L’actualité de la Chambre consulaire ardennaise est marquée par la diminution de ses ressources fiscales et l’affaiblissement du commerce par le mouvement des « gilets jaunes ». Heureusement, le département affiche aussi son dynamisme.
La diminution des ressources consulaires est-elle sans fin ? Géraud Spire, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Ardennes déplore en tout cas la tendance subie depuis plusieurs années : «Malgré l’action conduite par le réseau des CCI auprès des parlementaires, une nouvelle baisse du plafond des ressources fiscales de 100 M€ (-13 %) intervient après celle de 150 M€ l’an passé ». Sans espoir d’accalmie puisqu’une baisse supplémentaire de 100 M€ a déjà été inscrite pour 2020 dans la loi de finances. « L’intention du Gouvernement est de poursuivre cette baisse en 2021 et 2022 pour qu’elle atteigne 400 M€ en quatre ans, soit une division par deux de ressources fiscales des CCI par rapport à 2018 ». Ce constat national impacte évidemment les Ardennes dont la ressource diminue de 389 000 € en 2019, avec une baisse (-17 %) plus forte en raison de l’harmonisation fiscale au sein du Grand Est. « Nos ressources fiscales étaient de 5,5 M€ en 2012, elles seront de 900 000 € en 2022. En 2019, leur courbe atteint celle de nos charges de personnel permanent », détaille le président.
En conséquence, la CCI ardennaise présente un budget déficitaire de 391 000 € mais soumis à des incertitudes dans l’attente du vote de la loi Pacte. Même en cas d’allégement de la note, Géraud Spire craint de devoir diminuer la masse salariale. D’une trentaine qu’emplois en équivalent temps plein, « faudra-t-il descendre à une douzaine ? », note celui qui « prêche pour une régionalisation plus poussée au sein de la CCI Régionale » et une plus grande mutualisation avec la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Ardennes.
L’IGF SURÉVALUE COMPLÈTEMENT LE PATRIMOINE CONSULAIRE
Et quand bien même que des cessions immobilières seraient enregistrées, le patrimoine consulaire vaut bien moins que les 25,3 M€ estimés par l’Inspection Générale des Finances qui, en réalisant une moyenne nationale, ne tient ni compte de la valorisation dans le département ni de la vétusté des bâtiments. « Notre bâtiment administratif de Sedan est estimé à 1,6 M€ alors que nous ne l’avons pas vendu à 750 000 € durant trois ans et que nous n’avons pas encore de repreneur à 500 000 €. Une usine relais de Givet sera vendue 100 000 € alors qu’elle est estimée par l’IGF à 5,4 M€ ! », s’insurge Géraud Spire qui cite aussi, dans son courrier adressé à l’administration, un autre bâtiment industriel de Donchery qui dispose d’une option d’achat à l’euro symbolique mais qui gonfle pourtant son patrimoine de 8,2 M€.
INDUSTRIE DYNAMIQUE, MAIS COMMERCE EN SOUFFRANCE
Cevital, Walor, PSA… « Quelques bourgeons » témoignent du renouveau de l’industrie ardennaise, apprécie Géraud Spire, président de la CCI qui félicite « tous les entrepreneurs ardennais qui investissent et développent de l’emploi ». En revanche, c’est encore l’hiver pour le commerce, en périphérie comme en centre-ville, en raison du mouvement des gilets jaunes. « Le chiffre d’affaires est en baisse, certains expriment leur inquiétude sur leur avenir immédiat. Sans contester le droit de manifester, il y a d’autres moyens de se faire entendre. Ce mouvement ajoute de la difficulté aux difficultés en diminuant les recrutements, poussant au chômage partiel, et avec le risque de diminuer le mécénat des entreprises pour les acteurs de la culture et du sport ».
UN PACTE FÉDÉRATEUR
« L’État volontariste a investi lourdement avec le Département pour désenclaver les Ardennes, le Pacte est la deuxième étape », apprécie le sénateur Benoît Huré. « Il ne faut plus parler de Pacte 2022 car il se développera au-delà », précise Pascal Joly, le préfet des Ardennes qui indique que plus de 500 personnes ont participé à son élaboration. Le représentant de l’État en appelle à présent à vérifier que les actions retenues se mettent bien en place : « 55 fiches actions ont été validées et représentent 50 M€d’investissement (dont 20 M€de l’Etat) ». Et ce n’est pas fini puisqu’une soixantaine de projets ont vocation à devenir des actions si leur financement est validé par les partenaires locaux et l’État. À noter aussi qu’Ardenne Métropole et des communautés de communes (Ardenne Rives de Meuse, Vallées et Plateau d’Ardennes, Portes du Luxembourg) font partie des 136 territoires d’industries qui bénéficieront d’une enveloppe nationale (1,36 Md€) pour financer des projets. « Le Pacte nous permet aussi de nous positionner sur des expérimentations comme sur les emplois francs qui permettent de recevoir une aide de 5 000 euros par an sur trois ans pour l’embauche en CDI d’un demandeur d’emploi résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville ».
EXPORT : FORTE PROGRESSION DES ARDENNES
Avec 6,4 milliards d’euros de balance commerciale, le Grand Est contribue fortement au commerce extérieur français. L’export y représente 40 % du PIB contre 22 % en France. La Champagne-Ardenne en représente 17,7 % dont 10 % pour la Marne et 3,4 % pour les Ardennes. Les exportations de ce département sont en forte hausse (+16,5 %), principalement des produits sidérurgiques et de la transformation de l’acier, des produits chimiques et matières plastiques ainsi que du bois. Avec pour clients principaux la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne. Pour améliorer encore ces résultats, Team France Export, qui réunit le service international de la CCI, Business France et bpifrance, explique travailler de concert pour accompagner les chefs d’entreprise. 230 entreprises ardennaises ont ainsi été identifiées comme ayant un potentiel de développement. « CCI International Grand Est constitue une porte d’entrée vers cet accompagnement », annonce Didier Hoffmann, directeur du service qui compte notamment six conseillers en Champagne-Ardennes, tous spécialisés par filière. « Cette approche sectorielle est importante. L’export est un investissement qui demande un engagement durable, c’est compliqué mais nous faisons tout pour le simplifier », indique Lorenzo Cornuault, directeur exécutif de Business France.