Avis de grand calme pour la Banque populaire occitane

Alain Condaminas, directeur général de la BPO, et Catherine Mallet, sa présidente. (Photo: Simon Casteran)

La banque a présenté fin avril des résultats financiers stables, notamment portés par la croissance des crédits aux entreprises et aux particuliers.

Une banque peut-elle être « attachante » ? « Selon une étude, et en caricaturant un peu, les Français n’aiment pas les banques, mais ils aiment bien leur banque et leur banquier », professe en tout cas Alain Condaminas, le directeur général de Banque Populaire Occitane. Depuis la crise financière de 2007-2008, la relation serait même « au plus haut depuis 10 ans » ; tandis qu’à ses côtés, la présidente de BPO, Catherine Mallet a noté à son tour que « l’environnement bancaire est malmené depuis quelques années dans son image, alors que nous sommes très proches des territoires et des gens ».
Et de souligner par exemple que « 100 % de nos résultats sont investis dans les territoires, avec une très faible distribution sous forme de dividendes, puisque la rémunération des sociétaires n’est que de 1,5 % de la part sociale. Ça reste très limité par rapport à d’autres banques », explique la directrice financière du groupe Actia qui a pris, il y a un an, la présidence de BPO. Laquelle, bien évidemment, considère la Banque Populaire Occitane comme « attachante » et se dit prête à la promouvoir, en particulier dans « son action sociétale et environnementale ».

Côté résultats financiers, les deux responsables, qui ont accueilli la presse le 24 avril à leur siège de Balma quelques heures avant l’assemblée générale qui réunirait 300 sociétaires à Montauban, « les résultats commerciaux de 2018 sont solides, avec des parts de marché qui restent conséquentes », se félicite Alain Condaminas. Et notamment des « 2,4 Mds€ de crédits, ce qui est une très forte performance, et qui ont servi à financer 47 000 projets de particuliers ou d’entreprises » pour atteindre un encours total de 11,7 Mds€ (+ 3,5 %). Ce qui, note la BPO, est dû principalement aux crédits à l’équipement (1,1 Md€) et aux crédits immobiliers (1Md€) ; les prêts personnels se montant, eux, à 244 M€.

Et la croissance promet de se poursuivre cette année, puisqu’au premier trimestre, « nous avons débloqué 650 M€ de crédits, soit 20 % de plus par rapport à la même date en 2018 ». De plus, cette capacité de prêt devrait être encore accrue par le fait que la banque a été choisie par le Fonds européen d’investissement (FEI) et le Conseil régional pour administrer pendant trois ans une enveloppe de crédits de 233 M€ au titre des fonds Foster, à destination des entreprises, des TPE et du monde agricole. Auquel il faut ajouter le lancement d’une agence dédiée aux start-up et aux entreprises en croissance – une centaine faisant déjà partie de son portefeuille – dont Alain Condaminas espère beaucoup, car si « on ne fait pas beaucoup de bruit, nous sommes déjà présents dans les incubateurs de la région ».

Quant aux assurances, elles ont aussi « bien progressé pour représenter, à la fin décembre, 4,4 Mds€ pour l’assurance-vie, et en assurance non-vie, nous assurons 80 000 particuliers pour la prévoyance, leur voiture ou leur habitation ». Ce qui, selon le directeur général de BPO, « montre bien que nous sommes une banque et un assureur incontournable dans la région » – l’établissement revendiquant par exemple « entre 60 et 65 % des entreprises du territoire clientes chez Banque Populaire Occitane, soit un taux de pénétration des plus élevés » dans le monde économique local. En outre, 235 M€ d’épargne ont été collectés l’année dernière, soit une hausse de 3,2 % qui a permis d’atteindre 10,6 Mds€ de dépôts. Au total, BPO a réalisé l’année dernière un bilan de 15,6 Mds€, avec une marge de 180,2 M€.

INQUIÉTUDE POUR ATB

Ce qui, malgré qu’elle soit en baisse de 6,2 % par rapport à 2017, fait dire à Alain Condaminas que les résultats financiers « sont stables, ce qui est déjà un exploit vu la baisse des taux d’intérêt. Mais nous nous maintenons grâce à un coût du risque assez bas » ; tellement bas d’ailleurs que le directeur général de BPO confesse n’avoir « jamais vu un coût du risque aussi bas en 40 ans de carrière ». Quant à la question d’une éventuelle remontée des taux par la Banque centrale européenne (BCE), le dirigeant n’y croit pas : « la BCE avait dit qu’elle remonterait ses taux fin 2019 ; or, aujourd’hui, l’économie de la zone euro commence à baisser. Donc, une remontée des taux accentuerait ce phénomène de baisse ». Ce qui explique, selon Alain Condaminas, que la banque européenne ne s’engage pas à remonter ses taux à une date donnée.

En revanche, un sujet qui, de son propre aveu, l’inquiète beaucoup plus est « l’avenir de l’aéroport de Toulouse-Blagnac » — dossier qui le concerne d’autant plus que la Banque Populaire Occitane fait partie d’un consortium formé de la Caisse d’épargne, Natixis et Ardian qui souhaite racheter les parts de l’actionnaire chinois Casil Europe. Car la récente annulation, par la cour administrative d’appel de Paris, le 16 avril, de la privatisation de la plateforme aéroportuaire, en plus des hésitations de Casil Europe à vendre finalement ses parts, a semé le trouble dans le monde politique et économique local. « On ne sait même pas s’il y a encore quelque chose à vendre ! », tonne Alain Condaminas, qui prédit « une galère pendant des années. Je crains que pendant longtemps, on ne sache plus qui est actionnaire de l’aéroport, et que cela bloque donc les investissements ». Aussi, même si « il paraît que notre consortium fait partie des deux finalistes », « nous ne mettrons les doigts dans cette opération que s’il n’y a plus de flou. On attendait une réponse début avril, mais à cause de la procédure devant le tribunal, cela a tout retardé ». Et il est à croire que le suspense durera encore longtemps…