Avec “Demain”, le futur de Dijon Céréales se dessine maintenant

Christophe Richardot, directeur général de Dijon Céréales.

Sujet à de nombreux vents contraires (dérèglement climatique, tendance lourde aux prix bas imposée par des marchés mondialisés, décisions politiques contraignantes…), mais aussi porté par de nouveaux alizés pleins de promesses (attentes sociétales renforcées sur le bio et le local, méthanisation, agrivoltaïsme), le groupe Dijon Céréales lance un plan d’adaptation, d’économie et de développement baptisé “Demain” visant à pérenniser, réinventer et développer l’agriculture en Bourgogne Franche-Comté sur un horizon de cinq à dix ans.

Baptisé « Demain » pour développement, économie, mutualisation, adaptation, innovation et nouvelle génération, le plan stratégique prospectif, initié dès juin, par le conseil d’administration, les équipes de direction du groupe coopératif côte-d’orien Dijon Céréales, membre de l’Alliance BFC (Dijon Céréales, Bourgogne du Sud, Terre Comtoise) se veut la suite logique d’une première phase de réorganisation générale, initiée au sein du groupe Dijon Céréales depuis deux ans et qui a porté ses fruits notamment dans le secteur des boulangeries et de la meunerie. « Cette phase amont de repositionnement du groupe, de redéfinition des priorités et de réaffirmation des valeurs fondatrices, permet d’entrer aujourd’hui dans une dynamique de projection et d’action », explique Christophe Richardot, directeur général de Dijon Céréales. Un second volet, qui a pour double toile de fond un contexte climatique et politique de plus en plus compliqué pour les agriculteurs et une crise sanitaire aussi imprévue qu’impactante. « Avec un rendement en baisse de 15 % (800.000 tonnes récoltées), la moisson 2020 – une des plus basses que nous ayons connue – illustre encore une fois les dégâts liés au changement climatique et à la pression des insectes ravageurs. Avec trois sécheresses de suites, ces dérèglements météorologiques sont devenus structurelles et non plus conjoncturelles. Cela nous oblige à revoir nos process de production. Une nécessaire réinvention qui se conjugue également avec une demande exprimée par les citoyens d’une agriculture plus verte, bio et locale, ayant moins recours aux intrants, mais avec de nouvelles habitudes alimentaires qui se traduisent par une consommation de viande en baisse. Sur le secteur de notre coopérative, la crise est amplifiée pour un grand nombre d’exploitations disposant de terres à faible potentiel, grandes cultures et élevage sont ainsi en souffrance. À cela s’ajoute, des “règles du jeu” politiques comme la loi de séparation du conseil et de la vente sur les produits phytosanitaires programmée pour janvier prochain, la nouvelle PAC, et autre Green Deal qui malmènent nos modèles de rentabilité économique », complète le directeur général.

UNE DYNAMIQUE POSITIVE, DANS UN CONTEXTE COMPLIQUÉ

À la hauteur du changement qui doit être amorcé pour maintenir et développer l’agriculture en région Bourgogne Franche-Comté, le plan Demain, entend porter une dynamique positive pour la coopérative et ses agriculteurs, transformer les nouvelles tendances en opportunités. « Nous souhaitons ainsi tirer parti des vents porteurs que sont les attentes sociétales renforcées sur le bio et le local, les potentiels offerts par la transition énergétique comme sources de complément d’activité (méthanisation, agrivoltaïsme), la diversification des productions animales (parvenir à l’autosuffisance protéique pour l’élevage laitier de BFC) et végétales (cultivars adaptés au changement climatique, résistants aux maladies. production exotiques plantes médicinales, fruitiers…) : nous ne nous interdisons aucune piste, nous avançons l’esprit ouvert », ajoute Christophe Richardot, soutenu en cela par le résultat d’un sondage réalisé auprès de l’ensemble des collaborateurs du groupe indiquant que 93 % de ces derniers estiment que leur métier devait s’adapter dans les années à venir.

Mi-septembre, les groupes de travail (une centaine de collaborateurs impliqués dans plus de 80 rendez-vous d’échanges) ont rendu leur première copie. Les actions majeures à mener ont été identifiées, au nombre de huit : économies de frais généraux ; nouvelle approche du recrutement, adaptation au nouveaux métiers et montée en compétence des futurs cadres (formation en cours de 13 jeunes cadres) ; prégnance du digital sur les métiers concrétisée par la mise en route prochaine du e-commerce (outil de bourse aux graines…) ou l’accélération de la dématérialisation, de la gestion des données (passage de deux data scientist actuellement à cinq) ; optimisation de la logistique et des infrastructures tout en préservant la proximité du terrain ; accompagnement à la haute-valeur environnementale des exploitations ; offres de services densifiées en lien avec les besoins des exploitations, accompagnement spécifique des jeunes adhérents ; accélération de la R&D en agronomie, et autour de la question de la gestion de l’eau pour faire face au changement climatique ; développement des nouvelles filières de production et nouvelles cultures, créer ou capter des marchés de niches ; contribution à la transition énergétique… Pour exemple, le projet d’unité de méthanisation « Sécalia en Pays Châtillonnais » rassemble déjà 150 adhérents pour plus de 5.000 hectares contractualisés. Il entre aujourd’hui dans sa phase active de déploiement opérationnel.

La mutation de Dijon Céréales s’appuie également sur un plan de départ volontaire (dans le cadre d’un accord de rupture conventionnelle collective conclu avec le Comité social d’entreprise) qui se met en place au sein de la coopérative. « Il s’agit d’adapter les besoins en personnel de la coop au vu des échéances à venir, en accompagnant de façon individuelle des projets personnels d’évolution professionnelle ou de fin de carrière. Une cellule dédiée, pilotée par la DRH, se met en place pour identifier les candidats et réussir cette transition personnelle et collective », développe le directeur général.

Janvier 2021 marquera la mise en application de ce vaste plan de transformation du groupe et de l’ensemble de ses filiales sur un horizon de cinq à dix ans.

Autosuffisance protéique

Le plan stratégique Demain s’inscrit dans la dynamique de l’alliance BFC et du développement futur de l’agriculture en Bourgogne Franche-Comté. Il accompagne les grands projets des trois coopératives régionales : Dijon Céréales, Coopérative Bourgogne Sud et Terre Comtoise autour de la diversification des exploitations et l’ouverture de nouveaux champs de productions. Profilait, récemment agrée par France Agrimer et dont l’Alliance BFC est chef de file, illustre parfaitement cette ambition de développement régional. Ce plan d’action vise l’autosuffisance protéique de la filière lait (conventionnelle et AOP) tout en apportant de nouvelles opportunités agronomiques et économiques à la filière grandes cultures.