Cenareo affiche publiquement ses ambitions

David Keribin

David Keribin, président de Ceraneo.

Basée à Labège, cette PME développe un système d’affichage intelligent des publicités, qui adapte leur diffusion en fonction de l’heure de la journée, de l’affluence ou de la météo.

Comme le rappelle David Keribin, le président de Cenareo, « depuis toujours, la publicité a été diffusée hors contexte, au point que c’est devenu la norme » : à l’image par exemple de ces affiches d’antan qui, sur les murs des maisons ou les panneaux d’affichage, vantaient les marques d’alcool… peu importe l’heure de la journée. Aujourd’hui encore, « quand quelqu’un crée une publicité, elle est hors contexte plus de la moitié de la journée ! ». C’est pourquoi, depuis sa création en 2012, Cenareo entend remettre un peu de « cohérence » dans la communication publicitaire. Comment ? Grâce à un algorithme développé par ses soins, et qui permet d’adapter le contenu d’un panneau numérique publicitaire au moment de la journée, mais aussi à la météo, à l’affluence des clients…

Plus précisément, explique David Keribin, « notre solution se compose d’un outil de planification en ligne, sur lequel nos clients se connectent pour envoyer leurs contenus et donner les critères de diffusion (les personnes visées, le contexte dans lequel il doit être émis, la localisation…) ; un lecteur qui va se charger de la lecture de ces contenus ; et entre ces deux éléments, notre algorithme, qui à partir des critères qui lui ont été donnés, va choisir dans quel ordre les différents contenus vont être joués » sur le panneau publicitaire. Ainsi, par exemple, « le matin, l’écran va afficher des contenus sur le petit-déjeuner ; à midi, sur l’actualité ; l’après-midi sur le shopping et le soir sur l’apéritif. Ce qui permet d’avoir de quatre à cinq fois plus d’impact » sur les consommateurs. Le produit de Cenareo s’adapte même à l’état des stocks ; une fonctionnalité qui se révèle des plus utiles, car il est arrivé qu’une enseigne de lingerie appelle pour se plaindre auprès de la PME de Labège qu’une publicité sur une promotion pour des soutiens-gorge de marque était diffusée dans les supermarchés Leclerc… alors qu’ils n’étaient pas vendus sur place !

Simple péripétie pourtant, car « preuve que nous arrivons à servir nos clients, tient à souligner David Keribin, nous n’avons perdu aucun client ». Le résultat, selon lui, d’un « surinvestissement » assumé dans l’acquisition et le service à la clientèle avec une équipe commerciale de 12 collaborateurs –sur un total de 40, « ce qui est énorme ! » Cela a néanmoins un coût : près de huit ans après sa création, Cenareo « n’est pas encore rentable ; nous pourrions être à l’équilibre, mais nous préférons surinvestir pour trouver de nouveaux clients » avec, en ligne de mire, l’objectif de réaliser un chiffre d’affaires de 15 M€ en 2021 ; sachant que le modèle économique de l’entreprise repose sur un abonnement annuel de 300 à 600 € par écran connecté, selon la taille du parc. Une visée des plus ambitieuses pour la petite entreprise qui a réalisé l’année dernière seulement « plus de 2 M€ de CA, mais il faut savoir qu’il y a deux ans, nous ne faisions même pas 400 K€ ! ».

Quant à ses clients, ils font principalement partie du secteur du retail. « On aime beaucoup le monde de la publicité physique et du point de vente, qui a beaucoup souffert de l’e-commerce. C’est pourquoi il a besoin de se réinventer et, même s’il a amorcé sa mutation depuis quelques années, certaines transformations sont encore en cours. Il reste beaucoup de travail à faire. Mais dans le monde du retail, il y a de très belles choses qui sont faites, poursuit David Keribin. Par exemple chez Etam, on n’est pas dans la simple publicité, mais dans l’image de marque, le branding ; et nous, nous essayons de nous appliquer ce souci à nous-mêmes en nous créant notre propre image de marque, celle d’une belle entreprise » avec ainsi pas moins de trois salariés travaillant « au marketing pour faire rayonner notre marque ».

UNE PRÉSENCE QUI S’AFFIRME À L’ÉTRANGER

Et visiblement cela marche, car Cenareo a su convaincre des acteurs « comme Smartmédia, dont on peut voir les écrans chez Auchan, Super U et Cora. Dans le retail, on peut citer Etam et la franchise de bars V & B, l’enseigne de peinture professionnelle Seigneurie Gauthier, le concessionnaire de motos Triumph, Toyota, mais aussi des assureurs comme MMA et Viasanté ». Sans oublier, dans le secteur du corporate et de la communication interne: Axa, Véolia, Engie, EDF, la SNCF… Pour lesquels Cenareo a œuvré récemment pour diffuser des informations sur la transmission des virus et la protection des salariés ! En outre, la PME labégeoise compte à l’avenir poursuivre son développement à l’étranger. Déjà présente dans une trentaine de pays, celle-ci a récemment ouvert un bureau en Allemagne – plutôt qu’au Royaume- Uni car, si ce dernier constitue le premier marché étranger en termes d’importance, les incertitudes liées au Brexit l’ont soudain rendu moins attractif que la patrie de Goethe. Un choix qui s’explique par le fait, entre autres, que s’y trouvent « le plus grand nombre de sièges sociaux de nos partenaires, dont les fabricants d’écrans comme Samsung, Nec ou Sharp », rappelle David Keribin. Lequel compte ensuite ouvrir une antenne en Espagne dans l’année, avec dans l’idée de s’adresser plus tard aux marchés d’Amérique du Sud. La stratégie de Cenareo lui a d’ailleurs valu le Prix de l’entreprise internationale de l’année lors de la 39e édition du concours Les Inn’Ovations, le 6 février dernier.

Une expansion à l’étranger qui sera cependant conditionnée à la réussite d’une deuxième levée de fonds – dont le PDG de Cenareo ne souhaite pour l’instant communiquer ni le montant recherché, ni la date. Seule chose certaine, l’entreprise compte recruter massivement : une dizaine de collaborateurs rien que pour la fin de l’année, et une cinquantaine à terme au final « sur les trois secteurs de prédilection de la boîte. Comme nous sommes une boîte “tech”, il y aura bien évidemment une forte équipe technique avec des ingénieurs informatiques spécialisés dans les réseaux et les systèmes, ainsi que dans les DevOps, parce que nous gérons des milliers d’ordinateurs dans des dizaines de pays ; le pôle opérations sera aussi renforcé, pour assurer le déploiement de notre solution, le suivi et le travail avec nos partenaires, ainsi que le pôle commercial », estime David Keribin.