Au fil de l’eau

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Guillaume Valladeau est le cofondateur de VorteX.io, qui développe une petite station connectée qui permet de suivre l’évolution d’un cours d’eau.

Océanographes de métier, Jean-Christophe Poisson et Guillaume Valladeau étudient d’ordinaire la hauteur du niveau des mers au sein de l’entreprise CLS, filiale du Centre national d’études spatiales (Cnes). Et ce, grâce à l’altimétrie satellitaire, une technique dont les deux fondateurs de VorteX.io se sont inspirés pour analyser « l’hydrologie continentale plutôt que les océans » ; en d’autres termes, les fleuves et les rivières, dont le débit en période automnale ou printanière peuvent brusquement varier, et créer des inondations. C’est pourquoi les deux hommes ont imaginé un instrument fonctionnant sur le même principe – « mais qui, lui, fait 500 g au lieu de 500 kg ! » – de la taille d’une boîte d’allumettes à un petit pot de fleurs, qui peut être installé, par exemple, sous un pont. Autonome en énergie, grâce à une batterie couplée à un panneau solaire, la « micro-station » envoie des données en temps réel avec une grande précision, « puisqu’elle est capable de contrôler sept points de mesure à la seconde » pour renseigner sur le débit du cours d’eau, ou même sur sa température. Surtout, contrairement aux altimètres embarqués sur les satellites, leur système « minimise les investissements pour les collectivités » grâce à son coût réduit, d’autant que ces dernières ou des associations de riverains « peuvent s’abonner au mois, sans engagement, pendant les périodes de crues ».

Pour une station, le forfait inclut « l’installation du matériel et sa maintenance, une fourniture de données minute par minute à travers un service web, et le système d’alerte en cas de crue ou de dépassement d’un seuil » ; un coût qui, divisé entre les utilisateurs, ne revient en moyenne pas plus cher qu’un « forfait internet », assure Guillaume Valladeau. Le produit a été développé avec, en tête, « les 13 000 cours d’eau qui représentent un risque d’inondation en France, et qui ne sont pas équipés en station de mesure » ; les deux fondateurs de VorteX.io ont également été retenus pour un marché d’un nouveau type, à savoir la mesure des niveaux dans les « cheminées d’équilibre des centrales hydroélectriques de nouvelle génération ». La start-up, sélectionnée il y a peu par l’incubateur régional Nubbo, travaille avec des acteurs institutionnels comme des agences spatiales, ainsi que des entreprises et des collectivités. « Dans le futur, nous envisageons de nous positionner sur le marché de la prévention des inondations en mêlant des technologies complémentaires ». Une fois la version industrielle réalisée, VorteX.io compte déployer sa solution au premier trimestre 2020, et envisage un chiffre d’affaires de 150 K€ à la fin de l’année prochaine.