Aurélie Devail : l’opticienne qu’on voit venir de loin

Dans la Nièvre, l’opticienne qui bouge Aurélie Devail vient de se lancer et diversifie l’économie des villages

Assisterait-on à un retour du médecin de famille se rendant au chevet de ses malades ? Alors que la désertification médicale et l’accès aux soins sont des sujets on ne peut plus préoccupants pour les politiques publiques, Aurélie Devail, 33 ans, opticienne diplômée depuis 11 ans a décidé de quitter le confort du salariat d’un fond de commerce neversois pour la vie d’une entrepreneuse qui cumule boutique à Saint-Saulge (738 habitants à 35 kilomètres de Nevers) et pratique ambulante aux domiciles de ses clients.

Si le concept n’est pas tout neuf – puisque la marque l’Opticien qui bouge été fondée en 2013 par un opticien de Toulouse, Gwenaël Merlio et qu’elle a remporté le trophée de la meilleure innovation « Santé / E-santé » SilverEco 2018 – Aurélie Devail, installée depuis trois mois, est en revanche la première franchisée de Bourgogne Franche-Comté. Cette mère de famille, épouse d’un exploitant agricole n’y a vu que des avantages : « Je vis à 45 kilomètres de Nevers, entre la ferme et l’école, j’y ai d’abord vu un aspect pratique. »

MÊME SERVICES ET GAIN DE TEMPS

Plusieurs fois par semaine, Aurélie alterne donc entre sa boutique et ses visites à domicile sur l’ensemble du département de la Nièvre. Au programme les mêmes prestations qu’un opticien traditionnel : contrôle de la vision, réalisation des équipements, livraison et tout cela : « sans frais supplémentaires, dans les mêmes conditions de prise en charge qu’un commerce traditionnel », à savoir, tiers-payant, paires offertes etc. Pour Laurent Souverain, 50 ans, agriculteur installé en périphérie de Nevers : « C’est un gain de temps. Je passe mon temps sur mon exploitation. Si elle n’était pas venue, je n’y serais sans doute pas allé et d’ajouter en souriant : même mon coiffeur vient à domicile ! ».

Auparavant assimilé à du colportage et donc interdite, l’optique à domicile semble bien ouvrir de nouvelles opportunités économiques pour les zones rurales : « Si je n’avais pas pu offrir un service à domicile, conclut d’ailleurs Aurélie, je n’aurais pas ouvert ma boutique à Saint-Saulge et je ne me serais jamais mise à mon compte ! ».