Charlois, le nom d’une success story

Installé dans un village de 95 habitants, le groupe Charlois à Murlin est devenu en 20 ans un géant mondial de l’exploitation du chêne.

Quand il sillonnait la forêt des Bertranges au début du 18e siècle, Jacques Charlois (1689-1733), fendeur de merrain ne se doutait pas que 350 ans plus tard, son descendant, Sylvain Charlois, 44 ans allait faire de son nom le n°1 français de l’exploitation du chêne et de la production de merrain et porter le petit atelier créé par Eugène Charlois en 1928 au rang de leader mondial. À la tête de l’entreprise depuis 2000, Sylvain Charlois crée en 2005 le groupe Charlois et multiplie les acquisitions : la tonnellerie Bethomieu en 2006, les Ateliers du Chêne, spécialisés dans la fabrication de traverses de chemin de fer, en 2008, l’Atelier du Foudrier en 2009… Mais c’est en créant Oak Nation en 2018, en partenariat avec Latour Capital, Société Générale Capital Partenaires, Idia Capital Investissement et BNP Paribas Développement et en acquérant 49 % de la tonnellerie Nadalié, en Gironde, que le groupe emporte le rang de n°2 mondial de la tonnellerie, affichant un chiffre d’affaires de 116 millions d’euros (rapport ESG 2019 Latour Capital) frôlant ainsi son objectif de réaliser 120 millions d’euros, le groupe Charlois représentant à lui seul 75 millions d’euros.

En 2019, l’acquisition de la tonnellerie californienne Barrel Builders et une association avec la Tonnellerie roumaine Vlad permet au groupe Oak Nation de compter plus de 31 sociétés œuvrant dans neuf activités autour du chêne, de la foresterie au transport, en passant par la tonnellerie ou l’ingénierie.

Malgré cette success story, Charlois est resté fidèle à ses racines et à son village, Murlin, 95 habitants. C’est là aussi qu’en 2016 le groupe injecte 2,5 millions d’euros pour la création d’une tonnellerie artisanale haut de gamme baptisée La Grange, un musée et le transfert du laboratoire Châlonnais Exact, racheté en 2010 et spécialisé en R&D notamment sur la sécurité alimentaire mais développant aussi une activité cosmétique.

C’est en investissant 6,3 % de son chiffre d’affaires dans la R&D en 2019, que les scientifiques du laboratoire ont pu breveter le Concentré Quercus Petraea obtenu par la pression à froid du liber cambium, une partie du bois délaissée par l’activité de tonnellerie et être les premiers au monde à démontrer les propriétés anti-âge du chêne. De cette découverte est née en 2015 La Chênaie, une gamme cosmétique qui s’étend des produits anti-âge aux eaux de toilettes en passant par les soins hydratants.

Avec 800 salariés en 2019, le groupe Charlois est devenu depuis 20 ans et par des investissements ingénieux et une connaissance séculaire dubois, le « roi du chêne ». Et preuve de l’attachement particulier de Sylvain Charlois à « son » chêne, le groupe a proposé de fournir le bois nécessaire à la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris et de stocker sur son site les 1.300 chênes nécessaires qui viendront, on le sait depuis quelques jours, de la France entière.

Sylvain Charlois.