Champagne Taisne-Riocourt : la noblesse du terroir

Pierre, Charles, Amicie (madame de Guigné), Marie-Hélène (madame de Touzalin) et Jacques de Taisne : une aventure entrepreneuriale fondée sur une forte histoire familiale.

Une famille de vieille noblesse française qui donne naissance à une jeune marque de champagne, l’histoire n’est pas fréquente. C’est cependant celle du champagne Taisne-Riocourt, aux Riceys, dans l’Aube, dont l’ambition est d’assembler – outre du pinot noir et du chardonnay – un véritable attachement au terroir barséquanais et une discrète élégance des grandes maisons.

Pierre, Charles, Amicie, Marie-Hélène et Jacques sont les cinq enfants d’Angélito de Taisne et Claude du Bois de Riocourt. Côté maternel, la famille Riocourt fut longtemps propriétaire du château de Vitry-la-Ville (Marne). Côté paternel, les Taisne sont propriétaires du château des Riceys depuis que Charles de Taisne (l’arrière arrière-grand-père des cinq frères et sœurs) en fit l’acquisition en 1802. Il avait épousé une demoiselle Houet, dont la famille figurait parmi les marchands de vin les plus réputés des Riceys. Faut-il voir là une forme d’atavisme qui aurait aujourd’hui poussé ses descendants à se lancer dans la production et le commerce du champagne ? Allez savoir.

Quoi qu’il en soit, lorsque leur père, saint-cyrien et lieutenant-colonel, prit sa retraite militaire en 1967, il choisit de s’installer aux Riceys et, qui plus est, de se lancer dans l’aventure viticole à partir des vignes du domaine et de quelques acquisitions. Un demi-siècle plus tard, le vignoble est composé de 20 hectares, 17 plantés en pinot noir et 3 en chardonnay.

UNE AVENTURE…

Exploité par les cinq enfants à la suite de leurs parents, le vignoble familial, certifié HVE niveau 3, a longtemps produit des raisins vendus au négoce, notamment depuis une petite dizaine d’années à la Maison Ayala et également, depuis l’an dernier, à la Maison Joseph-Perrier. Mais voilà qu’à l’heure de la cinquantaine, Pierre, Charles, Amicie, Marie-Hélène et Jacques, qui ont par ailleurs leurs propres activités professionnelles, se sont senti l’envie de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, pour mieux valoriser le patrimoine familial, en fondant et commercialisant une marque de champagne à leur nom. « C’était – c’est encore – un pari un peu fou, car la gouvernance familiale est en elle-même une aventure », explique Pierre de Taisne. Mais une aventure qui porte ses fruits. Un pressoir et une cuverie sont édifiés en 2011. « Notre partenariat avec Ayala nous a permis d’apprendre la vinification. Et nous avons engagé une œnologue ». Les premiers vins de réserve datent de 2012, et les premiers tirages de 2014. Les frères et sœurs tombent d’accord pour unir les noms de leurs parents sur les bouteilles : ce sera donc le champagne Taisne-Riocourt.

POUR LES BEAUX MOMENTS DE LA VIE

Quelque 3 hectares sont actuellement réservés à la production du champagne Taisne-Riocourt, pour une production de 15 000 à 25 000 bouteilles. Et c’est au printemps dernier qu’a été lancée la commercialisation, avec les 5 000 premières bouteilles mises sur le marché, et un positionnement recherchant la valeur ajoutée du côté des cavistes, des restaurants, des milieux professionnels dans lesquels évoluent les propriétaires, de la célébration des grands événements familiaux…

« Nous revendiquons un champagne qui a une forte histoire familiale et qui entend accompagner les beaux moments de la vie », explique Pierre de Taisne. « Dans l’élaboration, nous recherchons avant tout la puissance, la fraîcheur, l’élégance et la complexité. Ce sont nos quatre points cardinaux ». Auxquels contribue largement le pinot noir des Riceys qui entre à 65 % dans la composition de la cuvée Grande Réserve (complétée par 35 % de chardonnay). 15 % de vin de réserve assurent le style maison aux notes fruitées, pour un dosage de 6 g/l. Prix consommateur de cette Grande Réserve : 28 €.

Deux autres cuvées (un blanc de noirs et un rosé de saignée) constituent pour l’instant la gamme, qui devrait bientôt s’enrichir d’un millésimé (ce pourrait bien être un 2018 – donc, encore un peu de patience), et d’un rosé des Riceys – il serait dommage de ne pas profiter de cette appellation exceptionnelle.

L’émergence d’une nouvelle marque est toujours un heureux événement pour la Champagne. En l’occurrence, Taisne-Riocourt porte haut l’étendard de son authentique attachement au terroir aubois, comme l’élégance discrètes des grandes familles et des grandes maisons. Noblesse oblige.

Une cartographie de la biodiversité auboise
La certification Haute Valeur Environnementale niveau 3, dont bénéficie le vignoble Taisne-Riocourt, marque le plein engagement de la marque – et de la famille – en faveur de l’environnement. Un engagement qui s’accompagne de la récente création, par neuf acteurs de la biodiversité et de la viticulture, de l’association Aster Alba (du nom d’une fleur rare de la Côte des Bar, plus communément appelée marguerite de Saint- Michel), que préside Pierre de Taisne. Cette association a pour objet la connaissance, la sauvegarde, la mise en valeur et la promotion de la biodiversité dans la Côte des Bar et, plus généralement, le vignoble aubois. Sous son égide, un ouvrage co-écrit par David Bécu et Yohann Brouillard, intitulé « La Côte des Bar en Champagne, sur les sentiers de la biodiversité », et consacré au recensement de la faune et de la flore locale, doit paraître au printemps.

La cuvée Grande Réserve du champagne Taisne-Riocourt : 65 % pinot noir, 35 % chardonnay, 15 % de vin de réserve, dosée à 6 g/l, 28 €.