Ça roule pour l’entreprise Benne à Castres

Thibault Benne a suivi les traces de son arrière-grand-père. L’entreprise a généré 13 M€en 2019.

Vous n’imaginez pas tout ce qu’on peut faire avec un convoyeur ! L’entreprise Benne, installée à Castres, a inventé le moyen de transport le plus sûr et efficace au monde. Ses tapis déplacent des chocolats ou des pièces d’avion. Une niche technologique 100 % tarnaise, devenue une référence dans le secteur des convoyeurs sur-mesure. L’entreprise emploie 130 salariés.

Benne traverse les âges sans prendre une ride. Cinquième du nom, Thibault Benne suit les traces de son arrière-grand-père, le fondateur de l’entreprise. À la sortie de la guerre, en 1919, il se lance dans la fabrication de pièces pour les réverbères à gaz, un savoir-faire unique, pour l’époque. Quelques années plus tard, Benne se réinvente et devient incontournable dans le secteur du textile, en pleine expansion dans le Tarn. L’entreprise fabrique alors des accessoires pour les peignes de tissage.

En 1985, la crise du textile contraint Pierre Benne, le père de Thibault à changer de direction : en observant les besoins des industriels, il décide de se lancer dans la conception et fabrication de bandes transporteuses.

LE CONVOYEUR DEVIENT VITE INDISPENSABLE

Plus de 20 métiers sont nécessaires pour fabriquer un convoyeur, du chaudronnier au mécanicien, en passant par les designers, les informaticiens… Ces tapis de transports petits ou grands sont conçus dans le Tarn. Il s’agit de faire avancer un objet pendant toute sa chaîne de fabrication. « Nous sommes les derniers des Mohicans, explique Thibault Benne. On fait appel à un savoir-faire local, nos tapis sont faits sur-mesure. En 30 ans, nous n’avons jamais construit deux fois le même. » Les tarifs peuvent varier de 100 € à 1 M€.

Les applications sont multiples, on les retrouve dans l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire, l’aéronautique… Le Château de Versailles s’est équipé d’un modèle qui permet de descendre les sacs et les poussettes depuis l’entrée jusqu’à la sortie du château, neuf mètres plus bas. Avant l’arrivée de ce tapis magique, tout se faisait manuellement.

Les clients envoient leurs produits pour tester les automatismes, la cadence… « On a reçu plusieurs tonnes de pain de mie pour un client qui nous avait commandé un convoyeur », s’amuse Thibaut Benne.

S’OUVRIR À D’AUTRES MARCHÉS.

La crise sanitaire n’a pas eu d’impact sur l’activité de l’entreprise, les moteurs des convoyeurs sont fabriqués en Allemagne, Benne achète son acier chez Arcelor Mittal en Europe. « Nous vendons là où les gens travaillent, précise Thibault. Notre équipe de 20 commerciaux s’est recentrée sur l‘industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire. Nous avons eu des demandes d’un savonnier à Marseille. Il a vu ses ventes doubler en un mois. »

Avec un chiffre d’affaires de 13 M€ l’an dernier et une augmentation constante de 3 % par an, la force de Benne est de savoir anticiper, l’entreprise a lancé des distributeurs de gel hydroalcoolique de petit format (cinq litres), « un marché où personne ne va », se réjouit Thibault. « Il faudrait en vendre 1 000 par semaine pour que ce soit rentable, à 185 € pièce. »

En mai dernier, Benne a créé un distributeur de masques sans contact.

Testé à L’hôpital de Castres-Mazamet, à la clinique du Sidobre et lors d’un match du Castres Olympique, le succès a été immédiat.

Ce produit devrait être commercialisé à grande échelle, dès le premier trimestre 2021. Le prix de la machine est estimé à 16 K€, Thibault Benne réfléchit à la manière de réduire les coûts. Le principe est simple, les masques sont stockés et stérilisés dans la machine, le consommateur paye sans contact avec sa carte bancaire et récupère le masque, comme un billet de banque dans un distributeur. Une première en France.