Charleville-Mézières veut accueillir le Conservatoire national de la presse

Le conservatoire national de la presse pourrait trouver sa place dans le quartier des Forges Saint-Charles.

La cité ardennaise a postulé à la délocalisation de l’annexe de la BnF dans le quartier des Forges Saint-Charles. À la clé : le transfert de 100 emplois qualifiés.

L’appel à manifestation d’intérêt pour la création en province d’un nouveau pôle regroupant le conservatoire national de la presse et le centre de conservation pour les collections de la Bibliothèque nationale de France a été lancé le 25 juin. Très vite, Charleville-Mézières a mobilisé ses services compétents afin de préparer et finaliser dans les temps impartis, un dossier de candidature de 20 pages maximum pour accueillir cet équipement. La Ville est allée au bout de son projet et est sortie du bois le 16 octobre en annonçant officiellement son intention, par un dépôt de dossier proposant le quartier des Forges Saint-Charles comme lieu d’implantation.

Très à l’étroit dans ses locaux parisiens des Quais de Seine, ce qui lui pose des problèmes d’insuffisance de capacités de stockage, la bibliothèque François-Mitterrand s’est donc résolue à cette solution de délocalisation en recherchant une ville située à trois heures de Paris en voiture et à deux heures de train, afin d’y réaliser son futur pôle sur une parcelle de 15 000 m2 minimum avec, si possible, une réserve foncière supplémentaire.

UN PROJET DE GRANDE AMPLEUR AVEC 100 EMPLOIS À LA CLÉ

En clair, la BnF veut déménager et bâtir une annexe destinée à valoriser toutes les archives de collection de presse, soit 247 000 titres dont le plus ancien, La gazette de Théophile Renaudot (1631). Le tout dans des conditions de conservation optimales permettant aussi d’accélérer la numérisation de documents souvent fragiles.

Ce futur conservatoire new look de 15 mètres de haut comprendra 350 kilomètres de rayons. Le bâtiment nécessitera un investissement de 80 millions d’euros. Soit le plus ambitieux projet du Ministère de la Culture depuis une décennie. À la clé : 100 emplois qualifiés transférés, en majeure partie des postes de conservateurs appelés à travailler sur un site dont l’activité pourrait d’ailleurs être amenée à se développer au fur et à mesure de l’accroissement des collections de l’institution parisienne. Répondant parfaitement aux critères fixés dans le cahier des charges, la ville de Charleville-Mézières s’est donc positionnée en actant sa candidature dans laquelle elle intègre une profonde réhabilitation du quartier des Forges Saint-Charles durant la prochaine décennie.

34 MILLIONS D’EUROS DE SOUTIEN DES COLLECTIVITÉS LOCALES

« L’ancienne friche Deville qui pourrait abriter à long terme les Archives départementales et les Rotondes de Mohon ne pouvaient convenir pour diverses raisons. En terme de surface, c’est le site des Forges Saint-Charles situé en plus à proximité d’une desserte ferroviaire et pas loin du centre-ville qui convenait le mieux et semblait le plus approprié sur un plan urbanistique », précise Boris Ravignon, maire de la cité de Rimbaud, défendant un dossier aux nombreux atouts.

« C’est une opportunité qu’on voulait absolument saisir. Il s’agit d’un investissement considérable, entre 70 et 90 millions d’euros, pouvant aboutir à la création d’une centaine d’emplois durables. On a tout fait pour être un candidat de qualité et le futur lieu d’implantation de ce projet. Nous avons, en tout cas, ficelé un dossier béton qui répond à toutes les modalités administratives et techniques comme à l’insertion du projet dans le tissu culturel local », souligne Boris Ravignon qui compte aussi jouer sur les réussites carolomacériennes que sont le Festival mondial des Marionnettes, le Cabaret Vert, le musée Rimbaud et les implantations parfaitement abouties de l’Agence Nationale des Titres Sécurisés (300 emplois) ainsi que de la plateforme d’entraide nationale de l’URSSAF (15 postes créés).

Enfin, le maire de Charleville-Mézières se félicite que les acteurs ardennais aient accepté de chasser en meute sur ce projet. Une détermination qui se traduit par un effort financier conséquent des diverses collectivités concernées : 6 millions d’euros de l’Agglomération, 6 millions d’euros de la Ville, 6 millions d’euros du Département et 16 millions d’euros de la Région Grand Est. On l’a compris, l’ensemble du territoire a mis le paquet pour emporter la palme.

Toutefois, la concurrence s’annonce très rude, car une quinzaine de villes ont aussi postulé. Comme le binôme Bourges/Vierzon (Cher), Blois (Loire-et-Cher), Arras (Pas-de- Calais), Auxerre et Tonnerre (Yonne), Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), Soissons (Aisne) et plusieurs communes de Normandie, lieu de villégiature prisé des Parisiens, telles que Caen (Calvados) qui a uni ses forces avec Bayeux, pour proposer Colombelles, Le Havre et Bolbec (Seine-Maritime), Tourouvre-au-Perche (Orne), Montbard (Côte d’Or) et Gisors (Eure) qui a déjà donné le nom de BnF Frédéric-Passy, premier lauréat du Prix Nobel de la Paix en 1901, au futur emplacement.

Après avoir examiné les différents dossiers, la BnF effectuera d’abord une pré-sélection avant de visiter, dès novembre, les villes finalistes retenues pour dévoiler le nom de l’heureux élu, en janvier 2021. Ensuite, le calendrier se déploiera ainsi : choix du maître d’œuvre en 2023, réalisation du chantier entre 2024 et 2026 avant la réception, la mise en exploitation et l’inauguration en grande pompe en 2027.