BASF s’allège grâce à Delair et un nuage

La société toulousaine a mis au service du géant allemand de l’agrochimie sa plateforme cloud delair.ai afin de le soulager dans le traitement des données captées par ses drones.

Le 17 mars, la société toulousaine Delair a annoncé avoir remporté un contrat avec le géant de l’agro-industrie BASF pour le traitement des données de ses drones destinés à l’analyse des champs d’expérimentation. Comme l’explique Thomas Nicholls, le chef du marketing de Delair, « BASF, dans sa recherche, génère beaucoup de données ; le challenge, c’est de transformer ces dernières en une information utile afin que leurs chercheurs sachent quelles plantes fonctionnent le mieux, en analysant par exemple leur niveau de chlorophylle ou la biomasse, mais aussi où elles poussent le plus facilement, où se trouvent les mauvaises herbes, etc. ».

Ce qui représente une masse considérable de données à traiter, sachant que chez l’industriel allemand, « il y a plus d’un millier de projets d’expérimentation par an partout dans le monde » ; ce à quoi il faut ajouter que les « drones qu’ils utilisent ne sont pas ceux qu’on peut acheter à la Fnac ! Ce sont des modèles équipés de capteurs multispectraux » et dont les données demandent donc une interprétation complexe…

Une tâche pour laquelle la solution de Delair fera appel à l’intelligence artificielle et au machine learning, et qui demandera bien évidemment des capacités de stockage et de traitement très importants. Trop importants ? Sans surprise, Thomas Nicholls se veut rassurant : « nous avons la capacité suffisante, ainsi que celle de monter en charge au besoin; même s’il est vrai qu’avoir à gérer tous ces flux de données n’a rien d’évident, nous avons beaucoup d’ingénieurs qui travaillent dessus ! » Une fois envoyées sur la plateforme cloud delair.ai, les informations vont permettre de « créer des jumeaux numériques de ces plantes » mais aussi « d’uniformiser la recherche de BASF à travers les différents pays en donnant une même approche d’analyse des données, puis en les agrégeant autour de chaque plante que l’entreprise souhaite étudier ».

Le montant du contrat et sa durée n’ont pas été révélés, mais se monte selon Thomas Nicholls « à plusieurs centaines de milliers d’euros. Ce n’est pas forcément le plus gros contrat que nous ayons passé, mais il fait partie des plus importants ! » pour Delair.

En effet, la société toulousaine, qui compte 140 salariés, s’adresse « à toutes les industries et travaille en particulier avec l’agriculture « qui est l’un des plus gros clients », les mines et carrières, et la surveillance des infrastructures industrielles comme les plateformes pétrolières ou celles d’Enedis et de la SNCF. Quant au chiffre d’affaires que réalise Delair, là aussi, Thomas Nicholls préférera garder le silence « car nous sommes en pleine levée de fonds » ; tout juste saura-t-on qu’en 2018, le CA de l’entreprise toulousaine se montait à 4,2 M€. Concernant les fonds recherchés, « nous cherchons plus de 10 M€ pour clôturer un deuxième tour ; ils serviront à la R & D, plus particulièrement pour développer la partie log ciel et traitement des données ».

En effet, « Delair étant historiquement une société de fabrication de drones, cette activité est devenue plus ou moins rentable aujourd’hui et sa croissance est douce, du fait de l’évolution de la législation » ; aussi, « là où on investit beaucoup, c’est dans la partie du traitement des données, où l’on se dirige vers plus d’algorithmes et de machine learning, ainsi que le développement de nouvelles applications pour les différentes industries ». En attendant, le contrat de BASF représente une aubaine pour Delair, « car dès que l’on travaille avec une marque connue, non seulement cela représente une validation, mais en plus, depuis que l’on a fait l’annonce de ce contrat, on a vu arriver pas mal d’e-mails de sociétés dans l’industrie » intéressées ! Et ce, même malgré le coup d’arrêt sur l’économie qu’a représenté ces dernières semaines l’épidémie de coronavirus : à en croire Thomas Nicholls, « il y a beaucoup de gros dossiers, à la fois en chiffre d’affaires et en volume, qui se présentent en ce moment… ne reste plus qu’à savoir quand on va accélérer de nouveau ! » Un retour à la normale auquel Delair participe à sa manière, puisqu’elle a offert tous les masques de son atelier de production de Rangueil.

Thomas Nicholls, chef du marketing chez Delair.