Benoit Systèmes : rester local, ambitionner l’international

Photo: Journal du Palais

Benoit Houzel est le nouveau dirigeant de Benoit Systèmes, PME spécialisée dans les systèmes de motorisation pour fauteuils roulants. Ce changement à la tête d’une entreprise fondée par Robert Benoit n’est pas lié au décès de ce dernier, en février. L’évolution était programmée depuis plusieurs mois. Aux manettes de cette entreprise atypique, Benoit Houzel nourrit des ambitions à l’export et porte un important projet d’extension des locaux de l’entreprise.

Début avril, Chanceaux Benoit Systèmes a conclu une commande de motorisations pour fauteuils roulants avec un importateur de Singapour. Le 11 avril, l’entreprise a officiellement démarré la commercialisation de Mobili Kit, sa plateforme motorisée adaptable à tous types de siège et distinguée, en mai 2018, au célèbre concours Lépine des inventions (voir encadré). Ces deux faits résument, d’une certaine façon, l’orientation que Benoit Houzel, nouveau dirigeant, souhaite donner à l’entreprise : élargir ses marchés et se développer à l’export.

Benoit Systèmes est une PME atypique, aussi bien par le secteur sur lequel elle opère (des solutions d’assistance aux personnes à mobilité réduite) que par son implantation géographique, dans un petit village au cœur de la campagne côte-d’orienne, à Billy-lès-Chanceaux. C’est là que, dans les années quatre-vingt-dix, son fondateur, Robert Benoit, avait choisi de l’implanter, colonisant petit à petit plusieurs bâtiments du village, au rythme du développement de son activité. Robert Benoit est décédé en février mais le changement de direction n’est pas lié à ce fait. Lui et Benoit Houzel avaient bâti, fin 2016, un processus de cession-reprise progressif. La disparition de Robert Benoit a évidemment modifié la donne et Benoit Houzel, qui, pour l’heure, détient 20 % des parts de la société, deviendra majoritaire à l’été. Formé à l’Ecam de Lyon, une école d’ingénieurs Arts & Métiers, il a travaillé dans des univers industriels très différents, en particulier dans les secteurs de la papeterie et de l’imprimerie. « J’ai notamment participé au redressement de la papeterie Zuber-Rieder, dans le Doubs, entre 1999 et 2005» précise-t-il.

Il a aussi dirigé l’imprimerie Autajon (ex-Roualet), à Beaune avant de passer par une autre imprimerie, Filiber, à Nuits-Saint-Georges. C’est à partir de 2016 qu’il se met en quête d’une entreprise à reprendre. « Dans mes recherches, souligne Benoit Houzel, j’ai alors entendu parler de Benoit Systèmes ». La rencontre avec Robert Benoit débouche progressivement sur le projet de cession cité plus haut et, en 2018, l’actuel directeur général prend des parts dans l’entreprise. Aujourd’hui seul aux manettes de cette PME qui emploie 40 personnes, Benoit Houzel s’est fixé plusieurs objectifs de développement : aller sur de nouveaux marchés, renforcer l’efficacité de la commercialisation, notamment sur les produits-phares que sont les motorisations amovibles pour fauteuils roulants, qui ont fait la réputation de l’entreprise et dont la fiabilité est reconnue, enfin, développer les marchés à l’international.

TRENTE FAMILLES

À cela s’ajoute un important projet d’extension des locaux de l’entreprise, permettant de rester à Billy-lès-Chanceaux. « Même si nous avons besoin de rationaliser notre outil de production, aujourd’hui dispersé sur huit sites dans le village, souligne Benoit Houzel, nous tenions à demeurer dans cette zone très rurale, où les emplois sont rares. Benoit Systèmes fait vivre une trentaine de familles dans le secteur. Un projet d’extension existait depuis bientôt deux ans (à l’une des sorties du village), mais c’est finalement dans la maison du fondateur, au cœur du village, et qui est désormais à vendre, que nous allons demeurer. Une extension va être construite et deux bâtiments de bureaux seront reliés afin de permettre de regrouper l’ensemble de l’activité sur un seul site, tout en continuant à animer ce petit village. La partie construction sera achevée fin 2020 ». Mais dès avant cette échéance, c’est sur les marchés à l’international que lorgne Benoit Houzel. « Nous devons réfléchir à nos modes de commercialisation et notamment travailler sur notre notoriété. La qualité et la fiabilité de nos motorisations légères, qui ne modifient pas la dimension du fauteuil roulant, sont reconnues, mais cette reconnaissance doit être élargie. Jusqu’à présent, sur l’export, nous avons surtout fonctionné selon des opportunités. Je souhaite que l’on structure plus nos démarches ».

Sur un chiffre d’affaires, en 2018, de quatre millions d’euros, l’export aura représenté 30 %. L’espoir de Benoit Houzel est de parvenir à inverser cette proportion dans les cinq à six ans. Cela passera par une révision sur certains marchés où la marque est déjà présente, mais où les performances sont jugées insuffisantes, tels que le Royaume-Uni.

Cela passera aussi par un renforcement sur d’autres marchés où Benoit Systèmes a su se faire une place (Italie, Danemark, Australie, Pays-Bas) mais le pari le plus ambitieux concerne l’Asie. « Nous voulons développer le Japon, souligne Benoit Houzel qui précise qu’il vient de recruter une Japonaise vivant en Côte-d’Or dans ce but, mais aussi Singapour ».

Pour 2019, l’entreprise s’est fixée un objectif d’une production de 1 500 moteurs pour fauteuils roulants et compte bien faire décoller, en parallèle, son Mobili Kit.

Mobili Kit
Alors que Benoit Systèmes est principalement connue pour ses motorisations légères adaptables sur des fauteuils roulants, elle tente de s’ouvrir un nouveau marché avec Mobili Kit. Il s’agit d’une plateforme motorisée qui se manie avec un joystick et sur laquelle on peut installer n’importe quel siège. Un outil adapté aux personnes qui, même si elles marchent encore, se fatiguent vite, ou ont des problèmes avec la station debout. Benoit Systèmes met en avant la grande polyvalence du produit, qui peut permettre du maintien dans l’emploi ou à domicile, plutôt qu’un placement en établissement d’hébergement. « Mobili Kit, souligne Benoit Houzel, passe partout, tourne sur place, est d’une grande maniabilité. Il s’adresse autant au marché de la vente qu’à celui de la location, notamment auprès des loueurs de matériel médical ». Le coût de cette plateforme est de 3.490 euros TTC. « C’est l’équivalent d’un peu plus d’un mois en Ehpad », souligne le dirigeant de Benoit Systèmes qui poursuit : « Cette plateforme a aussi un intérêt psychologique : elle est plus acceptée par des personnes dont la mobilité se réduit, que le fauteuil roulant qui apparaît stigmatisant».

Dans ses ateliers de Billy-lès- Chanceaux, au centre de la Côte-d’Or, Benoit Systèmes a produit l’an dernier 1 250 motorisations amovibles pour fauteuils roulants. La société emploie 40 personnes pour un chiffre d’affaires de quatre millions d’euros en 2018. (Journal du Palais)