Avize Viti-Campus : dynamique centenaire

Un centenaire dignement fêté au printemps 2019.

Cela fait un siècle, qu’à l’initiative des époux Puisard, l’école de viticulture d’Avize, aujourd’hui dénommée Avize Viti-Campus, a pour mission de former les vignerons champenois. L’établissement reste fidèle à cet objectif tout en évoluant pour répondre aux nécessités des temps.

«À travers l’enseignement – production de raisin, champagnisation, commercialisation – on valorise le produit final ». Ainsi définies par Jean-Luc Prost, directeur de l’établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole, aujourd’hui dénommé Avize Viti-Campus, les choses sont claires et la vocation du « lycée d’Avize » largement précisée, s’il le fallait davantage, étant entendu que sa réputation d’excellence est établie depuis longtemps.

UN BUDGET DE 6 M

Aujourd’hui, Avize Viti-Campus dépend du ministère de l’Agriculture pour toute sa partie pédagogique, et de la région Grand Est pour ses bâtiments. Il se compose d’un lycée (qui va du collège aux BTS) comptant environ 300 élèves, d’un Centre de Formation des Apprentis (250 apprentis), d’un Centre de formation professionnel et promotion agricole qui voit passer 1 200 adultes par an. Sans oublier un domaine viticole de 10 hectares, avec sa propre marque de champagne : Sanger.

Pour « faire tourner » l’ensemble – c’est-à-dire mettre en œuvre la politique officielle du ministère et former les acteurs de la filière champenoise en répondant à ses évolutions et aux besoins des professionnels – Jean-Luc Prost peut s’appuyer sur 150 collaborateurs (fonctionnaires d’Etat, fonctionnaires de la Région, agents contractuels de droit public et de droit privé, plus quelques contrats aidés) et dispose d’un budget d’environ 6 M€.

ÉVOLUTION PERMANENTE

« Au cours de son histoire, bien des membres de l’école se sont mobilisés pour elle, explique le directeur. Il s’est d’abord agi de transmettre les savoir-faire : apprendre à greffer, puis à tailler. Apprendre aussi la vannerie à l’époque où l’on utilisait encore des paniers en osier… ». C’est ainsi qu’en 1952 seize anciens élèves lui donnent un nouvel essor à travers la vinification. Alors qu’il n’y avait que du chardonnay à Avize, ils livrent les trois cépages majeurs de la Champagne pour enseigner l’assemblage. À cette occasion sont créées la « Coopérative des anciens élèves de l’école de viticulture d’Avize » et la marque Sanger. Au XXIe siècle, Avize Viti-Campus épouse plus que jamais son époque. Jean-Luc Prost : « Nous faisons évoluer en permanence nos parcours de formation selon les besoins des professionnels et de la société ». La gestion de l’eau et la protection de cette ressource, l’adaptation au dérèglement climatique et à ses conséquences, la prise en compte de pratiques culturales respectueuses de l’environnement (conformément aux objectifs de zéro herbicide en 2025 et 100 % des exploitations certifiées viticulture durable en 2030), par exemple, sont autant d’enjeux au cœur des apprentissages de l’établissement, qui se font sur le terrain et sur-mesure. Avize Viti-Campus accompagne aussi les évolutions technologiques et, avec le soutien de la Région, a testé et fait évoluer le premier tracteur électrique apte à intervenir sur de fortes déclivités.

Enfin, l’appréhension du produit et de la région Champagne fait aussi l’objet d’une attention nouvelle à travers l’enseignement des langues, de l’accueil et d’un savoir-être général. C’est à juste titre que Jean-Luc Prost peut souligner « l’ouverture d’Avize Viti-Campus aux pratiques de valorisation du champagne et de la Champagne ». Mais, après tout, n’est-ce pas la caractéristique fondamentale d’un établissement dont la modernité embrasse déjà un siècle entier ?

Des époux visionnaires

À l’heure où l’on célèbre le centenaire d’Avize Viti-Campus, sans doute faut-il en premier lieu rendre hommage à Jules Arthur et Louise Eugénie Puisard, époux visionnaires, dont le legs a permis la création de l’école.
Jules Arthur Puisard, négociant, est décédé le 28 octobre 1913, son épouse étant son exécuteur testamentaire. Le couple n’ayant pas d’enfant, Jules Arthur avait légué sa propriété d’Avize à la mairie, accompagné d’une somme rondelette, à charge pour elle de constituer une école qui enseignerait la technique du greffage – l’une des solutions majeures pour reconstituer le vignoble après la crise du phylloxéra, dont il avait vécu les ravages. Dans son propre testament*, établi le 4 décembre 1919, quelques mois avant son décès (18 avril 1920), Louise Eugénie – après le refus du legs initial par la mairie d’Avize – fait don de plusieurs biens immobiliers au Conseil général de la Marne, et l’accompagne, selon la volonté de son époux, d’une somme de 400 000 francs, pour la création d’une école de viticulture. Il faudra cependant quelques années pour en concrétiser la réalisation et la première promotion fera son entrée à l’école le 3 novembre 1927, pour en sortir… à peine quatre mois plus tard, en février 1928.

C’est sur la base du testament de Louise Eugénie, rédigé en 1919 donc, que l’on fonde le centenaire de l’école, et que celui-ci a été célébré au printemps, avec un peu d’avance certes, mais avec cette anticipation naturelle qui est l’une des spécificités d’Avize Viti-Campus.

*On notera pour l’anecdote, que le(s) testament(s) des époux Puisard précisai(en)t que les membres de l’école devraient fleurir leurs tombes, au cimetière de Cramant, à Pâques et à la Toussaint – ce qui est toujours scrupuleusement fait -, tandis que la mairie de Cramant (installée dans une demeure leur appartenant et qu’ils lui ont également léguée) aurait à charge d’entretenir les tombes – c’est , bien entendu, toujours le cas.

Jean-Luc Prost, directeur d’Avize Viti-Campus.