Jean-Emmanuel Faure a développé une technologie pour stocker la chaleur fatale et la restituer. Une nouvelle forme d’énergie renouvelable.
Water Horizon, la start-up créée par Jean-Emmanuel Faure, vient de remporter le Trophée de l’énergie positive dans le cadre du dernier concours régional Les Inn’Ovations, organisé par l’agence de développement régional Ad’Occ. Un joli coup de pouce de 15 K€ pour ce diplômé de l’Enseeiht qui a mis au point « une batterie thermique mobile qui stocke la chaleur perdue des usines et la restitue pour chauffer les bâtiments ». Quel rapport avec l’eau? Aucun a priori. Si ce n’est qu’en cours de route, le projet d’entreprise de Jean-Emmanuel Faure a considérablement évolué. C’est en prépa, que cet ingénieur a mûri l’idée de développer « une nouvelle technologie pour le dessalement de l’eau de mer ». Entré en école d’ingénieur, l’étudiant présente son projet, qui, pris très au sérieux, le conduit à obtenir en 2013 le statut d’étudiant entrepreneur. L’institut de mécanique des fluides lui ouvre les portes de son laboratoire. Il obtient même un financement de Toulouse Tech Transfer et, à l’issue de ses études, se lance dans l’entrepreneuriat en intégrant en avril 2016 Nubbo, l’Incubateur régional. « C’est là qu’on m’a posé les bonnes questions : tu veux vendre quoi, à qui, combien ? Jusqu’à présent je ne pensais qu’à une chose : développer une technologie, je ne me posais pas la question de l’accès au marché ». Jean-Emmanuel Faure rencontre alors les grands acteurs du secteur mais doit déchanter. La solution est trop onéreuse à mettre en œuvre.
Retour à la case départ pour le jeune entrepreneur qui envisage d’autres applications pour sa technologie. L’une d’elles lui paraît plus prometteuse : la chaleur fatale dégagée dans l’industrie. « Il s’agit de la chaleur perdue au cours d’un procédé industriel. En France, elle équivaut à six réacteurs nucléaires ». Représentant une ressource considérable, cette chaleur n’est valorisée qu’en partie, celle à plus de 200°.
Water Horizon propose donc de valoriser la chaleur inférieure à 200° grâce à une batterie qui via à une réaction chimique permet de stocker la chaleur « sur le long terme », de la transporter, puis après une deuxième réaction chimique, de restituer cette chaleur.
Le procédé intéresse vivement les opérateurs de réseaux de chaleur urbains comme Dalkia, filiale d’EDF, avec qui Jean-Emmanuel Faure a signé un partenariat et qui a financé le prototype. « Mon ambition est de proposer une solution alternative et renouvelable à un prix qui concurrence celui du gaz », détaille l’entrepreneur qui a obtenu le soutien d’Irdinnov à hauteur de 50 K€, une bourse French Tech de Bpi-france du même montant, et un Pass Occitanie de 20 K€ en fin d’année dernière. Il prévoit, au second semestre 2019, une levée de fonds d’1 M€ pour financer l’industrialisation de sa batterie.