Une longue série de données phénologiques en Europe prouve l’impact du changement climatique sur les vignobles.
Une nouvelle étude portant sur 664 années de bans de vendanges (date d’autorisation administrative de départ de la récolte du raisin) à Beaune dévoile jusqu’à quel point le changement climatique affecte les vignobles. Selon ce rapport – qui constitue la série continue la plus longue de données phénologiques (*) en Europe – les années chaudes et sèches sont devenues la règle après 1988. Depuis l’été de 2003, huit des 16 dernières périodes de printemps-été sont classées comme « extrêmement chaudes » dont cinq sur les huit dernières années. D’ailleurs, la température entre avril et juin a atteint un niveau maximum l’année dernière. « Ce qui est très bien dans cette étude c’est que ça rend l’impact du réchauffement climatique très clairement visible sur une seule série, explique Thomas Labbé, responsable pour la recherche des bans des vendanges de Beaune et un des auteurs du rapport. Ça confirme ce qu’on sait : que la température augmente, que ça a un impact sur le développement de la vigne et qu’on a des bans des vendanges qui sont de plus en plus précoces depuis au moins le milieu du XIVe siècle ».
DIFFÉRENCE CLAIRE
Les constatations mettent en valeur une réalité inquiétante bien que cela ne soit pas nouveau. Néanmoins c’est une « bonne surprise » entre guillemets pour Thomas Labbé et l’équipe de chercheurs car leur but principal était de retravailler la série erronée de bans des vendanges de Dijon. La série de Dijon est plus connue que celle de Beaune mais elle est pleine d’incohérences, comprenant des erreurs qui vont de la mauvaise impression des documents au manque d’homogénéité dans les résultats. Les données de Beaune viennent directement des archives, revérifiées dans le contexte des preuves narratives et de la série de températures de Paris. Les données de Beaune montrent une claire différence entre l’époque avant et après le réchauffement climatique rapide en 1988. Depuis cette transition, on constate que les raisins sont cueillis en moyenne 13 jours plus tôt qu’auparavant à cause du changement climatique. « La vigne survit à moins qu’on monte de cinq degrés et pour l’instant on n’en est pas encore là, conclut Thomas Labbé. Mais si les choses continuent de la sorte, il faudra évidemment s’inquiéter ».
(*) La phénologie est la science qui traite des influences climatiques sur le développement saisonnier des plantes.