CARAT, le combustible végétal qui défie le fioul et l’électricité

Dans la Marne, le groupe EuropEnergie possède un dépôt aux Petites Loges, où son équipe distribue ses produits (GNR, combustible, pellets, huiles, additifs...).

L’entreprise a développé son nouveau produit sur son dépôt de Melun et le distribue dans la Marne et les Ardennes.

Alors que les mesures gouvernementales encadrent de plus en plus l’utilisation des chaudières à fioul et imposent de plus en plus de critères restrictifs notamment pour leurs émissions polluantes, de nombreux opérateurs réfléchissent à la création de produits alternatifs. Si certains se dirigent vers le biofioul (un fioul classique comprenant une part de plus en plus importantes d’EMAG, ou esther méthylique de colza), d’autres, comme le groupe Europ Energie, font le pari d’un produit de substitution. « Nous ne vendons plus du fioul mais du combustible de chauffage », précise Dominique Guerquin, le président de la société de Distribution du groupe. Pour l’entreprise, qui comprend 14 distributeurs et inclut un GIE, plus question désormais de parler de fioul. En effet, il a développé un combustible issu lui aussi du raffinage mais ses propriétés se veulent plus vertueuses. Techniquement parlant, il s’agit donc d’utiliser du gasoil en lieu et place du fioul. Un choix essentiellement écologique puisque le gasoil contient moins de soufre, l’élément indispensable au raffinage qui est également source de pollution. 

BIENTÔT 10% DE COLZA

En janvier 2017, le groupe Europ Energie a saisi l’opportunité de prendre des parts dans un dépôt pétrolier situé à Melun (Seine-et-Marne). Il y développe désormais du gasoil dans lequel est incorporée de l’huile végétale de colza pour produire un nouveau produit baptisé le CARAT végétal, un combustible de chauffage. Avec un double avantage, souligne Dominique Guerquin : « Le combustible de départ contient 100 fois moins de soufre que le fioul et en plus nous y incorporons 5% d’huile de colza ».

Pour le dirigeant, cette solution présente de nombreux bénéfices, par rapport au fioul et même au biofioul : chaudière et qualité de l’air préservées, moins d’émissions de CO2, soutien à la filière colza régionale, réduction de la consommation… autant d’arguments avancés pour vanter le produit, d’autant que l’entreprise se positionne également sur la bataille du prix. « Aujourd’hui, le client veut un produit meilleur et pas plus cher. Or, notre engagement de proposer notre produit au même prix que le fioul normal est complètement jouable ».

Commercialisé depuis août 2019 avec 5% d’huile végétale de colza, le CARAT fait ses preuves, estime-t-on du côté de ses concepteurs. À tel point que ces derniers vont franchir une nouvelle étape en janvier 2021 en proposant cette fois un taux de 10% de colza. Une étape de plus qui n’est pas une fin en soi. Mais pour aller encore plus loin dans l’in- corporation de végétal supplémentaire, il faudra encore attendre. « En toute chose, il faut être raisonnable », précise Dominique Guerquin. « À chaque étape, il faut se donner quelques années d’utilisation pour pouvoir en tirer tous les enseignements ». Si le niveau d’incorporation maximal de colza est difficile à évaluer aujourd’hui, l’entreprise compte bien poursuivre ses exéprimentations dans les prochaines années pour aller le plus loin possible dans ce sens. Un choix fort pour un groupe de 200 personnes qui produit 500 000 m3 de combustible chaque année et qui n’hésite pas à s’attaquer à des mastodontes de l’énergie, n’hésitant pas à se proclamer comme l’énergie de chauffage la plus compétitive du marché. « Notre énergie est 2,5 fois moins chère que l’électricité pour se chauffer », assène Dominique Guerquin, qui, tableaux de l’ADEME et de RTE à l’appui, assure que son produit (233 g/kWh) émet moins de CO2 que l’électricité (jusqu’à 600 g/kWh), le fioul domestique (280 g/kWh) et même le gaz de réseau (234 g/kWh).