On le décrit comme l’un des jeunes et grands talents de la Champagne. Il vient de faire son entrée au Guide des meilleurs vins de France 2021 de La Revue des Vins de France. Lui, poursuit sereinement l’objectif qu’il s’est fixé à ses débuts, voici une dizaine d’années : élaborer un champagne qui lui ressemble… et se faire un prénom !
Etienne Calsac est un récoltant-manipulant heureux, même en ces temps de virus à variants bientôt aussi multiples qu’une gamme respectable. Heureux d’avoir pu agrandir ses bâtiments pour produire et stocker son champagne en toute autonomie. Heureux d’accueillir un salarié à plein temps et un autre à mi-temps pour l’épauler (il y voit un confort à la fois matériel et humain, pour être encore plus performant). Heureux de côtoyer ces jeunes vignerons qui fourmillent d’idées – « On forme une grande famille en Champagne ; on vit une belle période, avec une manière commune de voir les choses et l’idée d’élaborer des champagnes de terroir à forte identité ».
Heureux, encore, de faire son entrée dans le Guide des meilleurs vins de France de la RVF, le fameux Guide Vert : « C’est un peu le Guide Michelin de la viticulture, une référence. Etre humblement aux côtés des grands noms du champagne, c’est flatteur. Ca ne fait pas tout, mais ça témoigne du chemin parcouru, et c’est un peu la reconnaissance de 10 ans de travail. »
DES ETATS-UNIS AU LIECHTENSTEIN
10 ans, déjà, qu’il a créé sa marque, et ces débuts où, comme d’autres avant lui, il lui a fallu être tour à tour et tout à la fois chef d’exploitation, chef de cave, chef d’entreprise, bref, où il lui a fallu apprendre à tout faire. Mais quels qu’aient pu être les moments de doute et de lassitude, il n’a jamais transigé sur le sens et la finalité de son labeur :
« Je veux d’abord faire du vin, et ensuite du champagne, qui ait du goût, une personnalité, peu dosé, tendu… mais pas trop ! Il m’importe surtout de bien connaître mon terroir, et de vinifier ‘en parcellaire. »
C’est ainsi qu’Etienne Calsac tire la quintessence des 3 hectares qu’il exploite, principalement à Avize, Grauves et Bisseuil, complétés par un hectare d’achat « familial », soit une production annuelle de quelque 35 000 bouteilles. « Je ne suis pas obsédé par le volume. Je privilégie l’humain et l’artisanal, c’est- à-dire le contrôle. » Précurseur d’une viticulture respectueuse, son vignoble est certifié VDC et HVE, et Etienne Calsac s’engage à présent dans une démarche Agriculture Biologique, en résonance avec sa philosophie et ses valeurs.
En phase aussi avec les attentes d’une clientèle majoritairement constituée de professionnels, vers laquelle il s’est tout de suite orienté et exporte d’ailleurs 70 % de sa production (USA, Russie, Angleterre, Japon, Mexique, Thaïlande, Philippines, Bahamas, et même… Liechtenstein !). Avec la satisfaction d’être présent sur les meilleures tables, notamment grâce à une nouvelle génération de sommeliers dynamiques qui n’hésitent pas à venir découvrir sur place les vins de terroir qu’ils inscriront ensuite à leur carte. « Il est agréable d’être apprécié et reconnu même avec des petits volumes comme les miens. »
SOIF DE CRÉATION
Si sa gamme est composée d’une demi-douzaine de cuvées, à partir de 26€ et jusqu’à 75€ pour le Clos des Maladries (Avize grand cru, 100 % chardonnay), Etienne Calsac souhaite mettre à l’honneur ces cépages anciens (pinot blanc, arbane, petit meslier) dont le réchauffement climatique favorise aujourd’hui le retour. « C’est un patrimoine oublié de notre région, qui m’a souvent bluffé lors de dégustations à l’aveugle. » Sans s’éparpiller toutefois, mais par besoin viscéral de créer. Il pourrait également s’autoriser des cuvées parcellaires, ou éphémères, ou surprises, juste pour satisfaire cette soif de création en allant au bout d’une idée. « J’ai toujours quelque chose de nouveau à penser. Il y a 10 ans, je suis parti d’une page blanche, et je la remplis peu à peu, dans le style qui est le mien, empreint de la passion de mon métier. »
L’idée de progresser dans l’échelle de la notoriété que confère le Guide Vert n’est pas non plus pour lui déplaire – « On verra bien… ». Rien, absolument rien, n’interdit de rêver à certaines étoiles, surtout si elles sont accessibles. Et puis, il faut peut-être en revenir au titre de cet article. Lorsqu’il a débuté, Etienne Calsac était à Avize – berceau de sa famille – le petit-fils de…, le cousin de…, etc., c’est-à-dire, finalement, un Calsac de plus. S’il ne renie en rien ses origines ni cette évidence, il a toujours eu envie d’exister pour lui-même, à travers un champagne qui parle en son nom et lui permette de se faire… un prénom, à Avize et partout ailleurs. Aujourd’hui, il n’a jamais été aussi près du but.