Le cluster organisait la semaine dernière sa première journée de rencontres professionnelles au B612.
Depuis sa création en 2012, Robotics Place, le cluster régional de la robotique, a bien grandi. 80 entreprises membres en Occitanie, 4 500 emplois directs pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 300 M€… Alors certes, « cela ne pèse encore pas beaucoup, mais c’est une thématique qui générera beaucoup d’emplois dès demain », rappelle Laurent Latorse, le président de Robotics Place et d’Airod Technologies. Lequel affiche un silence entendu et goguenard à propos de l’emploi industriel « de demain, à part dans la robotique et l’intelligence artificielle… »
Manière aussi d’adresser un appel du pied, mi-drôle mi-sérieux, aux financeurs du cluster, dont la Région Occitanie, qui l’a soutenu dès le départ à hauteur de 25 K€ et représentée par Nadia Pellefigue ; vice-présidente en charge de l’innovation, celle- ci était présente ainsi que Bertrand Serp, le vice-président de Toulouse Métropole chargé du numérique, à l’oc- casion du premier Robotics Place « Day » organisé le 20 novembre dans le hall du bâtiment B612 de Montaudran Aerospace. L’occasion pour une cinquantaine de membres du cluster de présenter leurs innovations et de rencontrer leurs clients à travers des stands, mais aussi de populariser leur activité « auprès des lycéens et en particulier des lycéennes, a souligné Nadia Pellefigue, car j’espère qu’elles seront nombreuses à intégrer ces métiers en forte croissance. Car nous avons besoin de femmes et d’hommes formés et capables d’épouser ces filières » L’élue de la Région a en outre rappelé « l’opiniâtreté de Laurent Latorse qui a dû convaincre du bien-fondé de ce projet en 2012 : rassembler les acteurs de la robotique et des drones ». À l’époque, et par la suite, « le cluster a manqué un peu de reconnaissance, car il était un petit peu en avance sur son temps », observe Bertrand Serp ; puis l’idée, et le modèle, ont essaimé : deux ans plus tard est né Aquitaine Robotics, et « seulement en 2016, la région Ile-de-France s’est dotée d’un cluster de même nature », indique à son tour Nadia Pellefigue.
L’INDUSTRIE DE DEMAIN
Pour Laurent Latorse, « il est vrai qu’on a inspiré d’autres clusters de robotique dans les régions, et nous avons créé la Fédération française des clusters de robotique (FFCR) ». Robotics Place fait même désormais partie d’un réseau mondial qui, depuis 2017, réunit cinq clusters venus de France, de Chine, de Corée du Sud et des États-Unis. Signe, selon le fondateur de Robotics Place, de l’intérêt de la « coopétition » – autre nom du « chasser en meute » cher au président de la CCI de région, Alain Di Crescenzo – par laquelle des entreprises d’un même secteur nouent des alliances de circonstance pour remporter des contrats.
Une solidité qui leur permet de séduire des grands comptes français comme Véolia, qui a été intéressé par un prototype de robot de nettoyage des canalisations dans le cadre d’un appel d’offres de Toulouse Métropole – pour lequel, hélas, Suez aura été préféré à son concurrent. Plus récemment, le cluster a été aussi approché par l’aéroport de Singapour pour l’automatisation d’un certain nombre de tâches pour la réception des avions à leur arrivée, en remplacement des personnels humains qui n’ont pas le droit de sortir sur le tarmac lors des orages de la mousson. Depuis deux ans, ce sont ainsi 20 projets qui ont été menés en « coopétition ».
Bien entendu, Robotics Place entend jouer toute sa partition dans le domaine des transports intelligents et de « la ville agile » – thèmes cette fois chéris de Bertrand Serp – qui, pour sa part, a rappelé que le cluster, tout comme cette journée, était l’occasion « de mettre tout le monde autour de la table, institutionnels comme PME, TPE, start-up et grands groupes, car il faut bien trouver des solutions » nouvelles pour la mobilité, puisque en 2030, la métropole devra répondre aux besoins de « 100 000 déplacements par jour » ! Une « priorité » que la métropole toulousaine, par la voix de Bertrand Serp, revendique aussi avoir comprise très tôt avec l’aménagement de l’ancienne base aéronautique de Francazal afin d’y installer et développer « toutes les innovations en matière de mobilité du futur », qu’il s’agisse de l’américain Hyperloop ou des démonstrateurs locaux…
Enfin, le développement de la robotique dans la région, ainsi qu’en France, semble d’autant plus nécessaire que, selon Laurent Latorse, « nous sommes encore petits face à l’Allemagne et l’Italie » dont les industries sont déjà beaucoup plus robotisées qu’en France, même si dans notre pays, « nous avons apparemment compris depuis qu’on était en retard, et que nous n’avions pas le choix : il faut robotiser notre production ». Et ceci, conclut Laurent Latorse, avec la promesse que « les robots ne sont pas là pour prendre des emplois » aux ouvriers humains, « mais pour leur éviter les troubles musculo-squelettiques et diminuer les risques de développer des maladies de longue durée ». Parole de convaincu !