Ça gaze fort pour les Ardennes

Le projet ardennais prévoit la création d’une station de rebours pour huit méthaniseurs.

L’Etat va injecter 3,2 millions d’euros dans le sud des Ardennes pour doter les huit méthaniseurs encore en phase d’instruction d’une station de rebours permettant la production et l’exportation de gaz naturel.

Lors de son passage dans les Ardennes, en mars 2020, Jean-François Carenco, président de la Commission de Régulation de l’Energie, avait loué les efforts prodigués par le département en matière d’énergies renouvelables.

« Avec l’agriculture, son cœur de métier, et le tourisme, le monde rural de ce territoire dispose désormais d’une troisième source de revenus à travers les énergies renouvelables. Et les Ardennes sont l’expression vivante de ce troisième pilier du revenu agricole que représentent la méthanisation, l’éolien et le photovoltaïque », avait-il alors déclaré. Le département avait d’ailleurs servi d’aiguillon au décret à l’injection paru il y a dix mois. À ces propos, Jean-François Carenco vient de joindre les actes puisque le 29 juillet, lors d’une rencontre à Paris avec le député Jean-Luc Warsmann, le président de la CRE a annoncé que l’Etat allait dégager une somme de 3,2 millions d’euros pour permettre aux agriculteurs du secteur de Vouziers, prêts à se lancer dans la méthanisation, de produire et exporter du gaz naturel. Cette enveloppe financière sera consacrée à la réalisation d’une station de rebours, sorte de gros compresseurs destiné à injecter le gaz vert issu de la méthanisation dans les réseaux aussi bien locaux que nationaux et européens avant son expédition sous forme de gaz naturel à différents endroits.

« Il s’agit d’une décision historique pour l’arrondissement de Vouziers. Grâce à ce dispositif et à ses évolutions techniques, on peut penser que d’ici trois ans, ce secteur géographique va devenir exportateur de gaz naturel. Et cela au prix d’un investissement global de plus de 45 millions d’euros. En dehors, d’un projet éolien toujours en stand-by, jamais Vouziers n’avait connu un projet économique d’une telle importance », n’hésite pas à dire Jean-Luc Warsmann. Le député des Ardennes a d’ailleurs présenté les grandes lignes du projet aux élus locaux et aux acteurs du programme. Ceux étant à la tête des huit sociétés qui vont investir 40 millions d’euros dans les futurs méthaniseurs mais aussi aux quarante autres exploitants qui amèneront la matière première (lisier, fumier, pulpes de betteraves, etc.).

2 MSUPPLÉMENTAIRES POUR LES CANALISATIONS

Après la concrétisation sur le terrain des huit projets de méthanisation, les deux opérateurs gaziers, GRDF et GRT Gaz dirigées par Alexandre Ducruet et Thierry Daniel, prendront en charge deux autres millions d’euros destinés à l’édification des 45 kilomètres de canalisations acheminés vers le rebours.

Restera ensuite à achever ce méga chantier par la construction du rebours sur un terrain restant encore à définir mais implanté à Vouziers. Cette station permettra d’assurer la remontée et la descente du gaz naturel dans les deux sens. Le début des travaux de cet équipement central devrait démarrer en 2021 pour être opérationnel dès 2022.

À partir de là, les producteurs de biométhane pourront alors valoriser leurs parcelles, disposer d’un complément de revenus et améliorer la biodiversité de leur sol tout en produisant… six fois la consommation annuelle de la ville de Vouziers ! Le projet débouchera par ailleurs sur la création d’emplois directs et indirects estimée à 3,4 équivalents temps plein. À noter que deux autres rebours sont d’ores et déjà à l’étude dans les Ardennes., à Rethel et à Sedan. « Avec ces trois zones de consommation, le département des Ardennes sera alors le territoire français le mieux doté en la matière. On est en plein dans l’air du temps et dans un cercle vertueux en surfant sur la vague verte grâce à une production locale émanant de déchets agricoles », se réjouit Alexandre Ducruet. À terme, le département fournira peut-être 100% de ses besoins en gaz tout en devenant exportateur de gaz vert. Selon Jean- François Carenco, la révolution énergétique donne une chance aux Ardennes « de créer de la valeur ».