stage dans une grande entreprise. L’expérience ne le fait pas rêver. « Je travaillais dans un petit open space avec quatre personnes, des développeurs de logiciels. Le boulot était génial mais l’ambiance n’était pas super entre collègues. Le travail de bureau n’était pas du tout pour moi. »

Après cette première expérience, DUT en poche, Matthieu Laborde se pose des questions sur son avenir professionnel. En 2004, il décide de partir aux États- Unis où un cousin vient d’ouvrir un restaurant près d’un lac dans l’État de New York. « Il voulait informatiser ses caisses, équiper les serveurs de petits terminaux portables avec des stylets pour que les commandes soient envoyées directement en cuisine. C’était novateur à l’époque. Je me suis régalé. Je me suis dit que c’était ça qu’il fallait que je fasse plutôt que de développer des logiciels. C’est beaucoup plus rigolo d’installer des fils, de brancher des machines. J’ai compris que c’était ça ma vocation. »

Il reste trois mois aux USA puis rentre en France. Il est embauché par une entreprise basée à Albi puis fait des petits boulots. Il n’a qu’une idée en tête : monter sa boîte. « Dans ma famille, on n’est absolument pas entrepreneurs. J’ai dû apprendre. J’ai suivi des formations avec la chambre de commerce, je suis allé voir les gens que je connaissais qui avaient une entreprise, j’ai rencontré des personnes qui travaillaient déjà dans l’informatique. J’ai fait sans le savoir une étude de marché. »

Parce qu’il connaît du monde dans la région de Montauban, ville où il a grandi, Matthieu Laborde décide de se lancer dans la préfecture du Tarn-et-Garonne en 2006. Indépendant, il collabore avec un magasin qui vend du matériel. Lui s’occupe de l’assistance. « On a travaillé pendant deux ans ensemble. Puis le propriétaire a eu envie de vendre. J’ai décliné, mais les nouveaux repreneurs ont fait faillite en quelques mois. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour racheter la boutique. Vendre du matériel, ce n’est pas mon truc, mais ça aide beaucoup, je perdais un temps fou à chercher les pièces dont j’avais besoin pour réparer les ordinateurs de mes clients. »

Depuis 2008, Matthieu Laborde a embauché deux techniciens et un employé administratif, et projette de recruter une personne à l’horizon 2020.

Iclub informatique vient de quitter les 90 m2 de la boutique du centre-ville de Montauban pour les 250 m2 d’une maison dans la zone industrielle Albasud, plus près de la rocade pour améliorer le temps d’intervention chez les clients. L’activité est bonne, en partie grâce à la politique de la maison, selon le gérant : « Beaucoup de petites sociétés ont les mêmes besoins que les grosses mais pas forcément les moyens d’embaucher un informaticien. Nous apportons le même suivi et la même qualité de service. On travaille à la prestation, à l’heure, et pas au contrat. Les coûts sont faibles pour les entreprises. » Une bonne partie du boulot, c’est la lutte contre le piratage. C’est le dada de Matthieu Laborde. « C’est du contre-hacking, comme du contre-espionnage. On lutte à distance contre des personnes malveillantes, il faut trouver les traces que laissent les hackers. Parfois il y a de véritables morceaux de bravoure ! »

Dans ce monde numérique qui avance à une vitesse folle, le patron d’iclub informatique prêche l’anticipation. « Toutes les évolutions technologiques posent des questions. Avec un de mes techniciens, on est passionnés, on dévore la littérature, on suit beaucoup de formations, et on en parle tout le temps. Il faut s’adapter. » Et la fameuse 5G qui fait couler tant d’encre en ce moment ? Même pas peur. « Personne ne connaît mais il y a déjà pas mal de documentation. Donc on commence à la potasser. Il faut s’adapter ! »

Parcours

1981 Naissance à Paris
1985 Installation à Montauban, dont son père est originaire
1995 Ses parents achètent un bel ordinateur, dont il tombe amoureux
2004 Obtient son DUT informatique à l’université Paul-Sabatier
2006 Monte sa première société de conseil et d’assistance, ABC Solutions
2008 Rachète un magasin qui vend du matériel informatique, et devient le patron d’iclub informatique
2019 Sa société déménage, passant de 90 à 250 m2