Bigsis Pro, la sœur bienveillante

Alexandre de Crozals et Jules Campion. Ils ont créé Bigsis Pro, une application destinée à favoriser la sécurité des étudiants.

Du haut de leurs 21 ans, tout juste diplômés du Bachelor de TBS filière innovation management, Alexandre de Crozals (à droite), toulousain pur jus et Jules Campion, parisien d’origine, n’ont pas traîné pour innover. Pendant neuf mois, ils ont planché sur une application conçue pour prévenir des harcèlements de rue, trouver refuge en cas de détresse, et lancer une alerte. Actuellement testée par 5 500 élèves sur trois campus français de TBS, la solution digitale devrait être déployée dans une dizaine d’établissements d’ici septembre, et 20 de plus en 2021, atteignant ainsi plus de 150 000 utilisateurs. Selon une étude de l’Insee, 20,4% des femmes et 17,1% des hommes entre 18 et 29 ans déclaraient avoir été victimes de menaces ou d’insultes en 2018. Les cofondateurs souhaitent être acteurs plutôt que spectateurs. « Nous avons eu tous les deux des proches victimes d’agressions. Étant chacun sensible à l’insécurité dans la rue, nous voulions proposer une solution. Les applications s’étant démocratisées, l’idée de concevoir Bigsis qui signifie ‘la grande sœur qui protège’ a donc germé. Puis, colocataires lors d’un stage dans une start-up à Amsterdam, nous avons appris à fonctionner ensemble, avec une bonne complémentarité, qui est le socle de notre création. C’est pourquoi pour l’instant nous continuons à deux, dessinant actuellement nos rôles », explique Alexandre de Crozals, directeur général, la présidence revenant à son associé.

Après avoir rejoint l’incubateur de l’école TBSeeds, il y a un an, pour mûrir leur projet et « bénéficier d’un soutien, de conseils de coachs et de locaux à Toulouse et à Paris » et intégrant désormais le programme d’accélérateur « dédié au développement commercial », les deux jeunes entrepreneurs ont remporté la 2ème place du concours Atale, et la 3ème place du concours Crece en 2019, ce qui leur a permis d’obtenir un prêt et de concrétiser l’application qui comporte quatre fonctionnalités. « Nous n’avons qu’un concurrent qui propose du copiétonnage. La nouveauté, c’est que nous proposons de partager des trajets entre étudiants du même campus, ce qui diminue les risques. L’application recense aussi tous les événements de l’école et le staff présent qui en cas d’alerte, reçoit l’identité de la personne et sa localisation pour intervenir rapidement ». Enfin, l’application propose Bigsis Point « un outil de compréhension », qui permet à un étudiant harcelé de se réfugier dans un bar ou une boîte de nuit partenaire.

Ce service en communauté fermée, est proposé en B to B aux écoles et campus, sous forme d’un abonnement. « Nous ne voulions pas faire payer l’utilisateur final pour sa sécurité », souligne le cofondateur. La jeune pousse qui développe un modèle pour les universités, espère atteindre un CA 100 K€ la première année et réfléchit déjà à étendre son service en B to C pour les transports et espaces publics. « Si j’aide des gens, je suis heureux », conclut-il.